Happy Birthday : |
Ni usé, ni blasé, Roger Federer , qui court toujours à 33 ans, a débuté lundi par une victoire l'Open d'Australie à Melbourne, avec un dix-huitième titre majeur dans le viseur pour affoler davantage les records du tennis.
Le joueur le plus titré de l'histoire en Grand Chelem a conquis pour la première fois la Coupe Davis fin 2014, au terme d'une belle saison où il a failli détrôner Novak Djokovic et le battre en finale à Wimbledon.
Cette dynamique s'est prolongée en début d'année avec un succès dès son premier tournoi, à Brisbane, où il a renvoyé à leurs études Grigor Dimitrov et Milos Raonic , présentés à 23 et 24 ans comme de futures terreurs du circuit.
Ce 83e titre du Suisse, né à Bâle le 8 août 1981, et sa victoire lundi contre le Taïwanais Lu Yen-Hsun, lui ont permis de passer la barre symbolique des mille victoires (1001), que seuls Jimmy Connors (1253) et Ivan Lendl (1071) ont franchi avant lui.
Jamais rassasié, le joueur resté le plus longtemps au sommet mondial (302 semaines) espère défier encore le temps jusqu'en 2016 pour, peut-être, gagner la médaille d'or olympique en simple, le dernier grand titre manquant encore à son palmarès.
Où trouve-t-il les ressources pour durer aussi longtemps? "Je ne pense pas que Federer soit obsédé par les records. C'est plutôt une conséquence positive de son approche du tennis", estime Patrice Dominguez , qui lui avait consacré un ouvrage, intitulé "Le Virtuose", en 2013.
- Haine de la défaite -
"Son jeu très fluide, très musical, fait qu'il est moins abîmé physiquement qu'un Rafael Nadal et qu'il est encore capable de se sublimer", explique l'ancien DTN français.
Un paramètre qui explique ses rares forfaits: seulement trois depuis le début de sa carrière professionnelle, entamée en 1998. A chaque fois, c'était à cause de son dos, qui a failli lui coûter la finale de la Coupe Davis remportée contre la France à Villeneuve d'Ascq.
Arrivé très diminué sur la terre battue nordiste, "Rodgeur" s'était remis d'aplomb à la vitesse grand V pour offrir, avec son compère Stan Wawrinka , un premier Saladier d'argent à son pays.
Pour Dominguez, "c'est quelqu'un qui relativise mieux que les autres" mais aussi "un tueur malgré son apparente décontraction sur les courts".
Moteur aussi de la longévité de Federer: sa haine viscérale de la défaite. On se souvient de ses larmes lors de la finale de l'Open d'Australie 2009 perdue contre Nadal, sa bête noire.
Lorsqu'il était plus jeune, le Bâlois détestait tellement perdre qu'il cassait raquette sur raquette, une image à des années-lumière de celle de superstar distinguée qu'il s'est forgée au fil des années.
Quand il devient champion du monde juniors en 1998, Federer n'est qu'un talent parmi d'autres. La plupart, à l'époque, n'ont jamais confirmé. Lui si, mais à force de patience, contrairement aux autres légendes précoces comme Pete Sampras , Andre Agassi , Bjorn Borg ou encore Nadal à l'heure actuelle.
- Passion intacte -
Il accède aux quarts de finale dès son deuxième tournoi sur le circuit pro. Mais il mettra six ans à monter sur le toit du monde, le 2 février 2004, huit mois après avoir gagné son premier Grand Chelem à Wimbledon.
Ce talent maîtrisé s'accompagne d'une passion pour le jeu qui semble intacte. Tout ce qui touche Federer crée forcément le buzz comme, récemment, cet échange de balles en pleine mer avec l'Australien Lleyton Hewitt .
Ses détracteurs lui reprochent son sens du marketing et un ego démesuré mais le Suisse, par son attachement pour son sport, son "côté sympa" et son sourire, continue de séduire jusque dans les rangs de ses adversaires.
Toni Nadal, l'oncle et entraîneur de "Rafa", a même dit qu'il était "le meilleur joueur de tous les temps". Un statut que ce père de quatre enfants compte bien renforcer à Melbourne.