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© AFP/Pascal Pavani
Un ballon de rugby lors d'un match de Coupe d'Europe
Alors que la Coupe d'Europe et le Challenge européen entament leurs phases finales, en coulisses les discussions pour réformer ces compétitions à l'horizon 2014-15 sont au point mort, enrayées par des enjeux financiers croissants.
"Il n'y a plus de processus, tout est arrêté depuis le mois de décembre. Il n'y a aucune prochaine réunion de prévue", a résumé, amer, Jean-Pierre Lux , le président de l'ERC, la société organisatrice des deux tournois européens.
Comme l'autorise le règlement, les clubs français et anglais, poids lourds sportifs et économiques du rugby européen, ont demandé en avril 2012 l'ouverture de discussions pour faire évoluer ces deux compétitions à partir de l'édition 2014-15.
Les négociations ont débuté en septembre autour d'une revendication principale: un système de qualification homogène qui entraînerait une réduction de 24 à 20 du nombre d'équipes en Coupe d'Europe.
A présent, les six premiers des Championnats français et anglais accèdent à la Coupe d'Europe. Quant aux Celtes (Irlandais, Gallois, Ecossais) et aux Italiens, qui évoluent dans la Ligue celtique, ils ont dix représentants automatiquement qualifiés: quels que soient leurs classements, trois équipes irlandaises, trois galloises, deux écossaises et deux italiennes disputent chaque année le plus prestigieux tournoi de clubs, au bénéfice d'une espèce de système de +quotas+.
Mais Français et Anglais veulent une répartition égale, avec six représentants issus de chaque championnat et qualifiés +au mérite+ (les six premiers de la saison), auxquels s'ajouteraient toujours les vainqueurs de la Coupe d'Europe et du Challenge européen. Soit 20 équipes qualifiées désormais, et non plus 24.
Problème: avec un tel système, des nations comme l'Écosse et l'Italie ne seraient plus assurées d'être présentes chaque année et les Celtes voient une volonté de les affaiblir.
Quatre premières réunions de négociations ont permis de balayer les différents scénarios: réduction à 20 équipes, statu quo à 24, formule à 32 équipes... "Les Celtes acceptaient de discuter avec la plateforme française comme base de négociations. Ça laissait espérer des avancées", a raconté un négociateur français.
Mais la situation est bloquée depuis par un élément tiers: un accord que la Ligue anglaise a annoncé avec BT (British Telecom) pour la diffusion des matchs européens des clubs britanniques à partir de 2014-15.
L'ERC le considère comme "illégal" car selon son règlement, elle est le seul organe habilité à négocier les droits de diffusion. Elle a d'ailleurs déjà prolongé son contrat avec Sky jusqu'en 2018.
"Depuis la réunion du 12 décembre, la Ligue nationale de rugby (LNR, représentante des clubs français) ne veut plus revenir à la table des négociations tant que la question des contrats télé n'est pas réglée", a précisé Jean-Pierre Lux .
Une réponse devrait intervenir en début de semaine prochaine, a-t-on appris de la délégation française, pour qui "les clubs anglais doivent clarifier leur position".
Comme lors des dernières négociations, en 2007, les discussions sont donc bloquées. Cette année-là, marquée par une menace de boycottage des clubs français et anglais, il avait fallu quatre mois d'intenses tractations pour sauver la Coupe d'Europe.
"Mais, en 2007, la question des formats et du calendrier avait été réglée en cinq minutes. Tout le monde avait dit +A 24 (équipes), avec ce calendrier, c'est la meilleure formule+", a rappelé M. Lux, en pointant les possibles répercussions d'un blocage.
Si la marque de bière partenaire-titre de la Coupe d'Europe a prolongé son engagement, les autres partenaires commerciaux voient leurs contrats arriver à échéance dans les prochains mois. "Avec cette insécurité, il est difficile de discuter sur le long terme et d'optimiser les revenus commerciaux", a regretté le président de l'ERC.
D'un point de vue sportif, dans l'état actuel des choses, la prochaine saison va débuter en août sans que l'on sache combien de clubs seront qualifiés, ni comment ils le seront.