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© AFP/Nicolas Tucat
L'arrière d'Agen Silvere Tian plaque le joueur du Stade Français Martin Gurruchaga, le 13 avril 2013 à Agen
Le match nul, synonyme de maintien, ramené par Bordeaux-Bègles de Castres (23-23) vendredi soir, a entériné le retour en Pro D2 d'Agen, devenu inéluctable depuis un mois, et tellement logique au regard de la saison compliquée vécue du côté d'Armandie.
C'était écrit, notamment depuis la déroute concédée par le SU Agen au stade Chaban-Delmas (48-17) le 2 mars. Ce jour-là, les destins des deux voisins de la Garonne, jusqu'alors rivaux serrés pour le maintien, se sont croisés avant de s'éloigner au fil des victoires et des prestations offensives de haut vol des Girondins.
Cette dynamique positive, cette confiance, la bande de Philippe Sella les a recherchées tout au long de la saison, sans jamais même les effleurer.
"Nous sommes dans le dur, nous ne sommes pas bons sur les détails, constate le 3e ligne Jean Monribot. Les matches que l'on gagnait la saison dernière de cinq points, on les perd cette année de cinq points. Du coup, on fait du surplace".
"On ne va pas se mentir, on avait déjà les yeux tournés vers la Pro D2", avouait samedi soir le manager Philippe Sella à l'issue de la défaite sans enjeu face au Stade Français (20-28), comme une consolation interdite au SUA.
"Maintenant il faut penser à demain, penser à reconstruire, à rebâtir autour de joueurs d'expérience et de jeunes issus du club, pour jouer le haut de tableau de la Pro D2".
Pourtant cette saison en Top 14, Agen disposait du budget (13,2 M d'euros) le plus important de son histoire. Son bilan est pauvre, avec 5 victoires en 24 journées, 8 défaites à domicile, seule équipe sans bonus offensif. A se demander si les leçons de la précédente descente en Pro D2, en 2007, ont été retenues.
A l'époque, le président Alain Tingaud venait juste d'arriver. Là, il a participé activement à la dégringolade selon les observateurs suavistes: en confiant l'équipe à un staff coûteux -- trois préparateurs, un analyste vidéo, le médical, un manager et trois entraîneurs -- et inexpérimenté (aux côtés des novices Sella et Mathieu Blin, David Darricarrère avait connu le Top 14 avec La Rochelle, qui était descendu) et en ratant le recrutement, seul le deuxième-ligne sud-africain Ross Skeate ayant été au niveau.
Le projet de jeu du staff, jugé "flou" par certains cadres, est aussi pointé du doigt, comme son manque d'autorité évident dans la gestion du cas du pilier Johnson Falefa, arrivé avec 20 jours de retard et 30 kilos en trop.
"Je me demande parfois si je leur sers encore à quelque chose", a même admis Blin à la fin de l'hiver.
Pas facile en effet de réagir quand on est fragilisé d'emblée par deux défaites initiales à la maison, contre le Racing et Biarritz, que le SUA a traîné comme un boulet et qui a très vite plombé son atmosphère.
"Le groupe a douté, faut dire que nos premières défaites à la maison nous ont tués", analysait samedi l'arrière Silvère Tian.
"Cette équipe manque cruellement de confiance et de sérénité", reconnaît l'ancien Toulonnais Skeate. "Notre mêlée (la plus sanctionnée du Top 14) nous a coûté trop cher pour espérer se sauver", insiste le pilier Arsène Nnomo.
Forcément responsables, les joueurs n'ont pas été mis dans des conditions optimales. Peu ont adhéré au discours et au système de jeu d'un staff prônant la responsabilisation, beaucoup ont été perturbés à l'automne par la destitution du capitanat de Monribot, joueur exemplaire et valeureux désireux de rejoindre Bayonne, et par le départ annoncé de Darricarrère vers Castres (Blin est encore sous contrat pour un an).
Enfin, la poisse s'en est mêlée avec des blessures à répétition, de cadres notamment cet hiver, des jokers médicaux jamais dans le ton, qui ont vicié une opération maintien devenue plus qu'aléatoire.
"On va dresser un vrai bilan et on va rebondir. Le SUA ne va pas mourir", lançait samedi soir Sella, déjà tourné vers l'avenir.