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Durant 17 ans, il a incarné le rugby dans son plus grand professionnalisme: icône vivante, Jonny Wilkinson dispute samedi en finale de Top 14 son dernier match avec le rêve d'un ultime titre qui parachèverait son insatiable quête de perfection.
Son talent hors normes forgé à force de travail, sa force de caractère qui lui a permis de revenir de longues années de blessure, sa discrétion et son humilité rares pour un joueur au statut de star mondiale ont forcé le respect.
Jonathan Peter Wilkinson (35 ans), plus connu sous les surnoms de "Jonny" ou "Wilko", est d'abord l'homme de la Coupe du Monde 2003, cet ouvreur gaucher qui expédia du pied droit le drop victorieux en prolongation de la finale pour offrir à l'Angleterre le titre de champion du monde, le seul jamais remporté par une nation de l'hémisphère Nord.
Il est un ouvreur complet, féroce défenseur, stratège hors pair et buteur d'une précision diabolique, deuxième meilleur marqueur de l'histoire avec ses 1.246 points en matches internationaux.
Sa réussite dans les coups de pied est telle que des générations d'ouvreurs ont imité sa position caractéristique, mains jointes et jambes légèrement pliées, imaginée lors d'un entraînement en 2001.
"Au moment de viser les poteaux, Dave (Alred, son entraîneur pour le jeu au pied, ndlr) m'a demandé d?adopter une position dans laquelle je me sentirais supérieur. Il ne m'a pas expliqué comment la trouver mais j'ai remarqué que plus je me concentrais, plus mes mains avaient tendance à se rapprocher", raconte-t-il dans son autobiographie. Avec les mains jointes, je fais retomber la pression, je n?entends plus le bruit des tribunes."
Plus que de cette position insolite, sa précision vient des innombrables heures d'entraînement qu'il s'impose quand ses partenaires ont quitté la pelouse. Car sous sa gueule d'ange blond se cache une bête de travail, un compétiteur obsessionnel qui noie son angoisse dans le travail. A l'entraînement, il ne cherche pas à passer le ballon entre les poteaux mais au milieu des poteaux. Ou vise carrément un siège dans les tribunes vides derrière.
- Bouddhisme et physique quantique -
Ce perfectionnisme maladif l'a mené au succès. Il a aussi failli causer sa perte.
Après la glorieuse Coupe du Monde 2003, son corps cède. Il enchaîne les blessures (épaules, bras, genoux, reins, cheville, appendicite...) de manière incroyable, cumulant près de 38 mois d'indisponibilité en six ans. Sa vie manque de s'effondrer.
"J'avais l'impression de perdre mon identité. Je me demandais sans cesse: qui suis-je sans le rugby?", confiait-il au journal Le Monde en 2010. "Pour la première fois, je me rendais compte que le sport pouvait s'arrêter aussi brusquement que la vie prend fin. Il fallait que je trouve quelque chose de plus profond, plus durable".
Sa quête existentielle l'amène d'abord vers le bouddhisme. Quelques années plus tard, il découvre la physique quantique. Dans la subtile mécanique des atomes, il puise des réponses spirituelles.
"J'ai toujours voulu être parfait et le meilleur, j'étais forcément déçu. J'avais besoin de solutions pour avoir une autre perception du monde, de mon travail", expliquait-il en 2011. "La notion d?inconnu est spéciale pour quelqu'un comme moi (...). Désormais, je sais que dans les moments que je ne peux maîtriser, je dois aller avec le monde et pas contre le monde".
Apaisé, il renoue avec le rugby. Il quitte Newcastle, son club de toujours, en 2009 pour Toulon où le président Mourad Boudjellal fait le pari de le relancer. Dans un cadre méditerranéen à l'opposé de sa personnalité discrète, il s'épanouit, oublie les blessures et retrouve les sommets.
"Galactique" parmi les "Galactiques", il termine meilleur réalisateur du Top 14 en 2011-2012 et de la Coupe d'Europe en 2013-2014. Il est sacré meilleur joueur européen de l'année 2013, dix ans après son titre de meilleur joueur du monde. Il étoffe son palmarès de club, jusqu'alors limité, de deux Coupes d'Europe (2013, 2014).
Son dernier objectif est de remporter le Top 14, ce qui marquerait un doublé Top 14 - Coupe d'Europe sans précédent. Et le ferait entrer un peu plus dans la légende du sport.
Vainqueur Matches Gagnés Nul Perdus Pp Pc Diff Pts bonus Pts total 1996 Nouvelle-Zélande 4 4 0 0 119 60 +59 1 17 1997 Nouve... |