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© AFP/Robyn Beck
Le 7 mars 2016, Maria Sharapova
annonce son contrôlé positif au Meldonium
Rares sont les championnes qui, comme Maria Sharapova , ont réussi à remporter les quatre tournois du Grand Chelem, mais au moins autant que la sportive surdouée, c'est la virtuose du sport-business au physique hollywoodien qui restera dans l'histoire du tennis.
Pendant onze ans, de 2005 à 2015, la Russe s'est maintenue au sommet, non pas du classement WTA, mais de la liste Forbes des sportives les mieux payées. Il a fallu sa suspension pour dopage au meldonium, réduite de deux ans à quinze mois par le Tribunal arbitral du sport mardi, pour qu'elle soit dépassée cette année par sa grande rivale sur le court Serena Williams .
L'année précédente, elle avait amassé plus de 29 millions de dollars, dont 22 millions hors des courts en revenus publicitaires et autres activités commerciales, comme sa marque de sucreries Sugarpova. Pas mal pour une saison sportivement sans relief ni victoire majeure.
Sharapova, 29 ans, a prêté sa haute taille (1,88 m), ses longs cheveux blonds, son regard froid et ses traits sans défaut à une multitude de marques: de montres, de voitures de luxe, de téléphones, d'appareils photos, et bien sûr d'articles de sport, dont certaines l'ont lâchée dès l'annonce de son contrôle positif.
"La beauté fait vendre. Je sais que c'est en partie pour ça que les gens me veulent et ça me convient. Je ne vais pas me rendre laide exprès", a dit un jour la joueuse, dont la fortune est estimée à plus de 200 millions de dollars.
Mais attention! Ne pas la confondre avec Anna Kournikova , cette autre Russe prometteuse qui avait échangé son avenir de joueuse contre une carrière de starlette, aussi omniprésente dans les magazines qu'invisible dans les palmarès.
- Dominée par Serena -
© AFP/WILLIAM WEST
Maria Sharapova
, le 26 janvier 2016 face à Serena Williams
à l'Open d'Australie
Car l'armoire à trophées de Sharapova est bien remplie avec cinq tournois du Grand Chelem: un à Wimbledon (2004), un à l'US Open (2006), un à l'Open d'Australie (2008) et, curieusement, deux à Roland-Garros (2012, 2014), sur la surface qui lui convient le moins, la terre battue. Elle a aussi gagné trente autres tournois, dont trois Masters.
Mais on espérait un destin plus grandiose encore quand, en 2004, âgée d'à peine 17 ans, elle avait gagné Wimbledon en battant en finale Serena Williams . L'année suivante, elle était devenue la première Russe N.1 mondiale.
Cette ascension fulgurante a a été contrariée par de nombreuses blessures, à l'épaule notamment, et surtout par une grande championne, Serena Williams . Depuis 2004, la Russe n'a plus jamais réussi à battre l'Américaine: 18 défaites de rang, la dernière en quart de finale de l'Open d'Australie en janvier.
© AFP/ADRIAN DENNIS
Maria Sharapova
(à gauche), le 9 juillet 2015 à Wimbledon aprés sa défaite face à Serena Williams
Son tennis ne s'embarrasse pas de fioritures: grand service, coups puissants tapés à plat des deux côtés, superbe revers à deux mains. C'est la méthode du faiseur de champions Nick Bollettieri portée à son paroxysme par une inépuisable volonté de vaincre et un mental de fer, jusqu'à la férocité. "C'est difficile de jouer au tennis et d'être mère Teresa en même temps", a dit la Russe, qui a servi de modèle à une flopée de joueuses venues pour la plupart de l'Est.
- Deux ans sans voir sa mère -
Il lui a manqué la capacité à varier son tennis, à changer de rythme et de tactique, pour surprendre une adversaire qui faisait tout comme elle, en mieux. Et c'est Williams, avec 22 titres majeurs, qui a rejoint Steffi Graf et peut-être bientôt Margaret Court-Smith (24) au nombre de victoires en Grand Chelem.
La soif de réussite de Sharapova, y compris matérielle, se comprend aisément quand on jette un coup d'oeil à son parcours. A l'image de sa grande rivale américaine, la Russe n'a pas vu le jour avec une raquette en argent dans la main.
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Maria Sharapova
Elle naît à Nyagan, en Sibérie, en 1987, un an après le déménagement de ses parents, chassés de Biélorussie par la catastrophe de Tchernobyl. Elle passe sa petite enfance à Sotchi, sur la Mer noire, où elle tape ses premières balles, avec la main gauche d'abord. Ambidextre, elle n'optera pour la droite que plus tard.
C'est la grande championne tchèque Martina Navratilova qui, après avoir échangé quelques balles avec le petit prodige, convainc son père Youri de l'envoyer aux États-Unis. Âgée de sept ans, Maria quitte définitivement la Russie en compagnie de son père pour la Floride. Elle ne verra pas sa mère Elena pendant deux ans.
De quoi se forger un caractère en acier, qui s'entend jusque dans sa façon de crier à chaque frappe de balle: de véritables hurlements, mesurés à plus de 100 décibels, soit moins qu'un marteau-piqueur mais plus qu'une tondeuse à gazon.