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© AFP/John D Mchugh
Le président de la société organisatrice des coupes d'Europe (ERC), Jean-Pierre Lux
, le 23 janvier 2007 à Twickenham
Jean-Pierre Lux , président de la société organisatrice des coupes d'Europe (ERC), a déploré lundi auprès de l'AFP "l'esprit de guérilla" insufflé par les clubs anglais et français alors que les réformes des compétitions sont au point mort.
Les clubs français (LNR) et anglais (Premiership) demandent notamment un changement dans la formule des compétitions et dans la répartition des revenus. Ce que les Celtes (Irlandais, Gallois, Ecossais) et Italiens contestent, y voyant une volonté de les affaiblir.
Q: Selon vous, les clubs anglais et français mettront-ils leur menace à exécution de créer une compétition alternative pour la saison prochaine ?
R: "Ce n'est pas possible. J'ai assisté à une réunion la semaine dernière où le chef exécutif de la Fédération anglaise Ian Ritchie et le président Bill Beaumont ont clairement dit qu'ils avaient indiqué à leurs clubs qu'il n'y aurait pas de nouvelle société. Pierre Camou (président de la Fédération française de rugby) en France a clairement indiqué depuis longtemps que jamais il n'y aurait une compétition franco-anglaise, il s'y opposerait. Toutes les Fédérations souhaitent que les compétitions continuent sous l'égide de l'ERC."
Q: Le président de la LNR (Ligue nationale de rugby) Paul Goze affirme, lui, qu'il n'y a aucun obstacle...
R: "Je pense qu'il se trompe. Moi j'ai des échos officiels qui disent que pour monter une compétition comme celle-là, il lui faudra l'accord des Fédérations dans un premier temps, puis celui de l'IRB (International Rugby Board). Libre à Paul Goze de penser qu'il pourra avoir ces accords."
Q: Les négociations sont-elles au point mort ?
R: "Il y a eu des réunions jusqu'à début juin. Depuis, tout le monde attend que quelqu'un fasse le premier pas pour une reprise des négociations. Il y a des lettres que nous avons reçues depuis plusieurs semaines par la Ligue anglaise et la Ligue française qui dénotent un esprit de guérilla. Quand j'entends la Ligue anglaise et la Ligue française dénoncer l'intransigeance des Celtes, on pourrait répondre aussi que ces deux Ligues ne veulent pas changer leurs positions. Il va falloir trouver des compromis pour avancer. "
Q: Le format des compétitions semble être la première pierre d'achoppement...
R: "Passer de 24 à 20 clubs en Coupe d'Europe, l'Ecosse et l'Italie seraient les perdants dans cette affaire. Moi, on me dit que c'est pour améliorer le niveau du Challenge européen, mais je reste sceptique. Car on demande que les quatre clubs en moins (de Coupe d'Europe, reversés en Challenge) viennent uniquement de la Ligue celtique. Moi, je préfèrerais que toutes les Ligues fassent un effort. Mais ce sont des arguments aussi utilisés pour justifier de passer à un tiers français-un tiers anglais-un tiers celtes et italiens (contre 25%-25%-50% environ actuellement, ndlr) dans la répartition financière et dans la gouvernance de l'ERC."
Q: C'est donc d'abord une question d'argent ?
R: "La Ligue française a toujours dit qu'elle souhaitait modifier la répartition financière, sans que cela n'entraîne une diminution des revenus des Celtes. Et les Celtes seraient d'accord pour une augmentation de la part de la méritocratie, notamment au niveau du Challenge, ce qui profiterait aux Français et Anglais. Je pense que tout le monde est prêt à accepter cela, comme le fait d'avancer un peu la finale de Coupe d'Europe pour laisser plus de place au mois de mai pour les championnats domestiques."
Q: Il y a aussi la question du contrat de droits télévisuels signés entre la Ligue anglaise et British Telecom...
R: "Personne ne sait ce qu'il y a dans ce contrat, pas même la Fédération anglaise. On connaît le niveau global (financier) du contrat, qui n'est d'ailleurs pas extraordinaire contrairement à ce qui a été dit, cela reste dans ce que l'ERC a actuellement. Créer une nouvelle compétition serait la seule façon pour la Ligue anglaise de sauver le contrat avec BT. Et les Anglais, qui discutent actuellement avec la LNR, sont en train de persuader les Français qu'il y aurait intérêt à signer le même genre de contrat télé en France, incluant aussi les droits européens. Mais imaginez que les Anglais signent leur contrat, les Français leur contrat, quid des autres pays ? Les Gallois, c'est avec 300.000 euros (de droits télés) qu'ils vont vivre ? C'est très égoïste de faire ça."
Q: En 2007, un conflit similaire avait été résolu le jour de la finale, en mai. Y a-t-il réellement urgence à trouver un accord ?
R: "Oui, à plusieurs niveaux. Pour des problèmes de qualification pour la prochaine saison. C'est toujours gênant de commencer un championnat sans savoir combien de clubs seront qualifiés pour la suite. C'est aussi un problème budgétaire pour les clubs. Cette année, l'ERC a reversé 12,5 millions d'euros à la LNR. Il y a aussi les matches à domicile. S'il n'y a plus ces versements et comme il n'y aura pas de compétition alternative, il faudra combler ce manque à gagner. Les plus gros clubs ont déjà commencé leur recrutement pour l'année prochaine et c'est important pour eux de savoir. Mais moi, ce qui m'inquiète le plus c'est le manque sportif si cette compétition disparaissait. Ce serait très dommageable pour le rugby."
Propos recueillis par Jérémy MAROT
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