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© AFP/MIGUEL MEDINA
Le président de la fédération française de tennis Jean Gachassin, lors du Master 1000 de Paris, le 1er novembre 2016
L'affaire des billets de Roland-Garros, qui éclabousse la Fédération française de tennis depuis le début de l'année, a pris une nouvelle ampleur jeudi avec la mise en cause de deux des trois candidats à la présidence, accusés d'avoir étouffé les soupçons de malversations pesant sur l'actuel N.1 Jean Gachassin.
Ces éléments ternissent davantage l'image de la FFT sans pour autant a priori remettre en cause l'issue du scrutin, en février.
. "Pacte de silence"?
C'est la formule employée par l'inspection générale de la jeunesse et des sports dans son rapport dévoilé jeudi par Mediapart. Elle vise l'attitude des dirigeants de la 2e plus importante fédération sportive de France (1,1 million de licenciés) derrière son homologue du football.
L'IGJS leur reproche d'avoir dissimulé des faits présumés de revente illégale de billets antérieurs à 2011, visant d'anciens joueurs français "de premier rang" et Jean Gachassin, également soupçonné de trafic d'influence. Et ce, avant même la réélection de ce dernier pour un second mandat en 2013.
L'ex-rugbyman est suspecté de trafic d'influence et d'avoir cédé des billets de Roland-Garros - on parle de 250 à 700 par an - à prix coûtant à un ami, agent de voyage dans son Sud-Ouest natal, qui les aurait revendus au moins cinq fois plus cher.
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Le secrétaire général de la fédération française de tennis Bernard Giudicelli lors de la finale du Master 1000 de Paris, le 6 novembre 2016
Parmi les dirigeants concernés figurent Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, respectivement secrétaire général et vice-président de la Fédération et tous deux candidats à la présidence. Selon le rapport, le but de ce "pacte de silence", incluant une "relative mise à l'écart de Jean Gachassin pour la gestion des dossiers majeurs", était de "protéger les intérêts supérieurs de la Fédération, en évitant tout scandale" après les difficultés connues - déjà - sous le mandat de l'ex-président (Christian Bîmes, condamné pour prise illégale d'intérêt en 2009).
Sur la base d'une dénonciation anonyme en 2015, l'IGJS a mené une enquête puis saisi le parquet national financier. Ce dernier a procédé à des perquisitions en mai au domicile de Jean Gachassin et au siège de la FFT. Par ailleurs, le Canard enchaîné a affirmé fin juin que MM. Giudicelli et Dartevelle sont aussi soupçonnés d'avoir revendu illégalement des billets en tant que, respectivement, président de la Ligue de Corse et de la Ligue de Franche-Comté.
. Que répondent les mis en cause ?
M. Gachassin conteste "avoir été mis sur la touche" et dément "le moindre trafic". Il a expliqué aux rapporteurs avoir cédé des billets en ignorant que le destinataire en faisait commerce.
MM. Dartevelle et Giudicelli nient eux aussi avoir revendu illégalement des billets, sans s'exprimer sur l'existence d'un supposé "pacte de silence".
Dans un mail utilisé dans le rapport de l'IGJS, M. Giudicelli évoque une "amnistie générale des faits constatés" en ajoutant: "Les faits remontent donc à 2010. Ils ont été rectifiés en interne. De plus, concrètement, le seul préjudice subi l'a été par la Fédération car il n'y a eu aucun enrichissement personnel de la part de Jean."
M. Giudicelli assure avoir assaini la billetterie de Roland-Garros en généralisant le billet électronique en 2011. "Avant c'était une poudrière. Cela partait dans tous les sens (...) Il fallait moraliser les choses", avait-il expliqué lors d'une conférence de presse en avril à Paris.
. Quelle influence sur l'élection ?
Alors que le processus de désignation des 196 délégués - ces "grands électeurs" qui choisiront les 32 représentants du conseil supérieur du tennis et les 18 membres du comité exécutif dont le président de la Fédération - est bien avancé, les révélations concernant ces scandales présumés n'auraient que peu d'impact sur le scrutin selon Alexis Gramblat, le troisième candidat à la présidence.
"Giudicelli et Dartevelle sont pour l'instant au coude à coude. Si nous ne parvenons pas à inverser la tendance, cela risque de se jouer entre eux en février", affirme à l'AFP cet avocat de 38 ans, qui se dit "choqué" par le "pacte de silence" présumé.
"Je souhaiterais que le ministère et le gouvernement réagissent, poussent les dirigeants actuels à démissionner et revoient complètement la gouvernance et le mode de scrutin de la Fédération pour permettre à tous les licenciés de s'exprimer même si tout cela est utopique dans l'immédiat", plaide-t-il.