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© AFP/Jeff Pachoud
Nathalie Tauziat
arrivant à la cour d'assises pour le procès de Régis de Camaret le 20 novembre 2012 à Lyon
"Soulagée" par la condamnation pour viol de Régis de Camaret, la Fédération française de tennis (FFT) a promis plus de vigilance samedi pour éviter que "l'horreur" ne se reproduise, et lâché l'ex N.3 mondiale Nathalie Tauziat , une des rares à avoir défendu l'ancien entraîneur.
S'il a justifié le silence de la Fédération jusqu'au verdict vendredi, mais aussi à l'époque des faits, il y a plus de vingt ans, Gilbert Ysern, le directeur général de la FFT, a surtout condamné l'attitude "profondément choquante" de Nathalie Tauziat durant le procès.
Concrètement, l'ancienne N.1 française ne pourra "plus siéger au comité directeur de la fédération". Un geste fort envers l'ancienne finaliste de Wimbledon, qui avait déclaré mardi n'avoir "rien à reprocher à M. de Camaret", ne l'avoir "jamais vu avoir un geste sexuel intentionnel envers qui que ce soit", à rebours de tous les autres témoignages, souvent très lourds.
"Ses propos ont suscité un profond malaise, je ne comprends pas son attitude. Elle n'est pas compatible avec les intérêts de la Fédération", a tranché Ysern.
Mais "on n'est pas là pour faire les malins", a aussi concédé Gilbert Ysern, à l'issue d'un point-presse à Roland-Garros lors duquel il a parfaitement "assumé" le silence de la FFT lors du procès.
"Ce procès n'était pas le nôtre mais celui de femmes courageuses qui demandaient réparation", a-t-il justifié: "Pendant le procès d'un drame d'une telle violence humaine, on ne fait pas de la comm'."
Ce n'est donc qu'après la condamnation de Camaret vendredi à huit ans de prison, pour viols sur deux de ses anciennes pensionnaires mineures, dans son centre d'entraînement, que la FFT a pu se féliciter d'un "acte fort et décisif" et saluer "le courage, la volonté et la dignité de toutes les femmes qui ont apporté leur témoignage au procès".
© AFP/Jeff Pachoud
L'ancien entraîneur Régis de Camaret arrivant à la cour d'assises du Rhône le 20 novembre 2012 à Lyon
Mais cette décision permet aussi à la FFT d'intervenir dans un dossier où on lui surtout reproché son inaction.
Cité comme témoin mardi, Jean-Paul Loth, directeur technique national (DTN) au moments des faits, a reconnu avoir reçu un courrier d'une mère "signalant des faits compromettants au centre" de Saint-Tropez. Une lettre à laquelle il a assuré avoir répondu, en conseillant "le retrait immédiat de la fille et une plainte au procureur".
M. Loth a également rappelé que le tennis-club des Marres où oeuvrait De Camaret était une structure privée, sans lien avec la FFT.
Plus troublant peut-être, cette réunion dans le bureau de l'ancien président de la FFT, Philippe Chatrier , aujourd'hui décédé, à l'initiative d'un collectif de joueuses, et qui n'a débouché sur rien de concret.
"On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu une forme d'alerte, mais elle n'était pas suffisamment violente pour déclencher une procédure", a répondu samedi M. Ysern, mal à l'aise, alors que Jean-Paul Loth s'était glissé dans l'assistance.
Insistant sur la fragilité d'un témoignage à travers une seule lettre, le DG de la FFT a cependant assuré que la Fédération serait "plus réactive aujourd'hui".
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On n'arrivera pas à empêcher les pervers d'exister, mais on a le devoir d'aider les enfants à s'exprimer. On va faire en sorte d'être plus vigilants, plus à l'écoute des enfants", a embrayé l'actuel DTN, Patrice Hagelauer.
Pour cela, la FFT a mis en place des modules de formation qui mettent les enseignants en garde contre tout excès d'autorité, instauré un suivi plus poussé de ses jeunes espoirs, avec des entretiens bi-annuels avec un psychologue, et élaboré des affiches avec un numéro de téléphone "en cas de problème".
"Notre sensibilité à ce genre de situations est aujourd'hui beaucoup plus grande", a assuré M. Ysern.