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© AFP/Alexander Nemenov
Le tennisman Malek Jaziri le 20 octobre 2012 à Moscou
Le manager et frère de Malek Jaziri, le N.1 du tennis tunisien, a confirmé et dénoncé lundi les pressions "politiques" exercées par le ministère des Sports tunisien, via la Fédération, pour forcer le joueur à déclarer forfait contre un Israélien.
"Pour être clair: Malek s'est retiré pour des raisons sportives, car il s'est blessé, il a fait son échauffement pour le match, il a eu mal, le médecin a constaté un gonflement de son genou", a déclaré Emir Jaziri à l'AFP, confirmant donc la version officielle du forfait de son frère vendredi, avant son quart de finale du tournoi Challenger de Tachkent (Ouzbékistan). Un match qui devait le voir affronter Amir Weintraub, un joueur israélien qui se trouve également être son partenaire au sein du club français de Sarcelles, en région parisienne.
"Mais sur le plan politique, on a reçu un ordre de ne pas jouer", a également insisté Emir Jaziri. "C'était un mail de la Fédération tunisienne de tennis, via le directeur technique national", a-t-il précisé, avant de citer le contenu précis de ce mail: "Suite à la réunion au ministère de la Jeunesse et des Sports avec Riadh Azaïez, j'ai le regret de t'informer que tu ne peux pas jouer".
Riadh Azaïez est le directeur du sport d'élite au ministère tunisien des Sports.
"Malek est la première victime"
Le ministère avait pourtant assuré samedi n'avoir aucun rapport avec l'ordre donné à Jaziri de ne pas jouer, soulignant que la décision revenait à la Fédération.
Auprès de l'AFP, Emir Jaziri a dénoncé cette décision "choquante, car on fait rentrer la politique dans le sport. (...) Nous sommes totalement contre ça. Et Malek en est la première victime, car le tennis c'est son métier, son gagne-pain".
Ironie du sort pour Malek Jaziri, 29 ans et 169e joueur mondial, son adversaire manqué de Tachkent, Amir Weintraub (196e), est non seulement son partenaire mais aussi un de ses amis au club de 1re division de Sarcelles, dans le Val d'Oise. Joint samedi par l'AFP, le président du club, Jonathan Chaouat, avait ainsi souligné que Malek avait été invité par Amir à son mariage, et que c'était Malek lui même qui avait été à l'origine du recrutement de Weintraub.
Emir Jaziri a reconnu lundi qu'il "ne savait pas" si son frère aurait joué le match s'il ne s'était pas blessé au genou. Malek Jaziri, qui "se repose", ne souhaite pas dans l'immédiat répondre aux sollicitations de la presse.
"On ne comprend pas, d'autant que Malek a déjà joué contre Amir Weintraub et que la Tunisie a affronté Israël en Fed Cup en 2009", a-t-il souligné.
"Le tennis n'est pas médiatisé normalement en Tunisie, là ça a été fait uniquement parce qu'on est en campagne électorale, et tout le monde en a profité avec ce dossier", a-t-il estimé.
La Tunisie est actuellement plongée dans une profonde crise politique entre les islamistes d'Ennahda au pouvoir et l'opposition. Des élections, législatives et présidentielle, sont censées avoir lieu dans les mois à venir, à une date encore indéterminée.
Un forfait applaudi en Tunisie
Historiquement, Tunis a toujours soutenu les Palestiniens dans le conflit avec Israël, accueillant notamment l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et son chef, Yasser Arafat. Les pressions sur Malek Jaziri n'ont d'ailleurs pas provoqué de levée de boucliers en Tunisie. Des médias s'étaient même montrés enthousiastes durant le week-end après l'annonce de ce forfait.
"Il a perdu des points ATP (NDLR: le classement masculin) mais il a gagné l'estime et préservé l'honneur", jugeait samedi le quotidien La Presse. "L'histoire ne retient que les décisions courageuses. Jaziri a fait le bon choix", poursuivait ce journal en qualifiant de "diplomatique" la blessure du joueur.
En avril dernier, l'équipe nationale tunisienne de taekwondo avait été rappelée à l'ordre par le ministère des Sports pour avoir rencontré des athlètes israéliens lors d'une compétition en Belgique.
"Le ministère a ouvert une enquête immédiate en raison de la participation d'éléments de l'équipe nationale de taekwondo face à l'équipe d'Israël dans une compétition internationale à l'étranger sans consultation préalable avec l'autorité de tutelle", avait indiqué le ministère à l'époque, sans jamais ensuite annoncer les conclusions de cette enquête.
Les autorités tunisiennes n'ont jamais interdit officiellement aux sportifs d'affronter leurs homologues de l'Etat hébreu. Après l'affaire Jaziri, aucune directive générale n'a été annoncée publiquement.