Happy Birthday : |
© AFP/Franck Fife
Yannick Nyanga
lors d'un entraînement le 13 novembre 2012 à Marcoussis
Les images des larmes de Yannick Nyanga durant la Marseillaise avant le match contre l'Australie ont tourné en boucle, mais si le joueur assume son émotion de retrouver le XV de France après cinq ans d'absence, il refuse la récupération qui en a été faite.
Samedi soir au Stade de France, pour son premier match en Bleu depuis le 19 octobre 2007, il a suffi de quelques notes de l'hymne national pour que Nyanga, encadré de ses amis Dimitri Szarzewski et Frédéric Michalak, déborde d'émotion.
"J'ai vu que la caméra était passée, je me suis dit +ça va+ et puis elle est revenue, raconte-t-il en souriant. Ce n'était pas prémédité. Comme il y avait énormément d'émotion, je me suis dit qu'il fallait le sortir pour pouvoir mieux se concentrer sur la suite".
"Après, ça a créé le buzz malgré moi, soupire-t-il. C'est un peu gênant parce que c'est intime. Je n'ai pas honte mais ça fait bizarre".
Après le match, les commentaires ont fleuri sur les réseaux sociaux pour affirmer que ces images ne se verraient jamais avec l'équipe de France de football, présentée comme une incarnation d'un individualisme exacerbé oubliant "l'amour du maillot" voire de la patrie.
"Cette question n'a pas lieu d'être", a balayé le joueur, né à Kinshasa, dans l'ex-Zaïre, il y a bientôt 29 ans. "Ca ne sert à rien d'alimenter ces débats, c'est nul. Ca ne sert à rien de comparer, de diviser."
"C'est une réaction personnelle. J'ai beaucoup bossé pour quelque chose que je voulais très fort: porter ce maillot. Et jouer avec Dimitri et Fred, avec qui je ne joue plus maintenant et qui sont des gens que j'aime beaucoup, au Stade de France, avec La Marseillaise, voilà..."
Ses larmes ont été la mesure de son attente. Pendant cinq ans, Nyanga a rêvé d'une 26e sélection.
Malgré ses qualités athlétiques (1,87 m, 101 kg), des performances souvent réussies avec Toulouse mais aussi une grave blessure à un genou en 2009, il a été barré par les "historiques" Julien Bonnaire , Imanol Harinordoquy et Thierry Dusautoir ou Fulgence Ouedraogo , la trouvaille de l'ex-entraîneur du XV de France Marc Lièvremont qui ne l'a jamais appelé entre 2008 et 2011.
"Je regardais les matches du XV de France sans amertume mais avec de l'envie. J'ai la chance qu'à mon poste, il y a de sacrés joueurs donc tu n'es pas aigri en te disant +Mais qu'est-ce qu'il fait là, lui ? J'ai dix fois son niveau+. Tu te dis +Il faut bosser+", raconte-t-il.
"Si tu n'y es pas, c'est que tu ne dois pas y être. Si tu mérites d'y être tu y seras tôt ou tard", ajoute-t-il.
Et Nyanga a bossé. Convoqué une première fois par le nouveau manager Philippe Saint-André pour un stage d'avant Tournoi des Six Nations en février, il n'est pas gardé pour disputer les matches. Non retenu dans la liste des 33 pour la tournée d'automne, il devient finalement titulaire après la blessure de Dusautoir.
Face aux Wallabies, son activité a été louée et il est sorti rassuré après avoir joué 68 minutes. "Même une fois que tu y es (en équipe de France), tu te dis +Je ne sais plus comment c'est. Est-ce que je vais y arriver ?+ Maintenant, je sais que je peux y être".
Après avoir regoûté au XV de France, Nyanga n'a qu'une peur: le quitter. "Mais cette peur positive fait partie intégrante de la performance de haut niveau, estime-t-il. Il faut la garder.