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© AFP/Adrian Dennis
Le capitaine de l'équipe de France de rugby Pascal Papé lors de la présentation du Tournoi des Six Nations à Londres le 23 janvier 2013
Le 2e ligne Pascal Papé, nommé capitaine du XV de France pour la durée du Tournoi des six nations, a estimé que l'"on en fait trop" sur ce sujet qui ne mérite pas "un débat national", jeudi dans un entretien avec l'AFP.
QUESTION: Philippe Saint-André vous décrit comme un capitaine à la fois "rustique" et "nouvelle génération". Vous vous reconnaissez dans ces termes?
REPONSE: "Rustique? (sourire) Parler de moi, je ne suis pas fan... Mon rôle je le fais naturellement, c'est mon caractère. Je n'ai pas de méthode, je le fais à l'intuition, selon mon tempérament. J'essaie d'être le plus vrai possible".
Q: On vous dit débonnaire, volontiers chambreur. C'est une réalité?
R: "Je me considère au même niveau que tout le monde. J'aime bien participer à la vie de groupe, déconner... Ca fait partie des valeurs du rugby, de se retrouver autour d'un aspect festif. C'est des valeurs que l'on a depuis toujours et qui sont sympa. Même si le rugby devient de plus en plus professionnel, il faut savoir garder cette chose-là, c'est important. C'est à ce moment-là où l'on se retrouve, où l'on parvient à se dire certaines choses".
Q: Trouvez-vous que l'on donne trop d'importance à ce passage de témoin entre Thierry Dusautoir et vous?
R: "Je crois qu'il faut arrêter avec cela. Le sélectionneur a fait un choix, voilà. On en fait trop. Je fonctionne d'une manière collective et de trop individualiser la chose, ce n'est pas bon. C'est un changement, cela arrive dans toutes les équipes nationales. On ne va pas en faire un débat national. Mais je ne me prends pas plus la tête que cela".
Q: Comment percevez-vous votre rôle de capitaine?
R: "Un capitaine doit d'abord être axé sur le collectif. Il doit d'abord faire en sorte que le groupe tourne bien. Il y a toujours la performance individuelle qui compte, c'est indéniable, mais sans le collectif tu n'es rien".
Q: En quoi est-ce différent d'être capitaine en club et en sélection?
R: "En sélection, c'est plus facile. Il n'y a que des joueurs de très haut niveau, qui connaissent le truc, qui ont l'habitude de la pression. En club, c'est différent. Il y a beaucoup plus d'interventions pour ne pas que la routine s'installe, pour remotiver tout le monde. C'est compliqué d'avoir la grinta tous les week-ends".
Q: Que gardez-vous de votre premier capitanat (défaite 61-10 contre les Néo-Zélandais en juin 2007)?
R: "Je n'en ai pas un très bon souvenir. On a pris des grosses claques contre les Néo-Zélandais. Mais on avait 40 joueurs retenus par les demi-finales (du championnat de France), forcément les meilleurs. Ca m'a fait une expérience. Je ne la regrette pas, on n'a que ce qu'on mérite".
Q: Vous jouez vendredi en club. Est-ce difficile d'enchaîner ainsi à 9 jours de la première échéance du Tournoi face à l'Italie à Rome?
R: "C'est complètement fou. Je discutais hier (mercredi à Londres lors de la présentation du Tournoi) avec les Gallois, ils ne comprennent pas que l'on joue. Ils se demandent si ceux qui organisent ont déjà joué au rugby. C'est le vieux serpent de mer contre lequel on bataille depuis toujours. A mon sens, les joueurs ne sont pas assez entendus. Le problème, c'est que ça se répercute sur l'équipe nationale. Et après on te dit que l'on ne sera jamais champion du monde. Mais si on ne nous donne pas les moyens, on ne le sera jamais. J'espère que ça va changer et que le nouveau président de la Ligue (Paul Goze) va marquer l'histoire avec son passage".
Q: Qu'est-ce qui doit changer?
R: "Il faut qu'on se prépare plus et que l'on joue moins. On attaque les saisons sans préparation, c'est dangereux. Aujourd'hui, un jeune qui arrive, je ne suis pas sûr qu'il puisse poursuivre sa carrière jusqu'à 35 ans. Il y a 40 matches par saison, ce n'est pas possible, quand tu vois que les Irlandais n'en font que 25. On ne peut pas batailler".
Propos recueillis par Jérémy MAROT