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© AFP/Patrick Hertzog
Le Strasbourgeois Maxime Zianveni (centre) à la lutte avec Chris Warren (gauche) et Juan Palacios de Nanterre pendant la finale de playoff à Strasbourg, le 31 mai 2013
L'épopée du club de basket de Nanterre, qui peut être sacré champion de France de ProA samedi, représente une fierté dans cette grande ville de région parisienne contrastée, marquée par son histoire et souvent associée à son activité judiciaire.
"Des supporters nous disent que l'on redore le blason de la ville, que nos résultats font penser à autre chose qu'au monde de la criminalité avec le tribunal de Nanterre", explique Jérémy Nzeulie, 22 ans et arrière de la JSFN (Jeunesse sportive des Fontenelles de Nanterre), formé au club.
"Comme bon nombre de communes de banlieue, Nanterre ne jouit pas d'une très bonne image. Elle fait parler d'elle pour les faits divers. Et là c'est l'occasion de la promouvoir à travers le sport", abonde Emmanuel, un supporter de 42 ans, qui suivait déjà l'équipe lorsqu'elle évoluait en ProB.
Patrick Jarry, maire (App. PCF) de Nanterre, quelque 90.000 habitants (la 7e ville d'Ile-de-France en 2010 selon l'Insee), parle de "fierté" et de "reconnaissance". "Cela vient casser les stéréotypes sur la banlieue" où "on travaille, on fait des efforts, on réussit et parfois même au-delà de toutes les espérances, contre tous les pronostics", estime-t-il.
Pierre Creuzet, chef du groupe d'opposition MoDem-PRG, souligne pour sa part la "ferveur" créée par le parcours de la JSFN, qui a battu mardi soir Strasbourg au stade Pierre-de-Coubertin à Paris devant 3.800 spectateurs en grande majorité vêtus de vert, la couleur du club.
"Cela réconcilie entre eux les gens de tous les quartiers de Nanterre qui viennent soutenir leur équipe", ajoute l'élu, évoquant les secteurs défavorisés du Petit Nanterre et de Pablo-Picasso et ceux, plus bourgeois, du centre-ville et du Mont-Valérien.
Bastion communiste depuis 1935, la ville des Hauts-de-Seine compte 54% de logements sociaux, et 23% de ses habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Mais elle a aussi une importante activité administrative, avec notamment la présence de la préfecture et du conseil général de l'un des plus riches départements de France. Nanterre bénéficie par ailleurs d'une manne financière importante grâce à son activité économique, la présence de bureaux et l'extension du quartier d'affaires de la Défense.
© AFP/Patrick Hertzog
Le joueur de Nanterre Johan Passave-Ducteil (gauche) au contact avec Nicolas De Jong de Strasbourg, le 29 mai 2013
Selon Patrick Jarry, le parcours de la JSFN, équipe multiethnique, fait aussi écho à un pan de l'histoire de la ville et rend hommage à ses "migrants" qui l'ont construite, "au sens strict du terme" mais aussi socialement parlant. Des migrants venus du Maghreb, qui ont vécu pour la plupart dans les bidonvilles pendant la pénurie de logements en 1950-60.
Des hommes et des femmes venus également d'Europe du sud comme d'Auvergne, de Corrèze ou encore de Bretagne, à l'instar des Donnadieu père et fils, qui ont relancé en 1987 le club pour le faire monter du plus bas niveau, la Départementale (13e niveau français), à la finale de ProA, sans jamais aucune descente.
Le tout avec un faible budget (2,6 millions d'euros, l'avant-dernier du championnat), une salle antédiluvienne de seulement 1.500 places et un statut d'association quand les autres clubs de l'élite sont des sociétés.
Plutôt "foot" à la base, Emmanuel, installé à Nanterre depuis 2005, dit avoir été "rapidement séduit" par l'équipe et l'état d'esprit de ses dirigeants, des gens "accessibles" et qui "n'ont pas le melon".
"Le week-end, quand on croise Jean Donnadieu (le président, ndlr) au marché, il prend toujours cinq minutes pour discuter", souligne-t-il. Quant à Pascal Donnadieu, l'entraîneur, "il vous salue quand il vous croise dans la rue".
Outre qu'il est "proche" de son public, le club ambitionne aussi d'être "un vecteur de notoriété positive" pour la commune et de "tenir un rôle social et éducatif en accompagnant des jeunes et des adultes en difficulté".
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