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Redoutables finisseurs, capables d'apporter de l'incertitude face à des défenses bien organisées, les trois-quarts fidjiens ont creusé leur sillon dans le Top 14 depuis une dizaine d'années, en attendant toujours les bénéfices pour l'équipe nationale opposée à la France samedi.
C'est peut-être l'un des plus incroyables avatars de la mondialisation: prenez ces confettis d'îles, grands comme le département des Landes et des Pyrénées-Atlantique réunis, et exportez une poignée de leurs 900.000 habitants en France, à 17.000 kilomètres à vol d'oiseau de chez eux, pour y jouer chaque week-end avec un ballon ovale.
Résultat ? Depuis la création du Top 14 en 2005-2006, six éditions ont vu un Fidjien finir meilleur marqueur d'essais, dont le Clermontois Napolioni Nalaga à trois reprises (2008, 2009, 2013).
"Ils font partie des rares à pouvoir apporter partout le danger, ils représentent le facteur X et c'est très recherché", explique à l'AFP l'agent sportif Frédéric Bonhomme, qui s'occupe de Metuisela Talebula (Bordeaux-Bègles), Waisea Vuidravuwalu (Stade Français), Alipate Ratini (Grenoble) et Josua Tuisova (Toulon).
"Les Fidjiens, ce sont des individualités hors normes, ils font la différence dans les duels et physiquement ils sont hors du commun", appuie le demi de mêlée de Toulon Sébastien Tillous-Borde.
- Bolo Bolo le pionnier -
Pas étonnant donc que depuis le pionnier Emori Bolo Bolo, qui a fait les beaux jours du Stade Français à la fin des années 90, et surtout depuis la sensation Rupeni Caucaunibuca , insaisissable ailier d'Agen et meilleur marqueur de l'édition 2005-2006, tous les clubs veulent leur part d'exotisme. Actuellement, une trentaine de Fidjiens évoluent ainsi dans le Top 14.
Il faut dire aussi que pour les clubs français, soumis au plafond du salary cap, le rapport qualité-prix de ces trois-quarts est imbattable. "Les Fidjiens viennent tenter leur chance pour des salaires intéressants pour les clubs et au début, ils peuvent être moins chers que des ailiers français", explique Frédéric Bonhomme.
D'où l'idée pour les clubs d'explorer le filon au plus tôt, pour dénicher la pépite rare dans un réservoir limité, ce qui a aussi l'avantage de transformer ces Fidjiens en "jeunes issus des filières de formation" (Jiff) et ainsi de respecter les quotas imposés par la Ligue en la matière.
Clermont fait ainsi figure d'avant-gardiste grâce au partenariat monté en 2011 avec l'université de Nadroga, d'où est notamment issu le centre Noa Nakataici.
"L'idée est d'avoir une collaboration sur le mode gagnant-gagnant qui s'étend sur toute la saison, avec une aide matérielle mais aussi en compétences, avec la venue d'un coach trois semaines minimum", détaille le directeur sportif de l'ASM Jean-Marc Lhermet.
- Immense fossé culturel -
"En retour, quand un joueur sort du lot, nous avons une priorité sur lui", ajoute-t-il. "Il vient alors à Clermont, d'abord pour quelques semaines, afin de tester son acclimatation".
Si le résultat est concluant, la recrue fidjienne intègre alors le centre de formation en Auvergne, à l'image du troisième ligne Peceli Yato (21 ans), qui a fait ses débuts en Top 14 samedi dernier à Bayonne.
L'intégration d'un joueur fidjien demande cependant une attention particulière, comme l'ont démontré les excès en tous genres de Caucaunibuca à Agen, fruits de l'immense fossé culturel.
"Je prends soin de les faire rentrer à Noël la première saison, illustre encore l'agent Frédéric Bonhomme. Je les aide à trouver un logement et à mettre en place des prélèvements automatiques pour les impôts, le loyer ou encore l'électricité afin de prévenir les mauvaises surprises."
"Parfois, c'était dur pour moi d'être seul au début", raconte à l'AFP le centre parisien Waisea Vuidravuwalu. Mon village, ma famille, mes amis me manquaient. Mais je me suis accroché."
Mieux formés et encadrés dans les grands championnats européens, les Fidjiens tardent cependant à faire bénéficier de leurs progrès leur équipe nationale, actuellement 12e du classement IRB.
"Le Top 14 est une grande compétition, mais c'est une longue saison et cela peut être dur pour les joueurs", souligne ainsi le sélectionneur John McKee.
Mais la magie peut aussi opérer à n'importe quel moment. Le pays de Galles en avait fait les frais au Mondial-2007 (38-34). Et la France, si avide du talent fidjien, pourrait s'en mordre les doigts samedi.
Vainqueur Matches Gagnés Nul Perdus Pp Pc Diff Pts bonus Pts total 1996 Nouvelle-Zélande 4 4 0 0 119 60 +59 1 17 1997 Nouve... |