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© AFP/Felipe CAICEDO
Le Colombien Jhonathan Florez lors de la 2e édition du Mondial de wingsuit, le 31 octobre 2013 à Bogota
Quand un wingsuiter rencontre un surfeur, qu'est-ce qu'ils se disent?: "Mais tu es fou!" Regards croisés de ces fêlés des sports extrêmes.
"Au surfeur, au skieur ou au wingsuiter, je leur dis: +Mais tu es fou de faire ça, tu es malade, c'est dangereux!+ Et eux me disent la même chose! Tu es fou d'aller à 100 m de profondeur!", s'amuse David Carrera, apnéiste de son état.
Cet Italien, qui repousse sans cesse les limites à coups de records du monde, a découvert les mondes de ses comparses à l'occasion d'un film, "Don't crack under pressure - Season two".
Réalisé dans le cadre de la Nuit de la glisse - festival de sports extrêmes -, le film, réalisé par Thierry Donard et diffusé dans plus de 1000 salles en Europe puis dans le monde, mélange les genres avec pour dénominateur commun la glisse et le goût de l'extrême.
Seize +riders+ ont partagé la vie de l'autre. A ce jeu-là, c'est le wingsuiter suisse Mathias Wyss qui a le plus fasciné.
"C'est sans doute le plus fou. C'est le seul truc où vous ne pouvez pas vous arrêtez une fois que vous êtes lancé. Et si vous stoppez...", relève le Norvégien Karsten Gefle, adepte du ski freeride (dévaler des pentes montagneuses sur des pistes non balisées).
- 'Accroché à la vie' -
© AFP/Felipe CAICEDO
Des compétiteurs lors de la 2e édition du Mondial de wingsuit, le 31 octobre 2013 à Bogota
Wyss est ce qu'on appelle un +homme volant+, il s'élance dans le ciel depuis un avion, équipé d'une tenue en forme d'aile (wingsuit) qui lui permet de planer.
Mais lui assure qu'il n'est pas fou. "Je suis réellement une personne responsable", plaide-t-il, fort de ses 2000 sauts. Et pour lui aussi, les fous, ce sont les autres.
"Je trouve que les skieurs sont fous, que les surfeurs sont complètement fous. Ce que je fais leur paraît surréaliste parce que très peu d'entre eux ont déjà sauté d'un avion et encore moins porté une wingsuit. Mais une fois que vous êtes dedans et que vous vous entraînez régulièrement, vous vous rendez compte que ce n'est pas si fou que ça", assure-t-il.
Wyss ne se sent pas différent des autres larrons. "On a tous la même mentalité: on adore être dans la nature, se donner à 150%, partir à l'aventure, essayer de nouvelles choses et repousser les limites".
Un discours largement partagé alors que tous parlent de la famille des sports extrêmes, et que certains voient nombre de similitudes. Seul l'environnement diffère.
Matahi Drollet, un Tahitien prodige du surf, est allé à la rencontre de la neige, chez Gelfe, dans les fjords norvégiens.
"Je suis admiratif de ce qu'ils font. Quand j'ai essayé le snowboard, je me suis cassé les deux bras! Et c'était même pas extrême!", raconte le jeune homme de 20 ans, habitué des grosses vagues de 15 mètres et qui flirte avec le danger.
"On dit qu'on est des fous mais on est plus accroché à la vie qu'eux", dit-il.
- Addict -
Et pourtant, il risque sa vie à chaque plongeon en mer! C'est ce qui l'anime.
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Le Tahitien Matahi Drollet lors du Billabong Pro de surf, le 9 août 2014 à Teahupoo en Polynésie française
"Les vagues sont vraiment massives, tu peux te noyer, te couper sur le corail, taper la tête sur la planche, être inconscient et partir. On a perdu beaucoup de Tahitiens comme ça. Et tu peux te faire bouffer par un requin aussi!".
Et d'ajouter: "J'ai presque perdu mon oeil à cause de la pointe de ma planche. Mais ce n'est pas ce qui va nous arrêter, ça nous motive encore plus".
Drollet a été épaté par le snowboard et, bien sûr, chez les snowboarders, le surf est une folie pure.
"Le surf m'impressionne. Jamais de ma vie je ne surferai une telle vague! Je ne veux pas mourir!", affirme l'Américain Matt Annets, "addict au snowboard".
Tous ou presque vivent de leur passion, sans limite mais avec une parfaite maîtrise. La folie en toute conscience.
"Chacun dans notre coin, on est allé là ou l'homme conventionnel n'a pas envie d'aller. Après, pourquoi on y va... Est-ce pour être différent ou est-ce être nous-mêmes que d'être à ces endroits-là?", conclut le Français Eric Deguil, spécialiste du kayak extrême.