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© AFP/Martin Bureau
Jo-Wilfried Tsonga
lors de sa victoire à Roland-Garros contre Roger Federer
le 4 juin 2013
Surgi de nulle part en 2008 à l'Open d'Australie, Jo-Wilfried Tsonga a pris le temps de grandir et, arrivé à maturité, se sent aujourd'hui prêt à réaliser le rêve d'une vie à Roland-Garros.
Le cheminement a été long depuis la finale de Melbourne, perdue face à Novak Djokovic , après un parcours accompagné de comparaisons flatteuses avec Mohammed Ali pour son physique et son sens du spectacle.
Le Français n'avait alors que 23 ans et paraissait promis à un avenir radieux, après avoir vu sa carrière menacée par une hernie discale. Mais le temps ne se laisse pas attendrir par les promesses, même les plus folles.
Tsonga a donc dû prendre son mal en patience. Il est entré dans le Top 10 fin 2008, après sa première - et pour l'heure unique - victoire dans un Masters 1000, à Paris-Bercy, et il y est installé sans interruption depuis septembre 2011 (8e actuellement).
Mais le classement mondial compte peu à ses yeux, seuls les titres importent. Il est allé en demi-finale à l'Open d'Australie en 2010, et à Wimbledon en 2011 et 2012, la dernière marche se dérobant à chaque fois sous ses pieds. Or seul un sacre en Grand Chelem pourrait à jamais le combler.
C'est cet espoir fou qui l'a poussé à entamer sa mutation et à quitter en avril 2011 son entraîneur de toujours Eric Winogradsky. Pendant un an et demi, il est resté seul, sans que ses résultats en soient notablement améliorés.
Mais là n'était pas l'essentiel.
"Être seul a été important parce que cela m'a permis de comprendre à quel point j'aimais le tennis, à quel point je voulais progresser et quels sacrifices j'étais prêt à faire", remarque-t-il aujourd'hui.
Puis, en octobre 2012, conscient qu'il avait à nouveau besoin d'un regard extérieur, Tsonga s'est tourné vers Roger Rasheed qui, dit-il, lui transmet sa "passion du jeu". L'Australien, ex-entraîneur de Gaël Monfils, est un gros bosseur, exigeant à l'extrême.
Avec lui, Tsonga a travaillé plus assidûment son physique, amélioré ses coups faibles, comme le revers, est devenu plus rigoureux, plus professionnel et a commencé, comme Djokovic, un régime sans gluten.
© AFP/Thomas Coex
Jo-Wilfried Tsonga
lors d'un match contre le Suisse Roger Federer
le 4 juin 2013 à Roland-Garros
Les premiers fruits de ce travail ont porté à Monte-Carlo, avec une demi-finale, la première de sa carrière dans un Masters 1000 sur terre battue.
"Cela fait quelques mois que je fais beaucoup d'efforts. J'attendais bien un peu de retour pour tout ce travail très dur que je fais chaque jour", a-t-il déclaré mardi après sa victoire sur Roger Federer en quarts de finale.
A Roland-Garros, le N.1 français a impressionné tout le monde. "On le sent complètement déterminé, on sent qu'il a vraiment passé un cap à ce niveau là", estime le DTN Patrice Hagelauer.
"Jo affiche très clairement sa volonté, c'est son objectif de gagner un Grand Chelem. Il arrive à maturité avec des mois d'entraînement où il s'est fixé Roland comme objectif. Ca paie", souligne Arnaud Clément, le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis.
Mais la route est encore longue. Son adversaire en demi-finale, l'Espagnol David Ferrer , est un bourreau de travail qui ne renonce jamais. Et ensuite, si finale il y a, ce sera face à Novak Djokovic , le N.1 mondial, ou à Rafael Nadal , le septuple vainqueur du tournoi.
"Je ne peux pas me permettre d'être euphorique, de bouffer de l'énergie dans l'autosatisfaction", observe sagement Tsonga. "La mission c'est d'aller au bout. Pour ça, il ne faut pas brûler les étapes et rester super lucide."
D'ici dimanche, Tsonga se verra souvent rappeler le nom de Yannick Noah , le dernier vainqueur français en Grand Chelem, il y a 30 ans à Roland-Garros. Mais il préfère évacuer le sujet. "Ca ne me fait ni chaud, ni froid", dit-il. "J'ai envie d'écrire ma propre histoire".