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© AFP/Michael Bradley
Camille Lopez le 6 juin 2013 à Auckland, en Nouvelle-Zélande
Après avoir suivi des sentiers très différents, Camille Lopez, Adrien Planté, Daniel Kotze et Alexandre Flanquart revêtiront pour la première fois samedi le maillot du XV de France pour gravir l'Everest du rugbyman: la Nouvelle-Zélande, à l'Eden Park d'Auckland.
Pour beaucoup, cela serait un aboutissement: affronter sur leurs terres les champions du monde All Blacks, qui règnent quasiment sans partage sur le rugby depuis plus d'un siècle.
Samedi (09h35), il faudra à ces quatre-là surmonter ce moment d'émerveillement pour se focaliser sur un objectif: "battre les Blacks", car "on n'est pas venu pour les regarder en victimes", affirme Lopez.
Mais sans doute auront-ils en tête, au moment où résonnera La Marseillaise, leurs trajectoires respectives, pas toujours rectilignes.
L'exemple le plus frappant est celui de l'ouvreur Camille Lopez, 24 printemps, encore joueur à Mauléon en Fédérale 1 (troisième division) il y a quatre ans. Recruté par Marc Delpoux à Bordeaux-Bègles, où il côtoie pour sa première saison en 2009-2010 Maxime Machenaud, Lopez a travaillé d'arrache-pied sur ses lacunes physiques.
Doté d'impressionnantes qualités techniques naturelles, le voilà d'entrée détenteur des clés du jeu du XV de France. "Je vais m'attacher à rester moi-même", promet celui qui a été profondément marqué par la victoire des Bleus en demi-finale du Mondial-1999 à Twickenham face aux All Blacks de Jonah Lomu (43-31).
"Je me souviens du match de Richard Dourthe , c'était un peu ma référence, je suis fan de lui depuis que je suis tout petit", sourit-il.
Adrien Planté lui aussi sera jeté d'entrée dans le grand bain. A 28 ans, l'ailier a pris son temps avant de décrocher sa première cape. "Je n'ai jamais perdu le fil, j'ai toujours espéré une sélection", assure pourtant le néo Racingman et ex-Perpignanais.
"Depuis l'année dernière je me propose beaucoup plus dans la ligne, (...) peut-être que l'on m'a aussi plus vu", relève-t-il.
Pour sa première face aux All Blacks, il espère avoir un meilleur destin que son ancien partenaire à Perpignan, le pilier Nicolas Mas , sorti après 10 minutes de jeu sur blessure pour ses débuts contre la Nouvelle-Zélande, en 2003.
"J'essaie de ne pas trop me renseigner pour ne pas me mettre de pression supplémentaire", tempère-t-il. "Et si je commence à penser à tous les mecs qu'il va y avoir en face, je ne vais pas m'en sortir."
Depuis le banc des remplaçants, le pilier droit de Clermont Daniel Kotze, 26 ans, va aussi vivre un moment particulier, sous les yeux de ses parents, venus pour l'occasion d'Afrique du Sud, où il est né. Arrivé en France, à Aurillac, en 2009, il réalise en Bleu son "rêve de jouer au niveau international".
"Les All Blacks, c'est une grande équipe, c'est "extra-spécial", explique-t-il, avant de glisser avec malice: "On ne les aime pas... Mais on les respecte énormément".
Kotze aura à ses côtés un pur produit de la formation française et grand espoir à son poste: le deuxième ligne du Stade Français Alexandre Flanquart, 23 ans.
"L'équipe de France tu te dis que jamais tu y arriveras et un jour j'ai été convoqué pour des tests physiques (en mai 2012, ndlr), rappelle le natif de Cambrai (Nord). A partir de ce moment-là, je me suis dit, pourquoi pas moi ?"
"Affronter les champions du monde à l'Eden Park, bien sûr qu'il y a de l'appréhension, leur réputation est quand même un minimum fondée", poursuit-il. "C'est un match qu'on aborde avec beaucoup d'enthousiasme, mais aussi avec la peur de décevoir, la peur de ne pas être au niveau, de prendre une branlée."
Par curiosité, ces quatre pourront demander son ressenti à celui qui a vécu l'expérience ultime: le jeune demi de mêlée Jean-Marc Doussain , sélectionné pour la première (et seule) fois le 23 octobre 2011, face à ces mêmes All Blacks. Le contexte ? Une finale de Coupe du Monde, rien que cela.