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© AFP/JACQUES DEMARTHON
Les travaux d'extension de Roland-Garros ont débuté par l'abattage des arbres aux Serres d'Auteuil, le 5 octobre 2016 à Paris
Après des années de conflit, la justice a tranché en faveur du projet d'agrandissement du stade de Roland-Garros, porté par la Fédération française de tennis (FFT), en déboutant jeudi les héritiers de l'architecte du jardin classé des Serres d'Auteuil.
Une extension "indispensable" pour la fédération qui veut doter Paris d'un grand stade à la hauteur du tournoi international du Grand Chelem. Un projet qui va "défigurer" l'oeuvre de l'architecte-paysager Jean-Camille Formigé (1845-1926) selon ses héritiers.
La FFT s'est réjouie d'une "nouvelle victoire" et a affiché son "objectif de jouer l'édition 2019 du tournoi dans le nouveau court", dans un communiqué.
L'avocat des descendantes de Formigé, Philippe Zagury, a quant à lui annoncé à l'AFP qu'il allait "faire appel de cette décision extrêmement décevante". "Nous allons apporter des éléments supplémentaires, a-t-il promis, et montrer mètre carré par mètre carré ce qui est remarquable dans cette oeuvre."
Le Comité de soutien des Serres d'Auteuil a aussi déploré "une très mauvaise nouvelle concernant la protection des espaces verts comme des sites patrimoniaux".
Le tribunal a déclaré Laurence et Virginie Formigé, arrière-petites filles de l'architecte, et l'association Jean-Camille Formigé "irrecevables en leurs demandes fondées sur l'atteinte au droit moral" de l'architecte, "faute de qualité à agir".
De même, il a débouté une autre héritière, bien reconnue comme "légataire universelle" mais jugée elle aussi irrecevable, "faute de décrire les caractéristiques du jardin et des serres d'Auteuil qui porteraient l'empreinte de la personnalité de Jean-Camille Formigé et donc d'établir que la partie noble du jardin est susceptible d'être considérée comme un ?uvre protégeable au titre du droit d'auteur".
© AFP/THOMAS SAMSON
Vue aérienne du stade Roland-Garros, le 14 juillet 2016 à Paris
Les plaignants ont en outre été condamnés solidairement à verser 40.000 euros au titre des frais de justice à la FFT, laquelle a en revanche été déboutée de sa demande de dommages et intérêts pour procédure abusive.
- "Sans ambiguïté" -
Cette décision du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, la première sur le fond du dossier, clôt un chapitre important de la bataille juridique entre les défenseurs du patrimoine d'une part, la fédération de tennis et la mairie de Paris d'autre part.
Même si ce dossier est loin d'être refermé, avec un nouveau rendez-vous judiciaire déjà prévu début 2017, cette fois devant le tribunal administratif devant lequel des associations contestent le permis de construire.
Sur le terrain, les pelleteuses sont en action depuis plus de quinze jours, après l'autorisation de reprise des travaux par la 3e chambre civile du TGI le 18 octobre.
© AFP/Patrice deré
L'extension de Roland-Garros
Le projet de la fédération, présenté en 2011 et qui a obtenu un permis de construire en 2015, prévoit un court semi-enterré de 5.000 places aux abords immédiats des serres historiques, entraînant la destruction de serres "modernes", bâties après 1980 et jugées sans valeur architecturale.
Le directeur général de la FFT Jérémy Botton a salué une décision "sans ambiguïté", expliquant à l'AFP attendre désormais "plus que serein" la "décision au fond du tribunal administratif qui devrait intervenir début janvier". Sur le terrain, a-t-il ajouté, "les travaux avaient repris leur cours et ne devraient plus jamais s?arrêter".
Lors de l'audience du 3 novembre, l'avocat des héritiers Formigé avait affirmé que le nouveau court allait, par sa taille, "devenir l'élément central du jardin", "écraser les perspectives" et "dénaturer un jardin original à l'ordonnancement rythmé".
Au contraire, ceux de la FFT avaient vanté un nouveau court "jamais visible", "entièrement bordé de serres, pour s'intégrer dans la plus grande harmonie au jardin" et dont les accès ne seront ouverts au public à travers le jardin "que six semaines par an, le temps du tournoi".
Un projet soutenu par la mairie de Paris "parce qu'il respecte les droits d'auteurs", a réagi son avocat Marc-Olivier Deblanc, qui avait rappelé à l'audience l'action continue de la ville pour préserver son patrimoine, en redonnant son lustre au cinéma Louksor et à son style antique années 1920, à la prestigieuse salle Pleyel ou au crématorium du Père-Lachaise conçu par Formigé, illustre architecte en chef des monuments historiques.