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© AFP/Thierry Zoccolan
Un ballon de rugby
Les clubs français et anglais ont concrétisé dimanche leurs menaces de sécession de la Coupe d'Europe et décidé de passer en force en annonçant la création de la Rugby Champions Cup, une nouvelle compétition continentale pour 2014-2015.
La menace avait été régulièrement brandie ces dernières semaines. Les ligues française (LNR) et anglaise (Premiership Rugby), représentantes des clubs professionnels de leur pays qui voulaient une refonte totale de la compétition, l'ont finalement mise à exécution.
"Les clubs du Top 14 et de l?Aviva Premiership (Championnat d'Angleterre) ont demandé à leurs ligues de prendre les mesures nécessaires pour mettre en ?uvre une compétition européenne à compter de la saison 2014-2015. Cette compétition sera dénommée Rugby Champions Cup", a annoncé la LNR dans un communiqué.
"Les conditions d?organisation sportive, commerciale et financière seront présentées au cours du mois d?octobre", ajoute le texte, en indiquant qu'elle "sera ouverte aux équipes des trois ligues professionnelles en Europe", soit le Top 14, le Championnat d'Angleterre et la Ligue celtique (qui réunit des franchises écossaises, galloises, irlandaises et italiennes).
Seuls les clubs français et anglais ont pour l'instant confirmé leur engagement mais "plusieurs équipes nous ont approchés pour évoquer la possibilité de nous rejoindre", a assuré le directeur général de Premiership Rugby, Mark McCafferty.
Système de qualification homogène
Cette annonce fracassante marque en l'état la fin de la Coupe d'Europe, le plus prestigieux tournoi de clubs de l'hémisphère Nord créé en 1996, géré par l'ERC, une société commerciale dont sont actionnaires les Fédérations et les ligues, et qui n'a cessé de grandir sportivement et financièrement pour atteindre un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros en 2011.
Cette croissance avait amené les clubs français et anglais, les deux poids lourds du rugby européen, à demander en 2012 une refonte de la compétition. Ils souhaitaient notamment un système de qualification homogène, qui réduirait de 24 à 20 le nombre d'équipes engagées. Les Celtes (Irlandais, Écossais et Gallois) et les Italiens s'y opposaient, y voyant une volonté de les affaiblir.
Les négociations étaient rompues depuis plusieurs semaines, plombées notamment par l'annonce en septembre 2012 par la Ligue anglaise de la signature d'un contrat de diffusion des matchs européens des clubs anglais avec l'opérateur BT (pour un montant estimé à 100 millions de livres) supérieur à celui négocié globalement par l'ERC avec Sky (estimé à 70 millions de livres).
Face à cette impasse, l'ERC a annoncé vendredi la nomination d'un médiateur indépendant pour "faciliter le processus" avant une réunion le 23 octobre.
'Pas d'autre alternative'
"La situation n'a pas évolué malgré les efforts que nous avons faits pour obtenir une remise à plat de la compétition. Le temps passe et nous n'avions pas d'autre alternative", a expliqué à l'AFP une source française proche du dossier.
Mais la Fédération française (FFR) a jugé "hors de propos et inadaptée" cette annonce qui va à l'encontre des règlements car les clubs français ne peuvent disputer une compétition internationale "sans son accord préalable". La Fédération anglaise (RFU) n'a pas réagi.
Pour être effectif, ce projet doit également être avalisé par l'IRB (International board, organe suprême du jeu), muet dimanche mais qui devrait prôner, comme la FFR, une poursuite de la médiation au sein de l'ERC.
Cet épisode constitue un nouveau sommet dans l'histoire houleuse de la Coupe d'Europe, jalonnée d'âpres parties de bras de fer.
En 2007, la renégociation des accords de 1999 avait abouti à une menace de boycott des clubs français et anglais, qui voulaient entrer dans l'actionnariat de l'ERC. Après d'intenses tractations et compromis, le boycott avait été levé à une heure de la finale.
En 1998-99, les clubs anglais avaient refusé de participer à la Coupe d'Europe pour protester contre l'ERC qui ne tirait pas selon eux le maximum du potentiel financier de la compétition.
Il est encore difficile de dire si cette annonce inédite relève du simple coup de bluff. Elle accentue en tout cas les lignes de fracture, au risque de les rendre définitives.