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© AFP/William West
Jo-Wilfried Tsonga
le 13 janvier 2013 lors d'un entraînement avant l'Open d'Australie à Melbourne
Accusés d'exil fiscal en Suisse, Jo-Wilfried Tsonga et Marion Bartoli , les deux N.1 du tennis français, ont défendu leur cause ce week-end à Melbourne en marge de l'Open d'Australie allant jusqu'à dévoiler le montant de sommes versées au fisc français.
La polémique, ravivée par le contexte économique et le feuilleton Depardieu, est repartie début janvier après la promotion à l'ordre national du mérite de Tsonga, Richard Gasquet , Julien Benneteau et Michaël Llodra, médaillés olympiques l'été dernier à Londres et tous, hormis Llodra, résidents suisses.
Un honneur critiqué par certains qui accusent ces joueurs de ne pas participer à l'effort collectif en temps de crise et ne pas rendre au pays tout ce qu'il leur a apporté en termes de formation et de moyens.
Tsonga a trouvé un premier défenseur en la personne de la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem qui a estimé qu'il y avait "une différence entre les gens qui choisissent d'habiter quelque part, parfois pour mobilité professionnelle", en citant Tsonga, "et puis les citoyens français qui déclarent haut et fort s'exiler fiscalement", en visant l'acteur Gérard Depardieu.
Déjà loin à l'époque, en Chine ou aux Antipodes, pour préparer le premier Grand Chelem de l'année, les joueurs ont profité de l'arrivée des medias français à Melbourne pour se justifier, chiffres à l'appui.
Leur argumentaire repose principalement sur deux éléments. Un: oui, ils résident en Suisse mais payent des impôts conséquents en France. Deux: leur carrière est courte et ils ne bénéficient ni de la sécurité sociale ni d'une retraite et doivent donc s'expatrier pour "se mettre un peu à l'abri".
"Les gens n'ont pas forcément tous les éléments pour juger. Je suis résident en Suisse, mais je donne beaucoup d'argent au fisc français, a ainsi développé Tsonga. Lors de ma dernière déclaration d'impôts en 2011, j'ai payé environ 230.000 euros sur 47 jours de présence en France."
Tous les gains réalisés dans les tournois français comme Roland-Garros, en Coupe Davis et en Fed Cup, mais aussi à travers les contrats de parrainage ou d'image sont en effet imposables en France.
© AFP/Don Emmert
Marion Bartoli
, le 27 août 2012 à New York
Marion Bartoli a ainsi payé "100.000 euros d'impôts sur deux semaines à Roland-Garros et une à Strasbourg". "C'est quand-même assez important pour 21 jours en France", a estimé la N.11 mondiale.
"C'est normal que les gens se posent des questions mais on a des carrières extrêmement courtes et pas de sécurité sociale ni retraite, a-t-elle ajouté. Quand je passe des examens médicaux, je paye tout à 100%. Il faut bien que je me mette un peu à l'abri pour pouvoir vivre à 65 ans."
Le même argument avait été développé le 19 juin par les anciens champions Yannick Noah et de Guy Forget lors de leur audition au Sénat par une commission d'enquête sur l'évasion fiscale.
"Ils sont perçus comme des joueurs qui fuient mais ce n'est pas le cas. Dans leur esprit, ce n'est pas une évasion fiscale", avait alors martelé Forget.
Les joueurs disent que leur choix de s'installer en Suisse répond d'abord à une inquiétude, inhérente à une carrière incertaine qui peut péricliter voire s'interrompre du jour au lendemain.
"Il y a bien sûr la peur du manque dans cette démarche. On a tout sacrifié pour le tennis, a expliqué Tsonga. On n'est pas des joueurs de foot ou de basket, on n'est pas salariés d'un club, mais on est entrepreneur."
Une fois leur avenir à peu près assuré, certains font ainsi le choix de revenir en France, comme Llodra, un cas rare cependant.
Ceux qui restent à l'étranger ont malgré tout l'impression, à l'image de Tsonga, "d'être plutôt positif pour mon pays et de bien le représenter à l'étranger", tout en ayant "conscience d'être des privilégiés".