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© AFP/Gaizka Iroz
Le troisième ligne du Stade Français Pierre Rabadan (g.) lors d'un match de Top 14 contre Biarritz, le 12 mai 2012, au stade Aguilera.
Le troisième ligne Pierre Rabadan est le dernier joueur du Stade Français à avoir connu les heures de gloire au tournant des années 2000 mais ne veut pas que le club parisien, qui affronte samedi son voisin du Racing-Métro, vive pour "recréer" ce passé.
A 32 ans, Rabadan est le dernier "historique" parisien, vainqueur des quatre derniers titres de champion de France (2000, 2003, 2004, 2007), présent dans un effectif en pleine reconstruction.
Après trois ans sans phase finale, la nostalgie pointe régulièrement parmi les supporters. Comme un message, le président Thomas Savare a fait appel en mai dernier à de glorieux anciens, Richard Pool-Jones (manageur), Christophe Laussucq (entraîneur des trois-quarts) et David Auradou (entraîneur des avants), pour relancer le club.
Acteur de ces années dorées à leurs côtés, Rabadan ne veut pas être nostalgique. "Je ne me dis pas: +C'était mieux avant+. Il ne faut pas faire l'erreur de vouloir recréer exactement ce qui s'est passé à cette époque: les joueurs sont différents, l'environnement est différent, le rugby est un sport différent...", estime le joueur.
Il est arrivé d'Aix-en-Provence au Stade Français à 18 ans, alors qu'il n'envisageait pas encore une carrière de joueur professionnel. Après des titres en catégories de jeunes, il arrive à intégrer le groupe professionnel à la faveur des absences des internationaux partis à la Coupe du Monde 1999.
"C'était un groupe performant, exigeant entre eux, avec des joueurs du top niveau mondial à l'époque et qui portait vraiment le club par ses résultats", se souvient-il.
"J'ai compris petit à petit qu'on avait un fonctionnement différent. Ca a été une force. Il y avait déjà matériellement un gros problème de structures, on n'avait pas de terrain d'entraînement. On en avait fait une force, on mangeait ensemble tous les midis. On arrivait d'horizons différents, de France et d'ailleurs, on avait créé une petite famille. Et en plus, les résultats étaient présents", poursuit-il.
"Ces résultats ont longtemps masqué des carences dans les structures et dans le fonctionnement, qu'on avait identifiées mais qui n'étaient pas des priorités. En 2003 et 2004, on finit champion mais on ne fait pas des saisons régulières, c'était significatif. Mais quand on est champion, on oublie tout", souligne-t-il.
Ces "erreurs stratégiques, financières, sportives" ont mené lentement le club en milieu de tableau de Top 14 et au bord de la faillite économique en juin 2011.
Avec l'apport financier de la famille Savare, il reprend aujourd'hui corps progressivement avec notamment l'appui de sa formation (Slimani, Flanquart, Plisson, Bonneval..).
"Il y a un nouveau cycle avec des jeunes joueurs, c'est essentiel pour nous qui n'avons pas de gros moyens financiers. Il y a encore du travail à faire dans la structuration, le projet sportif... Mais tout ça va venir avec le fait qu'on ait une unité de lieu" dans le stade Jean-Bouin rénové, qui sera livré au printemps prochain.
Et Rabadan espère bien y évoluer. En fin de contrat en juin, il compte jouer encore "au moins deux ans", si possible au Stade Français.
En attendant, il disputera samedi un énième derby face à l'ambitieux voisin du Racing-Métro, une confrontation qu'il connaît depuis les catégories de jeunes: "Plus que la rivalité du derby, celui-là c'est un vrai match pour la qualification, pour avancer".