Happy Birthday : |
© AFP/PIERRE VERDY
Jean Gachassin, président de la FFT en conférence de presse, le 13 février 2011 à Paris
La Fédération française de tennis (FFT) élit samedi le successeur du président Jean Gachassin, épilogue d'une campagne houleuse et d'une guerre intestine entre dirigeants sur fond d'enquête judiciaire pour des soupçons de malversations et de trafic d'influence.
"Cela arrive enfin!" Les mots sont de Jérémy Botton, directeur général de la deuxième fédération sportive de France - plus d'un million de licenciés - derrière le football.
Le jeune DG, promu il y a un an à peine, exprime ainsi la tension et l'impatience qui règnent à Roland-Garros, siège de la FFT: "Les salariés, comme les bénévoles ont envie de passer à autre chose, qu'une nouvelle équipe dirigeante se mette en place et que l'on continue de travailler dans un contexte plus serein."
Enquête pour des soupçons de trafic de billets, pesant notamment sur son actuel président, règlements de comptes, retard dans la modernisation de Roland-Garros... Telles sont les raisons de cette atmosphère "peu sereine". "Depuis plus d'un an, c'est affreux", a même déploré Jean Gachassin dans les colonnes du journal L?Équipe avec le regret d'avoir annoncé "trop tôt" (mai 2015) qu'il ne briguerait pas de troisième mandat.
En 2009, l'ancien international de rugby, 75 ans, avait été élu au son des casseroles de Christian Bîmes, son prédécesseur, condamné pour prise illégale d'intérêts. Il en repart avec des suspicions pesant sur son intégrité, un bilan mitigé et en ayant "foiré", selon ses termes, sa succession.
Ses lieutenants, Bernard Giudicelli, secrétaire général, et Jean-Pierre Dartevelle, vice-président chargé de la compétition, s'entre-déchirent pour récupérer son fauteuil.
- Pacte de silence -
Le troisième candidat, Alexis Gramblat, un avocat de 38 ans, vice-président du Tennis club de Paris, ne cesse de réclamer leur démission en mettant en exergue leur lien dans l'enquête menée par le parquet national financier sur des faits présumés de trafic de billets de Roland-Garros.
Jean Gachassin est le principal visé dans cette affaire qui toucherait aussi d'ex-joueurs français de Coupe Davis. Il est soupçonné d'avoir cédé illégalement des billets - on parle de 250 à 700 par an - à prix coûtant à un ami, agent de voyage dans son Sud-Ouest natal, qui les aurait revendus au moins cinq fois plus cher.
Il est aussi suspecté de trafic d'influence, dans le cadre du chantier d'extension de Roland-Garros. M. Gachassin nie. MM. Giudicelli et Dartevelle aussi. Tous deux sont soupçonnés d'avoir de leur côté revendu de manière illicite des billets et étouffé les suspicions de malversations pesant sur leur président. Un véritable "pacte du silence" selon l'Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS).
Cinq clubs de tennis ont obtenu de la justice la désignation d'un mandataire pour représenter la FFT dans ce dossier.
- Grands électeurs -
L'enquête aura-t-elle un impact dans les urnes samedi en fin d'après-midi? Rien n'est moins sûr au vu du bilan de la première phase du scrutin, opérée dans les ligues et les comités départementaux pour nommer les 196 délégués qui éliront le nouveau président.
Giudicelli et Dartevelle estiment avoir chacun convaincu une majorité de ces grands électeurs, alors que Gramblat est très loin derrière. "Maintenant, bien malin est celui qui prédira lequel des deux sera élu", souligne une source au sein de la FFT. Car les délégués peuvent changer d'avis d'ici le vote lors de l'assemblée générale.
"Une équipe (menée par Dartevelle) prône plutôt une évolution des choses dans la continuité. L'autre (conduite par Giudicelli) a l'air de prôner plutôt la rupture et des changements plus drastiques", commente Jérémy Botton.
Le futur président aura de grands défis à relever, entre la poursuite du chantier d'extension de Roland-Garros (la justice a rejeté récemment les recours des opposants) et la nécessité de faire émerger de nouveaux champions.
Le tennis français, sous le patronage de Jean Gachassin, n'aura remporté ni Coupe Davis ni Fed Cup et attend toujours un successeur à Yannick Noah , dernier lauréat tricolore d'un tournoi majeur (chez les messieurs), en 1983 à Roland-Garros.