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Ca sent la fin d'une époque à Toulon où le manager Bernard Laporte fera probablement ses adieux au stade Félix-Mayol dimanche face à Bordeaux, après cinq années de succès qui ont vu l'homme de Gaillac incarner parfaitement le club et sa région.
Leur rencontre, c'était comme une évidence: "Plus j'y pense et plus je me dis que mon caractère était fait pour entraîner le RCT", s'amuse auprès de l'AFP Bernard Laporte .
L'éruptif technicien s'est naturellement fondu dans le paysage varois, coloré par l'éxubérance de ses supporters et traversé par des folles passions, tellement outrancières vu du nord.
"La région est formidable d'autant plus que le rugby y est une religion", souligne Laporte, 51 ans. "Ca te donne une grande responsabilité d'être entraîneur du RCT, car tu es là pour donner du bonheur aux gens."
En offrant trois Coupes d'Europe et un Bouclier de Brennus au bouillant public varois, Laporte est en retour adulé sur la Rade. Cette saison, un drapeau à son effigie est apparu à Mayol, où il est écrit "Merci Bernie". Et il reçoit son lot d'encouragements en fendant la foule avant chaque match, comme il est de tradition à Toulon.
"Dimanche, l'arrivée en bus sera une des dernières. Je vais me dire: +tu ne le referas plus+. Il y aura de l'émotion", admettait-il vendredi.
- 'On se prenait pour des Toulonnais' -
Avant de se jeter entièrement dans la bataille pour la présidence de la Fédération (FFR), comme cela est prévu depuis un an, Laporte est encore animé par l'objectif d'un titre de champion de France. Une manière de clore en beauté son "aventure" entamée à l'automne 2011, lorsqu'il est appelé de dernière minute par le fougueux président Mourad Boudjellal pour remplacer Philippe Saint-André, débauché par le XV de France.
Auréolé d'une expérience de sept saisons à la tête des Bleus (2000-2007), il sort cependant de quatre années difficiles, marquées par un controversé passage en politique au gouvernement de Nicolas Sarkozy et des tentatives de reprise des clubs de Bayonne et du Stade Français. Loin, donc, du métier d'entraîneur en survêtement sur un banc.
Mais, pour comprendre son choix, il faut tenir compte de son admiration pour le RCT qui puise ses racines dans le passé, même avant cet épique et violent huitième de finale aller-retour qu'il avait disputé sous les couleurs de Bègles, contre Toulon, en 1991.
N'y avait-il pas emmené son épouse juste après leur mariage, "juste pour assister à un entraînement", dit-il ?
"Quand on était à Gaillac avec (son ami le talonneur Vincent) Moscato, on se prenait pour des Toulonnais", explique-t-il. "Moi j'étais (le demi de mêlée) Jérôme Gallion, Vincent était Bernard Herrero, ces mecs-là on les badait."
- 'Seul contre tous' -
"On aimait le côté rebelle, caractériel, un peu +seul contre tous car personne nous aime+", poursuit Laporte. "C'est ça l'âme de cette ville, qui avait été complètement bombardée, qui est coincée entre Marseille, Cannes et Nice et qui se sent un peu rejetée, à part."
En arrivant à Toulon, Laporte, un homme de réseaux, n'a pas débarqué en terrain inconnu.
Par exemple, dès 2000, il avait conseillé Jean-Luc Bertrand lors de son éphèmère reprise du RCT. Il n'a jamais caché non plus sa proximité avec Robert Fargette, rencontré sur un terrain de rugby à La Valette et frère du caïd du milieu varois Jean-Louis Fargette.
Ses connexions vont loin. "Je connaissais très bien Hubert Falco, le maire, avec qui j'étais au gouvernement et qui était un ami", glisse-t-il encore.
Vite adopté dans le Var, le manager s'est fait ses habitudes en ville, notamment au Mourillon, tranquille quartier est de la ville.
Mais de tout cela, Laporte dit qu'il ne gardera que les liens tissés durant ces années.
"Ça restera pour moi un souvenir incommensurable", souffle-t-il. "J'ai rencontré des mecs... avec le recul si je ne l'avais pas fait je n'aurais jamais su qu'il m'aurait manqué quelque chose. Mais rencontrer des Bakkies (Botha), des Dany (Rossouw), Carl (Hayman), Jonny (Wilkinson) ou Matt (Giteau), je ne vais pas tous les citer, c'est merveilleux humainement parlant."
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