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Réputé pour son exubérance et son côté parfois désinvolte, Gaël Monfils cultive l'art du spectacle et peut compter sur un physique hors norme ainsi qu'un amour indéfectible de Roland-Garros, cocktail détonnant lui ayant permis d'atteindre pour la quatrième fois les quarts de finale.
Comme en 2008, 2009 et 2011, Monfils, opposé mercredi au Britannique Andy Murray (8e mondial), est le dernier Français encore en lice à ce stade de la compétition. Peu préparé comme presque à chaque fois, en raison de pépins physiques, le Francilien de 27 ans a encore surpris ceux qui ne l'attendaient pas à ce niveau.
Juste avant de disputer son premier tour face au Roumain Victor Hanescu, le Français, 28e mondial, était toujours en train de soigner une cheville droite capricieuse qui l'avait éloigné des courts pendant quatre semaines.
Cela ne l'avait pas empêché, trois jours avant son entrée en lice, de s'adonner à une démonstration de breakdance sur la terre battue parisienne lors d'une animation pour les enfants.
Aux journalistes inquiets d'un accident, "la Monf'" avait répondu avec cet art du contre-pied qui le caractérise: "Je n'ai pas tout donné, attention ! Ma performance était moyenne. Mon petit frère m'a d'ailleurs dit: +Je t'ai déjà vu mieux danser+ !"
Lors de son deuxième match aux Internationaux de France, face à l'Allemand Jan-Lennard Struff, le "Sliderman" avait réalisé l'un de ses plongeons à l'horizontale qu'il affectionne pour tenter de récupérer une balle hors de portée.
"Je pense que j'aurais pu attraper la balle, si j'avais vraiment plongé sérieusement. En fait, j'ai plongé un peu à la frime, j'ai juste donné une petite impulsion vers la balle pour la prendre, mais ce n'était pas un véritable plongeon. Je mettrais 5 sur 10, ça aurait pu être mieux !", avait expliqué après coup le N.3 tricolore, ne manquant pas de préciser qu'il ne l'avait pas fait pour "amuser la galerie".
Geste complètement fou ou au contraire attitude maîtrisée? Comme le résume son ancien entraîneur Thierry Champion , "Gaël ne fait rien comme tout le monde". Mais derrière sa personnalité exubérante se cache un joueur déterminé qui sait se préparer pour les grands rendez-vous, selon son ex-coach.
"Quand il décide de participer, il fait tout pour être prêt physiquement. Et il n'a pas peur des gros événements. C'est l'une de ses forces", explique Thierry Champion .
Après ses deux premiers tours maîtrisés, Monfils, qui avait atteint son meilleur classement en 2011 (7e), a montré un visage un peu plus posé et calculateur sur le court.
- Dans sa bulle -
Face à Fabio Fognini , tête de série N.14, il s'est mué en maître tacticien dans une sorte de "Commedia dell'Arte" sur rectangle ocre, conclue en cinq sets.
Face à l'Espagnol Guillermo Garcia-Lopez (41e), balayé en trois manches, Monfils a tout de suite pris la mesure de son adversaire, évitant soigneusement de jouer avec la foule pour économiser son énergie.
Arnaud Di Pasquale , le directeur technique national, l'a bien remarqué: "Sur ce Roland, je le trouve vraiment dans sa bulle, plus concentré que d'habitude. Il joue moins avec le public qu'il n'a l'habitude de le faire. On ne voit pas un autre personnage, mais juste quelqu'un de motivé dans le regard et qui ne veut pas passer à côté. C'est plutôt très bon signe."
Peut-il rééditer sa performance de 2008 en allant en demi-finale, voire aller plus loin? "Honnêtement, je n'y pense pas. Après chaque victoire, on se rapproche du rêve mais c'est plutôt une montagne à gravir à chaque fois", affirme Monfils.
La prochaine montagne s'appelle Murray. L'Ecossais, qui connaît le Français depuis tout jeune, s'attend à un "défi de taille" avec une ambiance "digne de la Coupe Davis". "Je suis certain qu'il y aura de supers échanges. Il y en a toujours eu lorsque j'ai joué contre lui. J'ai hâte d'y être."