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Une ville sans attrait particulier, bastion de l'indépendance et du rugby argentins, un stade dans son jus au charme suranné et sud-américain: bienvenue à Tucuman, où le XV de France effectue une singulière tournée de juin.
Au moins le décor est-il en quelque sorte raccord avec ce groupe bleu appelé pour les deux test-matches face aux Pumas (défaite 19-30 dimanche, deuxième match samedi), assemblé tant bien que mal en l'absence de plusieurs joueurs majeurs, mobilisés par le Top 14, et composé de plus d'un tiers de néophytes.
Dans le nord-ouest de l'Argentine, Tucuman, ville de quelque 530.000 habitants (830.000 avec l'agglomération) à environ 1.300 kilomètres de Buenos Aires et une centaine de kilomètres de la cordillère des Andes, a souffert lors des deux dernières décennies de la crise économique de 2001 et de la chute des cours du sucre, l'une des principales ressources de la région.
Deux cents ans plus tôt, y a été proclamée le 9 juillet 1816 l'indépendance de l'Argentine. D'où, en vue des festivités du bicentenaire, des drapeaux argentins autour de la place de l'Indépendance, bordée de beaux édifices de style Art nouveau.
En dehors de cet hypercentre, où ne sont pas logés les Bleus, l'architecture de Tucuman, au plan en damier, est beaucoup plus incohérente, et ses rues poussiéreuses, cabossées et quasi désertes.
"Autour de notre hôtel, c'est la +misère+", dans le sens où les distractions et attraits touristiques ne sautent pas aux yeux -- ce qui doit très bien convenir à l'encadrement -- a confié un des bizuths après le premier test-match, disputé à l'Estadio monumental José-Fierro.
Une enceinte de quelque 30.000 places, typique de celles d'Amérique du Sud, sans toit (à l'exception de la tribune principale), défraîchie et sans chronomètre, aux tribunes très proches d'une pelouse peu entretenue.
- 'C'est formateur' -
Elle est implantée non loin du centre-ville dans le quartier du "Barrio Norte", déconseillé la nuit tombée par les confrères argentins mais où, dimanche, jour de match, régnait aux abords une ambiance festive et bon enfant. Avec sono crachant -- pendant tout le match -- des tubes remixés à la sauce techno et odeurs appétissantes de "choripan", sandwich à la saucisse, et d'"asado", la viande grillée, le menu classique autour des stades argentins.
Les vestiaires sont eux minuscules, et les conférences de presse et zone mixte se déroulent dans une sorte de hangar.
Si ce stade qui mériterait un bon coup de peinture est la maison des footballeurs du Club Atlético Tucuman, la ville, où sont nés le sélectionneur de l'Argentine Daniel Hourcade et l'ouvreur des Pumas Nicolas Sanchez, vibre aussi pour le rugby. Et en particulier, comme à Toulon, pour le jeu d'avants et la mêlée, traditionnelles forces du jeu argentin.
Cette visite "dans les entrailles du rugby argentin, où il puise ses valeurs", ne peut, d'après l'entraîneur des avants Yannick Bru , que faire du bien aux Français, qui "ont fait un peu la gueule quand on a fait la balade autour de l'hôtel", dont le quartier est "+raide+".
"Quand on est à fond dans le rugby professionnel, où tout est un peu superficiel, quand on n'a connu que les agents, les contrats, les Sofitel, c'est formateur", a développé Bru. C'est toutefois au luxueux Hilton que logent les Bleus pour cette tournée espérée surtout formatrice au plan du jeu.