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Longtemps incontestable car incontesté, le pilier droit du XV de France Nicolas Mas , âgé de 34 ans, compose sereinement avec une concurrence accrue à l'aube de son dixième et probablement dernier Tournoi des six nations, qui s'ouvre samedi face à l'Ecosse.
C'est un peu son gimmick, répété à l'envi lors de ses interviews: "L'équipe de France n'appartient à personne." Pas même à lui donc, malgré ses 12 ans d'expérience internationale, ses 63 titularisations en 76 sélections, à un poste où le réservoir français n'est pas passé loin de se tarir ces dernières années.
Un peu seul au milieu du désert, le Montpelliérain a logiquement prospéré en Bleu en traversant les ères, avant l'émergence récente de deux talents, le Parisien Rabah Slimani (25 ans, 10 sél.) et le Rochelais Uini Atonio (24 ans, 3 sél.) qui contestent sa mainmise sur le côté droit de la mêlée. De quoi semer la zizanie dans la grande confrérie des première ligne?
"Nos relations sont très bonnes avec Rabah et Uini", rétorque le Catalan d'origine. "C'est l'avenir du rugby français et donc il faut qu'on s'entraide, pour l'équipe de France."
"Il faut avoir une réaction intelligente", vis-à-vis de la concurrence, poursuit-il. "Mais j'ai encore envie d'exister et de prouver que j'ai toujours le potentiel de jouer à ce niveau."
Surtout, "le Bus" (1,80 m, 109 kg), tel qu'on le surnomme depuis des années, se sait arrivé à un tournant, proche du terminus, sans doute après le Mondial à l'automne.
- 'C'est difficile' -
"Il faut savoir s'arrêter, souligne-t-il. Il y a une vie après le rugby. J'ai mes trois enfants qui ont 9 ans, 6 ans et 19 mois. C'est beaucoup de plaisir de venir ici mais en même temps c'est difficile pour ma femme qui est toujours toute seule."
Porté par l'envie "d'engranger un maximum de souvenirs, d'en profiter à fond", le voilà aussi investi d'un rôle hybride, entre simple soldat et conseiller de la nouvelle génération. "Je ne suis pas quelqu'un qui donne souvent des leçons, mais si eux me le demandent, c'est avec grand plaisir, dit-il. Je suis quelqu'un de timide au départ mais quand j'aime les gens, tout va bien."
S'il avait quelque chose à transmettre en particulier, ce serait avant tout la faculté de s'adapter dans un rugby toujours plus exigeant.
"Les approches sont différentes maintenant", appuie-t-il. "Il y a la mêlée mais aussi les soutiens, les rucks, les plaquages... Il faut faire beaucoup de choses. Quand il faut tenir 15 secondes en mêlée, se relever et courir partout, c'est difficile."
- 'Je ne vais pas faire l'ancien' -
Et c'est d'un oeil circonspect qu'il a observé l'amendement de certaines règles en mêlée, notamment celle, récente, ayant entraîné la suppression de l'impact.
"Je ne vais pas faire l'ancien qui regrette et dit tout le temps +avant c'était mieux+, prévient-il. Mais il y a eu un changement de règle auquel j'ai eu beaucoup de mal à me familiariser au départ."
"C'est plus technique et surtout plus dur dans l'affrontement, ajoute-t-il. Les deuxième ligne te mettent beaucoup de pression et ça peut être long. On est vraiment pris en étau. Mettez-vous entre deux murs qui vous poussent..."
Incarnation de ce travail ingrat, Mas, pilier de mêlée avant tout, plaide en guise de testament pour la reconnaissance à sa juste valeur de cette phase de jeu que "beaucoup de gens décrient".
"Ils disent qu'on y reste trop longtemps, que ce n'est pas beau, qu'ils veulent du jeu... Ils aiment mieux un trois-quarts qui court partout qu'un avant qui ne fait que des mêlées", estime-t-il.
"Les gens peuvent aussi comprendre tous les efforts que l'on fournit sur ce secteur, renchérit-il. C'est une culture française, ancrée depuis des années, il ne faut pas que l'on perde ça sinon c'est la mort du rugby. Les jeunes ne joueront plus piliers, les types feront tous 2 mètres."
"Notre race (sic) n'existera plus, déplore-t-il encore. Et des petits comme moi il n'y en aura plus."
Vainqueur Matches Gagnés Nul Perdus Pp Pc Diff Pts bonus Pts total 1996 Nouvelle-Zélande 4 4 0 0 119 60 +59 1 17 1997 Nouve... |