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© AFP/Patrick Kovarik
Le Suisse Stanislas Wawrinka lors d'un match à Roland-Garros contre Richard Gasquet
le 3 juin 2013
Adversaire de Rafael Nadal mercredi en quarts de finaliste de Roland-Garros, Stanislas Wawrinka serait depuis longtemps une star en Suisse s'il n'y avait pas l'ombre envahissante de Roger Federer .
La scène remonte à avril 2009 à Monte-Carlo. Wawrinka vient de dominer nettement le Serbe Viktor Troicki au premier tour et arrive en conférence de presse. Il est content de son match et aimerait en parler.
Sauf que Federer vient de se marier et que toutes les questions portent sur cet unique sujet. Wawrinka serre les dents et puis à un moment il explose: "écoutez, je mène moi aussi une carrière si ça vous intéresse." Deux jours plus tard, le natif de Lausanne battait Federer en huitièmes de finale.
Cet instantané, c'est un peu l'histoire de sa vie. Celle d'un joueur du Top 10 qui serait adulé dans n'importe quel pays mais qui doit composer avec une statue du Commandeur qui monopolise tout.
Pas facile d'être le contemporain de l'homme aux dix-sept titres du Grand Chelem, le citoyen du monde, l'élégance incarnée avec qui il a gagné l'or olympique en double à Pékin et entretient des relations correctes.
Surtout que Wawrinka, fils de fermiers, est lui un homme tranquille, proche des joueurs français, plus terre à terre que cosmopolite, même si son mariage mouvementé avec une présentatrice télé, Ilham Vuilloud, a posé une touche de glamour sur ce caractère réservé.
"Stan est de nature quelqu'un de timide. Ca le rend trop gentil sur le court. Il doit être plus méchant, plus dominant", rapporte son nouvel entraîneur, le Suédois Magnus Norman , finaliste à Roland-Garros en 2000.
"Je suis content qu'il dise que je suis très gentil, sympa et très humble. En quelque sorte, il a raison. Mais ce n'est pas quelque chose que je vais changer comme ça", répond "Stan", le Vaudois de 28 ans.
Quelque chose à pourtant changé ces derniers mois dans la carrière de Wawrinka, revenu dans le Top 10 qu'il avait déjà fréquenté en 2008, juste avant Roland-Garros après un début de saison remarquable.
Un match lui a servi de déclic, une défaite 12-10 au cinquième set face au N.1 mondial Novak Djokovic à l'Open d'Australie après un duel fantastique.
"Ce jour-là j'ai compris que je pouvais rivaliser avec les meilleurs", raconte ce spécialiste des matches au long cours, doté d'un physique de buffle, "une grosse caisse" comme le résume Jo-Wilfried Tsonga , l'un de ses partenaires d'entraînement réguliers en Suisse.
"Les matchs très serrés contre de très bons joueurs, je ne les perds plus tous. Dernièrement, je les ai plutôt gagnés", ajoute Wawrinka. Et Richard Gasquet , battu 8-6 au cinquième set lundi, est là pour en témoigner.
Fin mars, Wawrinka, après le prénom de sa fille Alexia sur le flanc droit, s'est fait tatouer sur le bras gauche une phrase de Samuel Beckett: "Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better." (Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux").
"Cette citation a toujours été ma philosophie de vie, explique-t-il. Si tu es joueur de tennis et que tu ne t'appelles pas Nadal, Djokovic ou Federer, à chaque tournoi que tu perds, tu dois partir avec du positif malgré la défaite."
Des défaites il y en a de moins en moins en ce moment, alors que se dresse devant lui le défi ultime: battre Nadal à Roland-Garros. Un seul homme y est arrivé, Robin Soderling en 2009, coaché alors par... Magnus Norman .
Wawrinka connaît l'ampleur de la tâche mais va "essayer et voir ce que ça peut donner". S'il y parvient, il aura réalisé quelque chose que Federer n'a encore jamais réussi à Roland-Garros.