Happy Birthday : |
En triomphant d'un Novak Djokovic un peu en retrait tant mentalement que physiquement, Rafael Nadal a porté dimanche à neuf son total de victoires à Roland-Garros, un chiffre hallucinant qui fera écho auprès des générations à venir.
Personne ne pouvait imaginer quand il a battu l'Argentin Mariano Puerta sur la terre battue parisienne, quelques jours après son 19e anniversaire en 2005, jusqu'où Nadal porterait les records.
Dimanche, l'Espagnol est devenu le premier joueur à s'imposer cinq fois de suite à Paris, et également le premier à gagner neuf fois le même tournoi du Grand Chelem. Aucun autre joueur n'a gagné plus de sept fois le même Majeur.
Dans cette histoire, le plus fascinant est sans doute que Nadal reste animé par la même envie, le même coeur qu'à ses débuts. Il s'est agenouillé sur le sol du court Central, puis s'est précipité en tribune enlacer ses proches, comme s'il ne l'avait jamais fait auparavant.
Après avoir reçu la Coupe des Mousquetaires des mains du Suédois Björn Borg, l'ex-maître de la terre battue - six fois sacré à Paris -, qu'il a relégué loin dans les mémoires, le Majorquin a pleuré à chaudes larmes pendant l'hymne espagnol.
Car ce neuvième sacre, obtenu au bout d'une finale un brin frustrante (3-6, 7-5, 6-2, 6-4), n'a pas été le plus facile à décrocher. Non pas parce que la quinzaine a été particulièrement dure à vivre pour "Rafa", mais parce que les mois précédents l'ont été.
Nadal a été profondément affecté par sa défaite en janvier en finale de l'Open d'Australie où, vaincu par une douleur au dos, il n'avait pu défendre pleinement ses chances. Il a mis du temps à encaisser le choc et à retrouver son niveau de jeu.
- 14e titre en Grand Chelem -
L'Espagnol a été en quête de lui-même en avril et mai, subissant à Monte-Carlo, Barcelone puis Rome des défaites traumatisantes. Le revers de Melbourne était donc encore bien présent dans son esprit dimanche.
"J'ai connu un moment très difficile à l'Open d'Australie. Aujourd'hui, le tennis me le rend bien avec cette nouvelle victoire à Roland-Garros", a-t-il rappelé dans son discours prononcé sur le court.
Car ce nouveau titre, son 14e en Grand Chelem, est loin d'être anecdotique. Il lui permet à 28 ans d'égaler l'Américain Pete Sampras et de se rapprocher à grands pas du record (17) du Suisse Roger Federer .
Nadal a, sauf blessure grave, encore quelques années devant lui pour améliorer ce total. Et rien ne dit, bien au contraire même, que son histoire d'amour avec Roland-Garros a pris fin dimanche.
A Paris, ses résultats confinent au surnaturel. Il n'y a été vaincu qu'une fois en 67 matches: en 2009 par le Suédois Robin Söderling. Depuis, il a gagné 35 matches d'affilée à la Porte d'Auteuil.
Seul joueur à vraiment avoir battu en brèche la domination de Nadal dans les autres tournois du grand Chelem ces trois dernières années, Djokovic n'a pas pesé beaucoup plus lourd que les récents finalistes de Roland-Garros.
- Une fragilité inhabituelle -
Le Serbe, qui lui aurait repris la place de N.1 mondial en cas de victoire, a subi sa troisième défaite d'affilée à Paris face à l'Espagnol, après celles de 2012 en finale et 2013 en demi-finales.
Djokovic pensait avoir l'ascendant mental après avoir gagné ses quatre dernières confrontations avec Nadal, toutes en finale. Mais, tellement obsédé par l'idée de remporter son premier Roland-Garros, il est apparu tendu à l'extrême.
Sa double faute sur la balle de match témoigne d'une fragilité inhabituelle pour un joueur d'ordinaire si sûr de lui. Monstre d'endurance, le Serbe a aussi déçu sur le plan physique, la chaleur l'ayant de toute évidence diminué.
"Je n'ai pas joué au niveau auquel j'aurais voulu, surtout dans la deuxième partie du match", a reconnu "Djoko", qui cherchait à devenir le huitième joueur dans l'histoire à réussir le Grand Chelem en carrière.
"Le titre, ce n'est pas pour nous cette année. Mais l'an prochain, nous allons essayer de prouver encore et encore pour, je l'espère, gagner Roland-Garros", a-t-il promis.
Mais il devra se remettre de ce nouvel échec. Car plane maintenant au-dessus de lui le spectre des Boris Becker - son entraîneur -, John McEnroe , Jimmy Connors , Stefan Edberg et Pete Sampras , tous les grands à n'avoir jamais gagné à Paris.