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© AFP/Remy Gabalda
Le créateur du géant pharmaceutique Pierre Fabre lors d'un match de Top 14 contre Brive le 6 mai 2010
La réussite de Castres, qui dispute samedi la finale du Top 14 contre Toulon, est aussi celle de son mécène aussi fidèle que discret, Pierre Fabre, créateur du géant pharmaceutique et cosmétique éponyme qui soutient le club financièrement depuis 25 ans.
L'homme est discret et sa parole rare. "Encore aujourd'hui, certains joueurs de notre club ne l'ont jamais rencontré", confie Laurent Labit, l'entraîneur des trois-quarts castrais et ouvreur lors du troisième et dernier titre de champion de France du club en 1993.
Sans le voir, tout le monde connaît ce pharmacien du pays aujourd'hui âgé de 87 ans qui a réussi à bâtir un groupe florissant de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, avec des filiales dans 42 pays et des produits diffusés dans plus de 130 pays. Jeudi, le président de la République François Hollande s'est même rendu dans le Tarn pour inaugurer l'extension d'une unité de production dermo-cosmétique du groupe.
Outre la création d'emplois dans un bassin économique limité, les Castrais lui sont reconnaissants de permettre à leur club, le Castres Olympique (CO), d'exister dans un environnement où la pression financière et la concurrence sportive ont été démultipliées.
"Sans le soutien et la fidélité de Pierre Fabre, le CO ne pourrait plus être en mesure de rivaliser. C'est notre atout numéro un. Le parcours de cette année est une reconnaissance et une récompense de sa fidélité", estime Pierre-Yves Revol, un de ses proches, président du club entre 1989 et 2008, puis président de la Ligue nationale de rugby (2008-2012) et aujourd'hui à la tête de la holding personnelle de Pierre Fabre qui regroupe plusieurs entreprises dont le CO.
"Pierre Fabre pourrait se passer du Castres Olympique mais le Castres Olympique ne pourrait pas se passer de Pierre Fabre", résume celui qu'on présente souvent comme le "fils spirituel" de Pierre Fabre.
"On a franchi un pas dans l'engagement en 1987, quand le club avait des difficultés. On a pris le contrôle du club, j'en ai pris la présidence et ça a créé une proximité" entre l'entreprise et le club, raconte-t-il.
Mais il est impossible de connaître le montant de la participation du groupe dans le budget du club, le 8e du Top 14 cette saison avec 15,61 millions d'euros. Un budget conséquent pour une ville de 45.000 habitants.
"L'apport est significatif, se contente de répondre Pierre-Yves Revol en signalant la présence de deux autres sponsors nationaux, l'assureur Matmut et le groupe alimentaire Bigard. On investit dans des limites qu'on juge raisonnables, c'est pour ça que notre budget reste stable depuis trois ans alors que les autres augmentent sensiblement."
Le président toulonnais Mourad Boudjellal, qui a financé personnellement la croissance fulgurante du RC Toulon (3e budget du Top 14), raille régulièrement le soutien des puissants groupes Michelin et Pierre Fabre aux clubs de Clermont et Castres. "Mais Toulon est une grande ville, c'est le club d'une région, rétorque Revol. Il est largement soutenu par les collectivités et a un potentiel de développement de ses recettes guichets et de partenariats beaucoup plus forts que nous. Nous n'avons pas tout ça, notre modèle est différent".
Et si son empire est mondial, Pierre Fabre a gardé un profond attachement à ses racines. "La fibre régionale est pour moi plus forte que tout", déclare-t-il jeudi au quotidien local La Dépêche du Midi dans une de ses rares interviews.
"Son engagement est un engagement citoyen, confirme Revol. En soutenant le club de rugby, il participe à la notoriété de la cité et à son dynamisme. Le rugby est une façon de fédérer nos collaborateurs autour d'une dynamique autre que professionnelle et de donner de la fierté à tout notre environnement".
Samedi au Stade de France, les supporters castrais devraient arborer les banderoles d'hommage à leur bienfaiteur qu'ils déploient habituellement au stade Pierre-Antoine. Et ils espèreront l'apercevoir, comme en 1993 où il était arrivé au Parc des Princes dans le bus de l'équipe.