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En annonçant sa démission samedi après deux semaines de tourmente extra-sportive, le sélectionneur de l'Australie Ewen McKenzie abandonne une équipe des Wallabies en équilibre précaire, dans le jeu, l'esprit et la gouvernance, à moins d'un an du Mondial.
C'est une forme d'esthétique de l'autocombustion. Et l'on ne parle pas là du feu sacré qui devrait animer cette équipe-phare du rugby planétaire, mais plutôt de l'incendie permanent qui ronge ses fondations, au point de menacer aujourd'hui la pérennité du XV en Australie.
Samedi, le sinistre s'est étendu au sommet: Ewen McKenzie, quinze mois après avoir repris en mains les Wallabies, jette donc l'éponge, miné par les rumeurs lui prêtant une relation extra-conjugale avec la responsable commerciale de la Fédération australienne, Di Patston. Des bruits nés et amplifiés par l'altercation ayant opposé Patston au trois-quarts polyvalent Kurtley Beale lors du déplacement des Wallabies en Argentine début octobre et qui ont abouti au départ médiatisé de la dirigeante.
"Je n'ai pas demandé à Ewen de démissionner mais je comprends sa décision", a déclaré le président de la Fédération australienne Bill Pulver, qui avait apporté publiquement son soutien à l'entraîneur.
"Je pense que l'Australie a perdu un excellent entraîneur et un grand homme", a poursuivi Pulver. "En substance, Ewen a dit qu'il allait avoir du mal à garder le soutien du vestiaire et, selon moi, c'est en raison de l'assassinat en règle dont il a été victime ces dernières semaines", a tempêté le dirigeant.
- Fin des passe-droits -
"J'ai été déçu pour plusieurs raisons que je ne vais pas détailler, je vous laisse le soin de le faire", a simplement commenté McKenzie, exprimant sa "fierté" d'avoir été sélectionneur.
Reste sous les cendres de la polémique une sensation de gâchis et un nuage de doutes.
Car McKenzie, 49 ans, avait entamé le redressement de Wallabies moribonds à l'issue de la série perdue face aux Lions britanniques en juillet 2013 sous la houlette du Néo-Zélandais Robbie Deans .
En appelant l'ancien pilier international (51 sél), champion du monde 1991, l'ARU poursuivait alors un double objectif: imposer une nouvelle discipline dans une équipe handicapée par les problèmes de comportement de ses joueurs, tout en améliorant les résultats et la qualité d'un jeu concurrencé par le XIII et le football australien (Australian Rules).
La patte McKenzie a marqué ainsi la fin des passe-droits, y compris pour les vedettes James O'Connor, Will Genia ou James Horwill, écartés ou sommés de s'améliorer.
- White successeur potentiel -
Son bilan comptable ne restera certes pas dans l'histoire: 10 défaites, un nul, 11 victoires en 22 matches. Mais les Wallabies, emmenés par le jeune capitaine de 22 ans Michael Hooper, avaient montré des frémissement offensifs intéressants et une conquête en voie de stabilisation. Et c'est paradoxalement quelques heures après avoir décidé de démissionner que McKenzie a assisté à l'un des meilleurs matchs de ses hommes: une très courte défaite 29 à 28 face aux All Blacks à Brisbane.
Se pose désormais la question pressante de sa succession. Tant pour les échéances à très court terme, comme la tournée en Europe de novembre où l'Australie affrontera notamment la France, qu'en vue du Mondial en Angleterre où l'Australie est versée dans la poule la plus difficile, aux côtés du XV de la Rose et du pays de Galles notamment.
Deux candidats émergent naturellement: l'entraîneur australien des Waratahs Michael Cheika , auréolé de son titre en Super 15 et, plus probablement, le Sud-Africain Jake White , champion du monde 2007 avec les Springboks.
White, 51 ans, a notamment dirigé la franchise australienne des Brumbies, puis celle, sud-africaine, des Sharks, jusqu'au mois dernier. Sa démission surprise résonne aujourd'hui étrangement.
"Le temps est venu pour Jake de se libérer en vue d'une potentielle opportunité internationale, en tant qu'entraîneur ou consultant", avaient indiqué les Sharks dans un communiqué.
Si les Tonga ont officialisé en début de semaine l'arrivée de White comme consultant en vue de la tournée de novembre, cela ne devrait être qu'un obstacle mineur à sa prise de pouvoir en Australie. S'étalerait alors devant lui un immense chantier à ciel ouvert.
Vainqueur Matches Gagnés Nul Perdus Pp Pc Diff Pts bonus Pts total 1996 Nouvelle-Zélande 4 4 0 0 119 60 +59 1 17 1997 Nouve... |