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Capable des réparties les plus cinglantes, volontiers bagarreur dans sa jeunesse, le nouveau sélectionneur du XV de France Guy Novès sait être intimidant. Une arme dont il joue et qui a un rôle central dans son management.
"Guy peut être intimidant car il se dégage de lui une autorité naturelle, une forme de rigueur", souligne l'un de ses plus proches amis et ancien dirigeant du Stade Toulousain, Claude Hélias.
"Il ne laisse pas indifférent. Ça peut parfois déranger, parfois irriter. Il est entier donc il ne faut pas se rater", plaisante-t-il. Ses ennemis et certains journalistes l'ont appris à leurs dépens...
Petit-fils de réfugiés espagnols, Novès, qui se définit lui-même comme un "mec de la rue", a le sang chaud. "Quand il jouait, c'était le premier à se battre, ça lui est venu de sa jeunesse. C'était un bagarreur. Aujourd'hui, il est beaucoup plus posé et a appris qu'on ne pouvait pas résoudre les problèmes en filant des marrons", poursuit Hélias.
Car ce tempérament parfois volcanique abrite un fin psychologue et un communiquant hors pair qui sait choisir les mots qui feront mouche dans le secret du vestiaire et en dehors. "Il percute très vite, il a de la répartie et est rarement pris au dépourvu. Il joue beaucoup là-dessus", juge Claude Hélias.
Des qualités qui lui ont permis de devenir à la tête du Stade Toulousain l'homme aux dix Boucliers de Brennus et aux quatre Coupes d'Europe. Un palmarès inégalé dans le rugby français.
"C'est sa force. Il n'a pas besoin de beaucoup de temps pour cerner un joueur ou voir la façon dont il fonctionne, ses failles ou comment l'amener à être performant", estime le demi de mêlée ou d'ouverture toulousain Jean-Marc Doussain , rappelé en Bleu pour le Tournoi des six nations par Novès.
Du temps où il était professeur de sport à Pibrac, il avait fait de ses collégiens des champions de France scolaires à plusieurs reprises. Avec la même rage de vaincre que lorsqu'il s'agira d'un Brennus ou d'une Coupe d'Europe.
- Jeu de rôles -
Général amenant ses soldats au combat, Novès aime à filer la métaphore militaire - "Le maillot avec le coq, c?est comme le treillis de l?armée française", confiait-il récemment dans l'Equipe.
Mais plus que vouloir inspirer la "peur", l'ancien grand manitou de la maison rouge et noire se livre en réalité à un "jeu de rôles", analyse l'ancien ailier toulousain Michel Marfaing.
L'ancien protégé de Novès au Stade Toulousain n'oubliera jamais la finale du championnat de France 2001 au Stade de France face à Montferrand où un seul regard de l'entraîneur a changé son match.
"Je fais un mauvais choix en dégageant un ballon au pied dans les 22 adverses et les Montferrandais relancent et marquent. Nos regards se sont croisés, j'ai compris immédiatement que j'avais fait une grosse boulette. Son regard me disait +cet essai c'est pour ta pomme+. Deux phases de jeu plus tard, je marque. J'ai 40 mètres à faire jusqu'à l?en-but, un mec devant, un derrière mais je n'ai pas douté un instant car je devais lui montrer que j'étais capable de me racheter", raconte-t-il.
"Il intimide, je l'ai vécu moi aussi car il est froid, mais c'est volontaire. Les jeunes qui montaient en équipe première me demandaient +mais comment il est ce mec ? Il nous parle même pas !+. Car pour Novès, si un joueur a trop besoin qu'on s'occupe de lui, cela veut dire qu'il n'est pas fait pour ça", poursuit Marfaing. "Mais après l'intimidation, vient le respect. Il finit par se libérer au bout d'un mois ... ou de deux ans", sourit-il.
Car "ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas le pote" des joueurs, abonde Hélias.