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© AFP/Jean Pierre Muller
L'Australien Mitchel Coleborn lors de la Lacanau Pro, le 18 août 2012.
Le surf, en vitrine mi-août à Lacanau (Gironde) avec l'étape du circuit pro mondial, affiche sa croissance insolente en France depuis 4-5 ans, séduisant tous âges et milieux, au point de crééer des embouteillages sur les vagues d'été: prémice d'une saturation à venir ?
Dans l'eau à Lacanau, Moliets, Messanges, le spectacle se répète: des cohortes d'enfants, d'adolescents, en lycras fluos "d'élèves" encadrés d'un moniteur, barbotent au premier jour, se dressent sur la planche au deuxième, et s'offrent une glisse décente en fin de semaine.
"L'été prochain, je m'y mets aussi.. J'aime l'idée d'un jour surfer avec lui", avoue à l'AFP Emmanuel Soules, 33 ans, vacancier de Bretagne qui voit avec un peu d'envie son petit Paul, 6 ans, se faire culbuter par les vagues de Lacanau, et en redemander hilare.
L'Aquitaine comptait 90 écoles de surf en 2011, selon le comité régional de surf: 20% de plus qu'en 2010, et moins qu'en 2012. Leur explosion donne la mesure de l'essor, bien plus que le nombre de licenciés (10.600) d'un sport par nature associé aux pratiquants "libres" (au moins 150.000).
"Ca se démocratise vitesse grand V, ça va devenir comme le ski. Ce ne sont que les prémices, ça va exploser", prédit Cyril Redon, président du nouveau syndicat d'écoles de surf SNESF. "C'est une bonne nouvelle pour la discipline, mais maintenant il faut qu'on encadre".
Car par endroits "ça bouchonne dans les mousses" (rouleaux de bord), note Arnaud Darrigade, conseiller technique fédéral des Landes.
"Ces cinq dernières années, la croissance a été exponentielle", convient Laurent Rondi, président du doyen des clubs de Gironde. "Ca peut à terme poser des problèmes de place, de sécurité, de qualité d'encadrement".
© AFP/Jean Pierre Muller
Un surfeur à Lacanau, le 18 août 2012.
"Nous avons déjà des clients qui commencent à s'en plaindre", appuie Redon, dont un grief est la (libre) concurrence de "surf camps" étrangers, qui viennent investir tout l'été un bout de spot.
A l'heure d'expliquer l'attrait du surf, parents et éducateurs citent un patchwork: image "cool", mode surfwear, écho de champions qui sort peu à peu d'un monde d'initiés, aura d'un sport "nature", indissociable d'une éducation de la mer, de l'environnement.
"On commence à voir des gamins avec de bonnes attitudes spontanées", note Darrigade. "Qui ramassent sur la plage des déchets qui ne sont pas les leurs, pour les jeter".
"Le ski s'était démocratisé par le +bas+: au départ un peu aristo, gagnant les classes moyennes, puis populaires", se souvient Redon. Le surf par contre, "c'était jadis l'image des +beach bums+, +glandeurs des plages+ qui passaient leur temps à surfer. Et là, ça récupère tout le monde".
Les planches modernes, plus légères, stables et indulgentes avec le débutant, facilitent l'essor. Et les sensations, garanties pour peu qu'on persévère, assurent la fidélisation.
Mais plus d'un acteur s'inquiète des étés à venir si la courbe de croissance se poursuit: "Si on peut ajouter une piste à une station de ski, on ne peut pas agrandir une vague ou un banc de sable", note Redon.
Reste au moins à gérer la croissance: les municipalités, comme déjà au Pays basque ou dans les Landes, peuvent édicter le partage de l'espace sur leur sable et les clubs s'ancrer comme gardiens des règles, en prônant une certaine éthique.
Au-delà, la solution au problème d'espace viendra qui sait de la généralisation de piscines à vagues, voire de projets fous comme la piscine à vague circulaire et infinie, sur laquelle planche le "King" Kelly Slater (11 titres mondiaux).
D'ici là, la côte Aquitaine et ses 250 km recèle encore des vagues non saturées, tempère le milieu. A fortiori hors saison, si l'on est prêt à marcher quelques kilomètres, et à se lever tôt.
Et puis l'Océan autorégule, sourit Rondi: "quand c'est gros (les vagues), il opère sa sélection naturelle", car plus personne ne va à l'eau.