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© AFP/FRANCK FIFE
Sébastien Loeb (Peugeot) lors du contrôle technique du Dakar-2017 à Asuncion, le 31 décembre 2016
Jamais Le Dakar n'aura autant roulé à haute altitude en Amérique du Sud: six jours à plus de 3500 mètres, à compter de jeudi, pour des retrouvailles prolongées avec un environnement hostile tant aux hommes qu'aux véhicules.
L'organisation l'a promis, ce 39e Dakar devrait être le "plus dur" de l'ère sud-américaine, entamée en 2009. En référence au Vendée Globe, le directeur de la course, Etienne Lavigne, a même parlé à l'AFP de plonger les concurrents "dans les quarantièmes rugissants".
L'altiplano bolivien sera un des éléments de la tempête, faisant frémir même les pilotes les plus capés, qui l'ont expérimenté deux jours en 2015 et quatre en 2016. En cause: le mal des montagnes dû au manque d'oxygène, synonyme d'essoufflement et de fatigue, voire de maux de tête et de vomissements.
"On sait que ces phénomènes de montagne peuvent nous surprendre à tout moment, témoigne Stéphane Peterhansel, douze fois vainqueur du Dakar depuis ses débuts en 1988. "Si on a un coup de moins bien sur une journée, on peut tout perdre, et c'est vrai pour tous les pilotes, même ceux qui ont passé du temps en altitude et se sont bien préparés."
- Chambre hyperbare -
Le Dakar-2017 atteindra jeudi, entre San Salvador de Jujuy (Argentine) et Tupiza (Bolivie), son altitude de croisière pour les six prochains jours: 3500 m, avec des pointes à 4500 m.
Suivront deux étapes pour rallier La Paz, où la journée de repos, dimanche, ne soulagera probablement pas les plus touchés, la capitale bolivienne étant la plus haute au monde (3600 m).
Et le lendemain lundi, il faudra repartir pour une première partie d'étape marathon à l'issue de laquelle les pilotes ne disposeront pas d'assistance pour bichonner ou réparer leur véhicule. La soirée promet d'être longue au bivouac d'Uyuni (Bolivie), avant de reprendre la route pour Salta (Argentine)...
Pour lutter contre le mal des montagnes, anciens et modernes s'opposent dans la caravane du Dakar.
Certains, comme Stéphane Peterhansel ou Daniel Elena, le copilote de toujours de Sébastien Loeb, s'acclimatent en marchant en montagne. D'autres, comme Loeb, son coéquipier Cyril Despres ou encore le Qatari Nasser Al-Attiyah, malade en 2015, ont opté pour la technologie, passant plusieurs nuits dans des espaces recréant les conditions de l'altitude.
"J'habite déjà à 1500 mètres dans les Pyrénées. Et depuis maintenant un petit mois, j'ai une chambre hyperbare où on limite l'oxygène. Je passe mes nuits à 2500, 3000, 3500 mètres et il y a un programme d'entraînement qui va avec durant journée", expliquait Despres fin novembre.
- 'Méthode de grand-mère' -
© AFP/NORBERTO DUARTE
Sébastien Loeb au volant de sa Peugeot lors du Dakar-2017, le 30 décembre 2017 à Asuncion
Si cela ne suffisait pas, les organisateurs disposent de bouteilles d'oxygène et de caissons de décompression pour les plus atteints, précise Florence Pommerie, directrice médicale du Dakar.
A moins que les concurrents ne préfèrent la "méthode de grand-mère" locale préconisée par David Casteu , treize Dakar au compteur, aujourd'hui manager du team moto Sherco. "J'ai mâché de la coca pendant tous mes voyages ici, ça oxygène énormément, ça a fonctionné très bien sur moi", assure-t-il.
La montagne peut accabler les hommes et elle n'épargne pas non plus les véhicules. Sur un parcours qui plus est jalonné de dunes, la difficulté est réelle, explique Peterhansel.
"En gros, on va perdre 10% de puissance tous les 1000 mètres en altitude (...) Ca veut dire franchir des obstacles avec des voitures presque moins puissantes que des voitures de série. Là, ça va se compliquer", prophétise-t-il.
Alors les équipes qui le peuvent testent leurs bolides en altitude avant Le Dakar, comme Peugeot Sport sa nouvelle 3008 DKR, pilotée par Cyril Despres début décembre au Chili, jusqu'à 4700 m.
Si malgré cela la haute montagne bolivienne n'épargne pas les véhicules, reste à espérer qu'elle oublie les mécaniciens, plaisante-t-on, résigné, au sein des teams.