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© AFP/TIZIANA FABI
L'Espagnol Rafael Nadal
face à son compatriote Nicolas Almagro
lors du Tournoi de Rome, le 17 mai 2017
Roger Federer , Serena Williams et Maria Sharapova n'y seront pas... Mais il y aura Rafael Nadal dont la quête d'une "Decima" s'annonce comme le blockbuster de Roland-Garros (28 mai - 11 juin), encore alléchant malgré les absences de taille.
Après l'annonce de la grossesse de Serena Williams le 20 avril, le tournoi du Grand Chelem a perdu deux de ses autres têtes d'affiche en début de semaine. Federer a officialisé lundi son forfait afin de se préserver pour Wimbledon (3 -16 juillet) et Sharapova, pas assez bien classée pour y participer après sa suspension de quinze mois pour dopage, s'est vu refuser une invitation de la part des organisateurs le lendemain.
Y a-t-il péril en la demeure? "L'absence de ces trois stars, dont la présence de l'une n'est pas souhaitée par les organisateurs (Sharapova), n'affaiblit pas le tournoi, parce que Roland-Garros reste une institution et le "Graal" pour un joueur de tennis, comme les trois autres tournois du Grand Chelem (Open d'Australie, Wimbledon et US Open)", estime l'historien du tennis Jean-Christophe Piffaut.
"Ces tournois sont très indépendants de l'ATP et de la WTA et ancrés dans l'histoire du tennis. C'est ce qui les rend à la fois particulier et prisés", ajoute-t-il.
Pour le sociologue du sport Bertrand Pulman, "l'événement est très puissant" et peut "dépasser" ces absences de marque. "Le forfait de Federer, en particulier, même s'il est regrettable, crée aussi du buzz et ouvre le tableau", souligne l'auteur de l'ouvrage "Rouge est la terre. Dans les coulisses de Roland-Garros" (Calmann-Lévy, 2013).
- Une opportunité pour la nouvelle génération -
"On a forcément envie de voir les meilleurs. Mais il y aura de toute façon un beau vainqueur et une belle lauréate... Et dans vingt ans, on aura oublier. Ce ne sera pas une édition au rabais", estime pour sa part l'ancien joueur helvète Marc Rosset , consultant pour la Radio télévision suisse (RTS).
Pour Arnaud Boetsch , lauréat de la Coupe Davis en 1991 et 1996 avec la France, "tous les ingrédients sont réunis pour que ce soit au top". Avec la résurrection de Nadal, le tournoi tient sa nouvelle histoire, "une histoire incroyable s'il remporte un dixième titre", considère Pulman.
D'autres interrogations vont doper l'intérêt des amateurs de tennis selon Rosset: " Novak Djokovic et Andy Murray , en proie au doute, se relèveront-ils ? Stan (Wawrinka) peut-il le gagner une deuxième fois ? Les jeunes qui émergent comme (Alexander) Zverev ou Dominic (Thiem) vont-ils se sublimer ?"
Boetsch renchérit: "Il faut que la nouvelle génération gagne de grands tournois, pour que les gens commencent à s'habituer à eux." Ce serait un bon moyen selon lui de préparer "la transition" et éviter un creux lorsque le "Big Four" sera sur le déclin.
- Nadal-Pouille, la finale idéale? -
"Il peut y avoir une grande surprise même si Nadal est favori", considère l'ex-N.1 français, classé 12e mondiale en 1996. Le dernier ingrédient pour un cocktail réussi repose sur une performance d'un Français qui irait loin dans le tournoi.
"La finale idéale ce serait Nadal contre Lucas Pouille, le meilleur joueur sur terre battue opposé à un espoir, Français qui plus est", estime Pulman.
Dans le tournoi féminin, l'absence des deux grandes stars est "plus dommageable" pour Rosset. "Mais du coup, la porte est ouverte pour pas mal de joueuses et cela devient intéressant", nuance-t-il.
Kristina Mladenovic , qui accomplit la meilleure saison de sa carrière, peut devenir "la révélation que les Français attendent" et "augmenter l'engouement" selon Pulman.
"La dureté de l'épreuve", où les points ne se terminent pas en "trois coups de raquette" fait que le lauréat et la lauréate "ne seront de toute façon pas des usurpateurs", conclut Piffaut.