Yacouba Camara est en train de s'imposer à 19 ans à l'aile de la troisième ligne du Stade Toulousain, grâce à des capacités physiques exceptionnelles et une insatiable soif d'apprendre, au moment où son club lutte pour les barrages du Top 14.

Le natif d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a profité des longues absences de Lamboley (genou) et Dusautoir (biceps), mais aussi des sélections, puis des blessures de Nyanga (cheville) et Picamoles (crête iliaque) pour faire son trou.

"Yacouba, s'il est sur le terrain c'est que le Stade lui fait confiance", assure sobrement le manager Guy Novès. Lors de la lourde défaite toulousaine au Munster (47-23) en quart de finale de la Coupe d'Europe, le véloce et infatigable flanker a été l'un des seuls Rouge et Noir à crever l'écran.

Avec déjà 15 matches de Top 14, quelques mois après avoir quitté Massy, alors en Pro D2, et la filière fédérale, Camara est "d'ores et déjà quasiment titulaire en Top 14", estime son entraîneur en équipe de France des moins de 20 ans, Fabien Pelous .

"Il a un bagage technique qui lui permet d'assumer ce niveau-là. Il a un potentiel physique exceptionnel, comme Fickou ou Tolofua. Pour l'instant, c'est LE joueur de sa génération", continue l'ancien international, qui le compare à un Yannick Nyanga (30 ans, 37 sélections) "avec pas mal d'années d'avance".

"Je porte sur lui un regard admiratif parce qu'il est très jeune mais déjà très mature, observe Nyanga. Au-delà de ses qualités, ce qui me marque c'est sa maturité. C'est un garçon qui a la tête sur les épaules, qui travaille beaucoup, qui est intelligent. S'il continue comme ça et que les petits cochons ne le mangent pas, on le verra encore là pendant longtemps. Il lui manque juste l'expérience et d'être confronté à toutes les situations. Ce n'est qu'une question de temps."

'Un diamant brut'

Du haut de son 1,93 m (pour 101 kg), ce fan de basket, impressionne par son calme, son investissement et son extraordinaire explosivité. Une dernière catégorie dans laquelle il détient le record des tests du Centre national du rugby (CNR) de Marcoussis, battant même ses aînés du XV de France.

"Etre rapide, explosif, ou fort c'est simple, explique Zeba Traoré, le préparateur physique du Stade Toulousain. Avoir cette qualité de manière résistante ou endurante, c'est assez spécifique. On a l'impression qu'il n'y a que sa volonté qui peut lui faire marquer le pas, et comme il a énormément de volonté, on a l'impression qu'il ne s'arrête jamais."

"En tant que personne, c'est quelqu'un de très intègre, très altruiste, très investi, insiste Traoré. Il met beaucoup de rigueur dans sa préparation. Il cherche à se construire de la bonne manière."

"C'est un joueur taiseux, qui s'exprime sur le terrain, qui applique vite les consignes et qui met en valeur son potentiel physique en touche et sur les plaquages, renchérit Pelous. C'est un exemple pour tous les autres."

Des louanges qui ne perturbent pas l'espoir. "Jusqu'ici tout va bien, note Camara. Je joue, j'en profite, j'apprends."

Le jeune homme se décrit lui-même comme "normal", qui occupe ses moments libres à "récupérer, aller au cinéma", jouer à la PlayStation et qui rêve d'aller un jour visiter le Mali, le pays de ses parents.

Et l'équipe de France ? "J'y pense depuis longtemps", confie l'intéressé. Certes, il devra encore progresser techniquement, mais rien de plus normal pour un joueur de 19 ans. "C'est un diamant brut qu'on est en train de ciseler", affirme Traoré.

Prochain passage sous la meuleuse, contre Oyonnax samedi, la 25e journée du Top 14. Camara et ses coéquipiers devront assurer leur qualification face à une équipe qui lutte encore pour le maintien.