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© AFP/Franck Fife
Le manager du XV de France Philippe Saint-André le 16 mars 2013 contre l'Ecosse au Stade de France, près de Paris
Après la dernière place du XV de France dans le Tournoi des six nations, le manager national Philippe Saint-André a tiré la sonnette d'alarme, pointant une situation défavorable comparée à ses rivaux et qu'il souhaite voir modifiée dans le cadre de négociations avec les clubs.
Le débat est récurrent dans le rugby français. Mais la dernière place du Tournoi, inédite depuis 1999, a ravivé les positions à l'entame des discussions pour renouveler la convention entre la Ligue nationale (LNR, représentante des clubs) et la Fédération (FFR). Cet accord arrive à échéance le 30 juin prochain et fixe notamment la mise à disposition des internationaux.
"On a le sentiment de ne pas se battre à armes égales avec les autres nations", a répété samedi l'encadrement, composé de Saint-André et de ses adjoints Yannick Bru (avants) et Patrice Lagisquet (trois-quarts).
Dimanche, PSA a explicité ses doléances: limiter le nombre de matches des internationaux, une "vraie intersaison avec cinq semaines de développement physique, technique", davantage de temps de jeu en club pour les joueurs français et, "on peut rêver", 13 jours de préparation comme ses cinq nations concurrentes, au lieu d'une dizaine actuellement.
Lundi, devant une douzaine de journalistes conviés pour "débriefer" le Tournoi, l'encadrement a appuyé ses propos en comparant avec les autres nations majeures du rugby.
Le constat, déjà connu, est éloquent. Un international français peut jouer jusqu'à 43 matches par saison, contre 31 pour un Sud-Africain, 26 pour un Néo-Zélandais ou un Australien et 27 pour un Anglais, un Ecossais ou un Gallois.
Un international français est présent avec la sélection pendant 87 jours, contre 97 jours en Afrique du Sud, 103 en Italie, 119 en Angleterre, 146 jours en Nouvelle-Zélande.
© AFP/Raymond Roig
Le président de la Ligue nationale de rugby (LNR) Paul Goze, le 22 novembre 2012 à Perpignan
Accord sur les Jiff?
Autre problème pointé: le réservoir de joueurs français s'épuise à certains postes en raison de la présence d'étrangers dans le Top 14, le championnat le plus lucratif au monde.
"Seulement 22% des piliers droits sont sélectionnables en équipe de France, et 5% sont des premiers choix dans leurs clubs, a déploré Saint-André. Pour les ouvreurs, c'est 44% et 12% de premiers choix. Chez les ailiers, c'est 40% dont 14% en premier choix".
Entre les clubs, aux impératifs de résultats sportifs et économiques immédiats, et un XV de France "en danger" (dixit PSA) mais adossé à une FFR aux moyens financiers bien moindres que ceux des clubs, faire progresser la situation ne s'annonce pas chose aisée. Les discussions devraient être un rude bras de fer.
"Les clubs et le Top 14 sont souvent le bouc émissaire quand les résultats sont décevants", a affirmé à l'AFP le président de la LNR, Paul Goze, tout en se disant favorable à une "amélioration".
Il s'est dit prêt à ce que le dispositif des Jiff, qui fixe un quota de "Joueurs issus des filières de formation" dans un club, s'applique à chaque feuille de match plutôt qu'à l'effectif global. "Ce dont parle Saint-André me paraît tout à fait en harmonie avec nous", a-t-il estimé.
Il a en revanche mis en doute la possibilité de voir les joueurs passer plus de temps en sélection, au détriment des clubs. "Ce n'est pas parce qu'on a trois jours de plus qu'on fait un match extraordinaire. C'est une mesurette", a-t-il estimé.
Outre le casse-tête d'un calendrier surchargé -le Top 14 est le championnat d'élite qui compte le plus d'équipes- les clubs pourraient également demander des compensations financières que la FFR n'est pas en mesure de fournir.
Mais officiellement, tout reste ouvert. "On veut favoriser l'éclosion du XV de France sans que ça nous pénalise", assure Paul Goze.