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© AFP/FRANCOIS GUILLOT
Le nouveau président de la FFT en conférence de presse, le 18 février 2017 à Paris
Bernard Giudicelli, jusque-là secrétaire général, a été élu samedi président de la Fédération française de tennis (FFT) et se retrouve à la tête d'une instance plombée par une longue crise, entre guerres intestines et enquête judiciaire pour des soupçons de malversations.
Elu pour quatre ans, Giudicelli, qui fêtera ses 59 ans lundi, succède à Jean Gachassin comme patron de la deuxième Fédération sportive de France (derrière le foot). Il a devancé son principal adversaire, Jean-Pierre Dartevelle (vice-président chargé de la compétition), avec qui ses relations sont notoirement tendues, et l'outsider Alexis Gramblat, un avocat de 38 ans.
Giudicelli a recueilli 897 voix (51,9%), Dartevelle 831 (soit 48,1%) et Gramblat aucune, selon les chiffres communiqués par la FFT.
La désignation du nouveau président clôt une campagne houleuse, menée alors que le parquet national financier enquête sur des faits présumés de trafic de billets de Roland-Garros.
Jean Gachassin est le principal visé dans cette affaire. Il est soupçonné d'avoir cédé illégalement des billets -on parle de 250 à 700 par an- à prix coûtant à un ami, agent de voyage dans son Sud-Ouest natal, qui les aurait revendus au moins cinq fois plus cher.
- Reprendre les rênes -
Le président sortant est aussi suspecté de trafic d'influence, dans le cadre du chantier d'extension de Roland-Garros. Gachassin nie. Giudicelli et Dartevelle aussi. Tous deux sont soupçonnés d'avoir revendu de manière illicite des billets et étouffé les suspicions de malversations pesant sur leur président. Un véritable "pacte du silence" selon l'Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS).
Cinq clubs de tennis ont obtenu de la justice la désignation d'un mandataire pour représenter la FFT dans ce dossier.
Le climat est donc très lourd et la tache est rude pour Giudicelli, qui doit faire preuve de son intégrité et redorer le blason du tennis français.
"Nous voulons reprendre les rênes de la maison, exercer une autorité morale où chacun exercera ses responsabilités", a dit Giudicelli, après avoir été élu.
Le nouveau président, détendu et un rien blagueur, a lancé son message: "Nous voulons passer à une génération qui soulève les trophées majeurs dans le monde entier. Nous n'attendrons pas 77 ans pour gagner ces titres majeurs".
Sur le plan sportif, la France n'a plus gagné la prestigieuse Coupe Davis depuis 16 ans et aucun Français (chez les messieurs) n'a réussi à remporter un tournoi majeur depuis Yannick Noah à Roland-Garros il y a 34 ans.
Le nombre de licenciés tend en outre à baisser: ils étaient 1.052.117 en 2015, contre 1.339.409 en 1991, le record.
- Charismatique -
"Bernard Giudicelli veut inculquer une culture de la gagne pour sortir de cet espèce de fatalisme", souligne à l'AFP Stephan Post, son colistier, président de la Ligue Dauphiné-Savoie.
"Ca va être une toute autre présidence. Gachassin avait laissé les rênes à chacun, en pensant que chacun prendrait ses responsabilités", veut croire un proche du nouveau président, qui est à la tête de la Ligue de Corse depuis 1991.
Giudicelli connait déjà les rouages de la Fédération puisqu'il est membre du comité de direction depuis 1991 et secrétaire général depuis 2013.
Ce Corse charismatique est reconnu de tous -y compris de ses détracteurs- pour sa force de travail. Mais certains lui reprochent son ambition personnelle et ses méthodes parfois excessives en l'accusant d'autoritarisme.
Il est devenu en 2015 le premier Français à entrer au comité de la Coupe de Davis en qualité de chairman, une représentation internationale qui compte symboliquement.
Son premier chantier est de taille: la bonne tenue du tournoi de Roland-Garros fin mai et la poursuite du chantier d'extension du site, alors que la justice a rejeté récemment les recours des opposants.