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© AFP/JACQUES DEMARTHON
Vue du jardin des Serres d'Auteuil à Paris, le 5 octobre 2016
Les défenseurs des Serres d'Auteuil à Paris ont marqué jeudi un point en obtenant en justice la suspension des travaux d'extension de Roland-Garros qui venaient à peine de reprendre.
Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris, requis jeudi en urgence par les héritiers de l'architecte des serres, Jean-Camille Formigé (1845-1926), a décidé d'"ordonner la suspension des travaux engagés ou à engager" par la Fédération française de tennis (FFT).
Cette dernière a de son côté indiqué émettre "les plus vives réserves sur la validité d?une décision prise dans des conditions douteuses de manière non contradictoire", et s?interroger "sur une possible manipulation des faits de la part des opposants".
"Elle saisit immédiatement le juge pour comprendre les conditions dans lesquelles cette décision a été obtenue et demander son annulation", a ajouté la FFT dans son communiqué.
Les héritiers de l'architecte-paysagiste avaient déposé une requête en urgence après un arrêté du Conseil d'Etat, autorisant lundi la FTT, dans le cadre d'une procédure distincte, à reprendre les travaux sur ce site classé.
Le Conseil d?État avait ainsi cassé un jugement en référé du tribunal administratif qui avait, le 24 mars dernier, suspendu le permis de construire accordé par la mairie de Paris pour l'extension du stade vers les Serres d'Auteuil.
"Notre but, c'est de bloquer les travaux. Si on détruit tout, notre action n'a plus de sens. Notre objectif, ce n'est pas d'avoir des dommages et intérêts", a indiqué à l'AFP Philippe Zagury, avocat des héritiers.
Car sitôt connue la décision du Conseil d?État, la FFT avait commencé mardi des travaux de démolition et des abattages d'arbres sur le site de ce jardin botanique où elle veut construire un court de 5.000 places semi-enterré, au grand dam des défenseurs du patrimoine.
- "Une attitude de casseurs" -
Philippe Toussaint, président de l'association Vieilles Maisons Françaises (VMF), a estimé que la décision du TGI était une "bonne nouvelle. La brutalité de la FFT se retourne contre elle", a-t-il indiqué à l'AFP, en fustigeant "une attitude de casseurs".
"L'abattage d'une centaine de végétaux effectué en deux jours" et les démolitions en cours "constituent une première étape détestable de la candidature de Paris aux JO 2024 (...), qui devrait être rigoureusement écologique", a estimé de son côté Lise Bloch-Morhange, pour le Comité de Soutien des Serres d'Auteuil.
Deux décisions de justice sont néanmoins attendues sur le fond, espérées avant la fin 2016: le tribunal administratif doit se prononcer sur les permis de construire, et le TGI de Paris sur le recours des descendants de Formigé, au nom du "droit d'auteur".
Ce site fait depuis des années l'objet d'une bataille juridique entre les défenseurs du patrimoine d'une part, la fédération sportive et la mairie de Paris d'autre part.
Cette dernière s'était d'ailleurs félicitée lundi de la reprise des travaux pour la construction de ce nouveau Roland-Garros qui allait "permettre de renforcer encore davantage le rayonnement du tennis français à travers le monde" et serait "un atout majeur" pour la candidature de Paris pour les jeux Olympiques 2024.
© AFP/Patrice deré
L'extension de Roland-Garros
L'Icomos, conseil de l'Unesco qui oeuvre à la conservation des monuments et des sites historiques dans le monde, avait appelé la Mairie de Paris et la FFT à abandonner le projet.
Les travaux entamés sur le "triangle historique" du stade Roland-Garros, non concernés par la bataille juridique, se poursuivent eux sans encombres et devraient se terminer en 2020 avec la livraison du nouveau court Philippe Chatrier couvert.
L'ensemble des travaux est estimé à quelque 400 millions d'euros, financés à 95% par la FFT qui génère 300 M EUR par an grâce au tournoi de Roland-Garros, deuxième levée du Grand Chelem.