Happy Birthday : |
© AFP/Pascal Pavani
Le troisième ligne centre de Castres Alain Carminati (D) ouvre sous le regard du Grenoblois Aubin Hueber, le 5 juin 1993 lors de la finale du championnat de France, au Parc des Princes
La finale du Top 14 oppose samedi Toulon à Castres, deux équipes qui n'ont plus remporté un titre de champion de France depuis respectivement 21 et 20 ans.
. CASTRES 1993: UN TITRE ET UNE POLEMIQUE
Le 5 juin 1993, Castres joue contre Grenoble sa quatrième finale de Championnat. Son parcours jusqu'au Parc des Princes est entaché d'une polémique: en quart de finale face à Narbonne, les Tarnais ont fait entrer un remplaçant de trop. Après une réclamation, la Fédération fait rejouer le match en prenant en compte le score (victoire de Castres 38-33). Les Tarnais gagnent à nouveau (33-21) et se qualifient avec un score cumulé de 71-54. En demi-finale, ils éliminent d'un point (17-16) le tenant du titre Toulon.
Les Castrais n'arrivent pas en favoris face aux surpuissants "mammouths" de Grenoble (Merle, Brouzet, Chaffardon, Taofifenua) entraînés par Jacques Fouroux qui ont battu Agen en demi-finale (21-15).
Bien que dominateurs, les Grenoblois ne comptent que deux points d'avance quand à la 62e minute l'ouvreur castrais Francis Rui tape une chandelle. L'Isérois Franck Hueber rattrape le ballon de volée, aplatit dans l'en-but sous la pression d'un adversaire, puis relâche le ballon et le deuxième ligne néo-zélandais de Castres Gary Whetton aplatit à son tour. L'arbitre Daniel Salles accorde l'essai, convaincu que le Grenoblois n'a pas réussi à contrôler le ballon. Les images montreront clairement que Hueber avait aplati et que l'essai n'était pas valable. Castres s'impose finalement 14-11.
Ancien entraîneur du XV de France, Jacques Fouroux , en conflit ouvert avec la Fédération dirigée par Bernard Lapasset, crie au complot. Après la rencontre, à la question "comment avez-vous trouvé cette finale ?", il répondra: "Salles. Très Salles". "Mais c'est difficile pour M. Salles, qui est d'Agen ne l'oublions pas et choisi par Ferrasse (ex-président de la FFR) et Lapasset qui sont d'Agen et ne sont pas mes amis comme on le sait", ajoute-t-il. Les Castrais, eux, sont tout à leur joie. "Cette victoire est inoubliable, raconte le centre Adrian Lungu. J'étais en France depuis deux ans et moi, le Roumain, je me suis senti Français ce jour-là".
© AFP/Jean-Loup Gautreau
Le capitaine biarrot Serge Blanco
(balle en main) face au capitaine toulonnais Eric Melville
(G), le 6 juin 1992 lors de la finale du championnat de France au Parc des Princes à Paris
Treize ans plus tard, Daniel Salles dans ses mémoires admet son erreur mais dément avoir subi des pressions.
. TOULON 1992: L'HEUREUSE SURPRISE
"En 1987, le titre était programmé. En 1992, c'est totalement différent, c'est une véritable surprise", résume l'ailier toulonnais de l'époque Pascal Jehl. Atteindre la finale était même inimaginable quelques semaines auparavant, alors que le RCT disputait un barrage pour éviter la relégation ! "On avait tellement galéré tout au long de la saison qu'on n'avait rien à perdre. Ce dernier titre s'est joué sur l'appétit, sur l'insouciance et la confiance. A la fin, on se croyait invincible", ajoute-t-il.
"Ce qui est fou, c'est le pari de Jean-Claude (Ballatore, l'entraîneur) qui avait décidé de préparer une nouvelle génération. Il était persuadé que les Orsoni, De Rougemont, Teisseire, Delaigue, Périé avaient un réel talent. Il les a imposés et soutenus. Cette année-là, il y avait un peu de folie mais surtout beaucoup de talent", confie le capitaine Eric Champ , qui a manqué la finale après avoir reçu un carton rouge en demi-finale du Challenge Yves-du-Manoir, disparu depuis.
Face au Biarritz de Serge Blanco , qui dispute à cette occasion son dernier match, les Toulonnais jouent crânement leur chance et mènent à la pause (9-7). Ils creusent l'écart au retour des vestiaires avec un essai de Jean-Christophe Repon (46e). "Je me rappelle la mêlée enfoncée, la libération de Louvet, la sautée de Delaigue interceptée par Trémouille qui perce et me la file", raconte le centre. Deux drops de Yann Delaigue et Aubin Hueber scellent la victoire varoise et brisent le rêve de Blanco qui voulait offrir au BO son premier Bouclier de Brennus depuis 1939.