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Toulon "c'est Indiana Jones", a imagé jeudi auprès de l'AFP son président Mourad Boudjellal, évoquant "une aventure managériale" dans laquelle il "risque" son argent contrairement selon lui à Clermont, son adversaire samedi en finale de la Coupe d'Europe.
QUESTION: Avec les succès sportifs du RCT, avez-vous le sentiment que ce club devient l'ambassadeur de votre ville?
REPONSE: "Ce n'est pas un paramètre très important pour moi, même si cela donne beaucoup de responsabilités: quand vous avez donné beaucoup de bonheur aux gens, vous avez peur de ne plus en donner, et envie que ça dure. C'est pour ça qu'il y a de l'angoisse, on a la crainte de perdre ce qu'on a déjà gagné."
Q: Vous n'avez pas malgré tout le sentiment de rendre l'image de Toulon différente, plus positive?
R: "Regardez les commentaires dans le rugby. Quand on gagne, on nous accuse de tricherie, on ne nous respecte pas... On n'aurait peut-être pas dit cela d'une ville située plus au nord. Je pense que même en gagnant, l'image restera celle d'une ville du sud où, quand quelque chose fonctionne, c'est quelque chose de pas très clair. C'est faux bien sûr, mais il y a trop de gens à qui ça arracherait la gueule de dire qu'on a fait quelque chose qui fonctionne, et qui préfèrent dire qu'on a triché. On nous accuse d'être un club de riches, mais Toulon c'est une aventure managériale! C'est Indiana Jones, moi j'ai mon argent en jeu, je risque mon propre beefsteak alors que le groupe Michelin peut mettre 100 millions d'euros dans le club de Clermont sans que cela lui pose trop de problème. Ce n'est pas une critique, car Michelin est un grand groupe français, mais je ne comprends pas pourquoi se faire passer pour pauvre."
Q: Vous insistez sur l'exemplarité de vos joueurs, en leur demandant par exemple de ne pas se garer n'importe où avec les voitures officielles du club. Pourquoi?
R: "Je ne veux pas que les Toulonnais puissent penser que les joueurs du RCT sont des caïds, qu'ils sont au-dessus des règles parce qu'ils jouent chez nous. On est des exemples. Quand j'avais eu une sanction m'interdisant d'aller sur la pelouse, et que je l'avais fait, mon premier souci avait été de dire de ne pas copier ce que j'avais fait. Moi qui suis d'une certaine classe de la population, enfant issu de l'immigration et toulonnais, j'ai un devoir d'exemplarité vis-à-vis de ceux qui suivent le rugby, surtout par les temps qui courent."
Q: Pourtant vous êtes connu pour quelques sorties médiatiques, comme lorsque vous avez parlé de "sodomie arbitrale" en 2012...
R: "Pour moi la vulgarité, ce n'est pas une question de mots, c'est une question d'idées. Il y a beaucoup de gens très polis, très aimables avec des idées qui ne le sont pas. Ne pas dire ses idées, ça c'est vulgaire. Quand j'ai dit ça, j'ai aussi expliqué comment améliorer l'arbitrage, on a éveillé les consciences sur les questions arbitrales. Et puis aussi des fois dans le feu de l'action, on dit des mots qui sont plus des onomatopées, par impulsion. Je suis beaucoup moins dans le calcul que les gens qui font des réponses policées." Q: Vous êtes sans doute le président de club de rugby le plus médiatique de France, c'est quelque chose d'important pour vous?
R: "Non, non, ce n'est pas quelque chose que j'ai recherché. Il y a des présidents de clubs qui cherchent la lumière, qui appellent des journalistes pour savoir pourquoi ils ne parlent pas d'eux. Moi cela ne m'est jamais arrivé. Peut-être que le public et les journalistes se disent qu'il fait plus chaud en été qu'en hiver, qu'ils en ont marre du langage policé et préfèrent ceux qui disent ce qu'ils pensent."
Propos recueillis par Corentin DAUTREPPE par téléphone.
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