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Le Néo-Zélandais Hayden Paddon, vainqueur dimanche en Argentine, est entré dans le cercle fermé des pilotes capables de rivaliser avec le triple champion du monde des rallyes Sébastien Ogier, alors qu'il était initialement voué à être 3e pilote chez Hyundai.
Au-delà de sa victoire, Paddon estime que la bataille avec Ogier et Jari-Matti Latvala, "c'est bon pour la confiance pour le reste de la saison. En performance, je pense qu'on peut faire encore mieux", se réjouit-il, alors qu'à 29 ans (depuis la semaine dernière) il entame sa troisième saison dans l'écurie sud-coréenne, qui loue son travail acharné.
Paddon a débuté en 2007 en Mondial des rallyes, s'est fait repérer grâce à son niveau de performance dans des voitures moins puissantes. Puis il a passé un cap en 2014, quand il a rejoint Hyundai Motorsport dans la catégorie reine (WRC).
Timide au début, il s'est bien intégré dans l'équipe. "C'est un perfectionniste, son travail est en train de payer", résume Michel Nandan, le patron français de Hyundai Motorsport.
"On le suivait depuis longtemps. 2014 a été une année d'apprentissage. En 2015, premier podium (2e en Sardaigne), il a franchi un cap et enchaîné les bons résultats", note-t-il. Pas surpris par son éclosion tardive au plus haut niveau, chose courante pour un rallyman, il lui a dans la foulée fait signer un contrat de trois ans, jusqu'en 2018.
En trois courses cette année, avant l'Argentine, Paddon avait déjà égalé ses meilleures marques de 2015, en terminant 2e en Suède et 5e au Mexique, pour son 50e départ en WRC depuis 2007. Ses deux coéquipiers, le Belge Thierry Neuville et l'Espagnol Dani Sordo, ne peuvent présenter un bilan aussi favorable cette année.
- Nerfs solides -
Au classement général du Championnat du monde, avec 57 points, Paddon pointe désormais au 2e rang, derrière l'intouchable Ogier (96 pts). Il devance Sordo de 13 points et Neuville de 34. Un bilan bien plus favorable que l'an dernier à la même époque, sur les pistes argentines: il avait perdu le contrôle de sa Hyundai et fauché des spectateurs postés dans une zone interdite. Ceux-ci se sont remis de leurs blessures.
Après cette victoire historique, Paddon aura le temps de réaliser qu'il a battu Ogier en WRC, le temps du voyage en avion vers son pays natal, pour participer, avant le rallye du Portugal, à une manche du championnat de Nouvelle-Zélande.
Plutôt cricket que rugby, Hayden Paddon pense rallye jour et nuit. "Le rallye, c'est toute sa vie. Il est déterminé, passionné, c'est un gros travailleur", dit Katie Lane, sa compagne et attachée de presse, qui l'accompagne toute la saison.
Bon mécanicien, il connaît tous les métiers du rallye. Pour les ingénieurs, il est précieux pour les réglages car il aime se plonger dans les chiffres, les statistiques. Et pour améliorer sa conduite sur asphalte, il prend des cours en France avec le pilote français Nicolas Bernardi.
Des trois pilotes Hyundai, c'est celui qu'on voit le plus à l'usine d'Alzenau, en Allemagne, confie un membre de l'équipe coréenne. En Argentine, il a démontré qu'il était le seul capable de suivre le rythme imprimé par les Volkswagen. La clé de sa victoire, c'était "la constance dans la performance", juge Hayden.
"Je ne m'attendais pas à être à ce niveau en Argentine, ce n'est pas ma course favorite. C'est bon pour la confiance", dit le Kiwi, fils d'un rallyman né dans une famille de passionnés. Même sa grand-mère a fait le déplacement pour le soutenir en Argentine.
Là-bas, Paddon a aussi démontré qu'il a les nerfs solides. Quand le triple champion du monde est revenu à 2,6 secondes, il a trouvé les ressources pour accélérer et repousser la Polo-R à 14 secondes, en signant le meilleur chrono de la Power Stage finale (ES18), sous la pression. La marque des grands.
L'émergence de Paddon au plus haut niveau est une bonne nouvelle pour Ogier. "C'est un adversaire sur lequel il faut compter, dit le Français. J'aime la bagarre, je ne demande que ça".