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© AFP/Miguel MEDINA
Le sélectionneur Guy Novès durant le test-match contre la Nouvelle-Zélande, le 26 novembre 2016 au Stade de France
Le sélectionneur du XV de France Guy Novès espère que les Bleus "croient en eux" après les tests de novembre satisfaisants "en terme de contenu, de progression", et où il a trouvé "les joueurs correspondant" à son projet, a-t-il dit dimanche à l'AFP après la défaite contre les All Blacks (19-24).
Q: Qu'avez-vous dit à vos joueurs avant une parenthèse de deux mois, jusqu'au Tournoi ?
R: "Ce que tout le monde a ressenti: que j'étais fier de leur comportement, de leur capacité à relever le défi. On avait des choses à se prouver (contre les All Blacks) par rapport au match contre l'Australie, et ils ont répondu au-delà des attentes du staff dans l'engagement, sur les basiques. Puisque les enchaînements de jeu, ça fait quand même plusieurs matches que nous arrivons à les réaliser correctement. Mais il nous manquait un peu cette notion de combat, notamment au sol. J'ai dit aux joueurs qu'ils étaient une génération d'une grande qualité, et qu'en continuant à travailler, à se remettre en question, à rajouter du travail au travail tous les jours, peut-être qu'il y aurait des jours meilleurs dans quelques temps."
Q: Ces tests ont-ils répondu au-delà ou en-deçà de vos attentes ?
R: "En termes de contenu, de progression, oui. En terme de résultat, je regrette que l'arbitre (de France-Australie, 23-25 NDLR) ait accordé un essai qui n'y était pas (le troisième des Wallabies, de Kuridrani), ce qu'il a reconnu. Il a aussi reconnu qu'il aurait dû sanctionner les Australiens pour une mêlée écroulée en fin de match, et ne pas pénaliser Guilhem Guirado au pied de nos poteaux, entraînant dans la foulée un essai australien (le deuxième). C'est dommage. J'espère que les joueurs ont pris conscience de leurs qualités, capacités, de leur progression. Qu'ils croient en eux maintenant. Il était nécessaire de faire ces matches même s'ils ont été perdus, devant deux des trois meilleures nations mondiales. Il était important de voir à quel point on pouvait se rapprocher de ce genre de nations, et c'est le cas sur cette tournée. Mais on était tellement près de ces mecs-là qu'une victoire de plus aurait égayé mon coeur et celui des joueurs."
Q: Plus généralement, quel bilan tirez-vous de votre première année à la tête des Bleus ?
R: "On est arrivé, avec Yannick (Bru, chargé des avants) et +Jeff+ (Dubois, entraîneur des arrières), avec un cahier des charges bien précis. Les joueurs savaient très bien le chemin vers lequel nous allions. Ils ont répondu à merveille, ce projet est maintenant intégré par 98% des joueurs de l'équipe de France. Ca c'est un vrai bilan. Le deuxième c'est cette constante progression et surtout d'avoir trouvé les joueurs correspondant à ce projet. Certains ont réalisé de grandes performances, et quasiment tous sont en constante progression. Après, évidemment, je comprends qu'il nous manque des victoires pour valider auprès du grand public, mais ceux qui ont porté un maillot, un short et des chaussettes se rendent compte à quel point l'équipe de France est en train d'évoluer."
Q: Vous semblez effectivement avoir trouvé une ossature...
R: "Oui, c'est ce que je viens de vous dire. On a trouvé en un an un projet et des joueurs qui le construisent, pour la plupart. Maintenant il faut travailler dans le détail et surtout faire prendre conscience à ces mecs qu'ils peuvent encore progresser. On voit l'écart qui nous sépare des meilleures nations, petit mais aussi peut-être important."
Q: A quel point ?
R: "L'avenir nous le dira. Mais je ne sais pas s'il y a un an on pensait que l'équipe de France pouvait mettre cinquante points aux Samoa (52-8), rivaliser avec l'Australie, et même gagner normalement, et rivaliser avec les Blacks. Je ne suis pas certain. La marche qu'il nous reste à franchir est-elle haute ? Sûrement, mais on va tout faire pour y arriver."
Q: Comme lors de ces tests par rapport à la première partie de saison, votre exigence montera-t-elle d'un cran lors du Tournoi ?
R: "Bien sûr. Il est évident... (il est interrompu et reprend). Il est présomptueux de dire qu'on peut monter d'un cran en terme d'exigence, je crois qu'hier (samedi) l'exigence était à son paroxysme, et on ne peut pas être jeune, insouciant et avoir la maturité d'une équipe d'expérience. L'échec d'hier va servir pour qu'ils (les joueurs) grandissent, abordent les futures compétitions et les derniers dix mètres (avant l'en-but adverse) dans d'autres conditions, et ça s'appelle la maturité. Et on ne peut pas l'avoir immédiatement."
Propos recueillis par Nicolas KIENAST