Happy Birthday : |
© AFP/GABRIEL BOUYS
L'émotion de Rafael Nadal
à l'issue de sa victoire expéditive sur Stan Wawrinka
à Roland-Garros, le 11 juin 2017
Rafael Nadal n'a pas d'égal sur la terre: avec son lift monstrueux, ses glissades, son physique inaltérable et son inoxydable mental, l'Espagnol, dix fois vainqueur de Roland-Garros, est le plus grand joueur de l'histoire sur la surface ocre.
Le réduire à cette seule dimension serait certes une erreur. Avec 15 victoires en Grand Chelem, dont la collection complète des quatre "Majors", 73 trophées sur le circuit de l'ATP, la place de N.1 mondial occupée pendant 141 semaines, quatre Coupes Davis et deux médailles d'or olympique, en simple et en double, il possède à 31 ans le palmarès le plus foisonnant derrière celui de Roger Federer .
Lui-même place au-dessus de tout ses deux victoires sur le gazon de Wimbledon, en 2008 et 2010, surtout la première, conquise dans un match de légende contre le champion suisse, coauteur avec lui d'un des plus passionnants feuilletons de l'histoire du sport qui tourna souvent à son avantage: 23 victoires à 14 (6 à 3 en finales de Grands Chelems).
Mais c'est sur la terre battue, le terrain le plus lent et le plus exigeant pour la tête comme pour les jambes, que son art a atteint sa perfection. Pendant plus d'une décennie, d'avril à juin, il a été presque imbattable: 389 matches gagnés sur 424 disputés, soit près de 92% de succès.
Ses triomphes parisiens, un quadruplé de 2005 à 2008, puis un quintuplé de 2010 à 2014 avant celui de 2017, ont été ses chefs d'?uvre. Aucun champion n'a jamais réussi à gagner aussi souvent un même tournoi du Grand Chelem.
Personne non plus n'a jamais pu remporter 81 matches de suite sur terre battue, record établi entre avril 2005 et mai 2007, ni empiler 53 titres sur cette surface.
- Une bête de combat sur le court -
Cet amour du rouge était inscrit dans son acte de naissance. A Majorque, comme en Espagne en général, on a longtemps conçu le tennis comme un sport se pratiquant sur terre battue exclusivement.
Né d'une mère commerçante et d'un père chef d'entreprise à Manacor, la troisième ville d'une île à laquelle il est toujours resté passionnément attaché, Nadal a passé son enfance dans un immeuble où logeait toute sa famille, ou plutôt son clan, tant un esprit de corps à la méditerranéenne soudait tous ses membres (à cet égard la séparation de ses parents, en 2009, a été une très rude épreuve).
Parmi eux, ses oncles ont eu une importance décisive: Miguel Angel Nadal, le footballeur du FC Barcelone, qui lui a fait prendre conscience très jeune des exigences du sport professionnel, et surtout Toni, son unique mentor depuis l'âge de quatre ans.
Sous la férule de cet entraîneur, "le plus sévère qu'on puisse imaginer", comme dit Nadal dans son autobiographie "Rafa", le petit prodige a sué sang et eau au club de tennis situé juste en face de la résidence familiale. "Il me mettait une pression très forte, usait d'un langage brutal, criait souvent; j'avais peur de lui", raconte-t-il.
Pour Toni, c'était le prix à payer pour transformer un garçon plutôt timide et craintif dans la vie de tous les jours en bête de combat sur le court et aussi en gentleman: "interdiction absolue de jeter sa raquette".
- 'Immergé dans son tennis' -
Moins doué techniquement que son grand rival Federer, même s'il ne faut pas sous-estimer l'habileté et la précision de sa fameuse patte gauche, qu'il n'utilise que pour jouer au tennis, étant droitier pour tout le reste, il a triomphé grâce à son mental, à cette "capacité à accepter les difficultés et à les surmonter supérieure à celle de la plupart de (ses) rivaux", dit-il lui-même, et à son exceptionnel pouvoir de concentration lorsqu'il est "entièrement immergé dans (son) tennis solitaire, avec un sentiment de vie intense".
Nadal est aussi un grand athlète "combinant une extrême endurance à une grande vitesse, à l'image de l'oiseau mouche", comme le pense son préparateur physique, mais son corps a souvent été son pire ennemi. Dès 2006, il s'est cru perdu pour le tennis à cause d'une malformation congénitale au pied qui l'a obligé à porter des chaussures sur mesure. Puis des problèmes au genou et au poignet l'ont tenu plusieurs fois éloigné des courts pendant de longues périodes.
Dans la vie de tous les jours, cet homme immensément riche (plus de 80 millions de dollars de gain, sans compter les revenus publicitaires) et célèbre se décrit comme un homme ordinaire, qui n'aime rien tant qu'aller à la pêche avec ses amis, regarder des matches de football, sa grande passion, au point qu'il le préférait au tennis étant enfant, et passer du temps avec sa compagne Francesca, une Majorquine dont il partage la vie depuis 2005.