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© AFP/GIUSEPPE CACACE
Le président de la Fédération française de rugby Bernard Laporte
en conférence de presse, le 6 mai 2017 à Dubaï
Au lendemain de la troisième lourde défaite du XV de France en Afrique du Sud, Bernard Laporte a fixé un ultimatum: le mois de novembre sera "déterminant" pour l'avenir de l'encadrement conduit par Guy Novès.
Petites lunettes ajustées, regard d'acier... Bernard Laporte a lâché l'échéance sur le plateau de Stade 2 dimanche en fin d'après-midi, vingt-quatre heures tout juste après la troisième lourde défaite du XV de France en Afrique du Sud, balayé 35-12 samedi, après deux autres revers 37-14 et 37-15 lors des deux premiers tests-matches.
"Novembre sera déterminant, a lancé le président de la FFR. On ne peut plus voir une équipe de France qui ne gagne pas, ce n'est pas possible. Donc automatiquement, tôt ou tard, il faudra faire quelque chose".
Quelque chose ? Ecarter l'encadrement en cas de nouvelles déroutes, ce qui constituerait une première dans l'histoire du rugby français ? Et ce alors que 45 joueurs figurant dans une "liste élite" bénéficieront de conditions privilégiées en 2017-2018 (10 semaines sans matches à l'intersaison, mise à disposition du XV de France accrue, notamment avant les tests-matches de... novembre).
"Des changements cela ne veut pas dire évincer des gens. Cela veut dire peut-être restructurer, changer", a (légèrement) tempéré Bernard Laporte , qui a fixé un objectif: "Pour moi une tournée de novembre réussie, c'est gagner trois matches sur quatre. On joue deux fois les All Blacks (11 et 15 novembre), on joue l'Afrique du Sud (18 novembre) et on joue le Japon (25 novembre). C'est gagner trois matches sur quatre; si on n'a pas cette ambition, alors il ne faut pas venir en équipe de France. C'est clair."
- Deuxième intrusion -
Bernard Laporte , élu en décembre 2016, met donc directement la pression sur Guy Novès et ses adjoints ( Yannick Bru et Jean-Frédéric Dubois), choisis par Pierre Camou, son prédécesseur à la tête de la FFR, après le fiasco du Mondial-2015 (humiliation en quart de finale face aux All Blacks 62-13).
A sa prise de fonction, lors du Tournoi 2016, Guy Novès avait notamment promis un changement de style de jeu du XV de France, davantage porté vers le grand large.
Mais comme ses prédécesseurs (Marc Lièvremont 2008-20011, Philippe Saint-André 2012-2015 mais aussi Bernard Laporte lui-même 2000-2007), Novès s'est retrouvé confronté aux maux qui rongent le rugby français et notamment à la présence massive de joueurs étrangers en Top 14.
Au point que, après dix-huit mois en poste, Guy Novès présente un taux de victoires le plus faible de l'histoire du XV de France (38%, 7 en 18 matches).
Le sélectionneur avait déjà subi une première intrusion de Bernard Laporte dans la domaine sportif au lendemain du premier test-match perdu face aux Springboks.
- 'Des choses qui m'interpellent' -
Le président de la FFR avait fustigé le manque d'implication de certains joueurs. Il avait pris l'avion pour l'Afrique du Sud afin de s'adresser aux joueurs juste avant le deuxième match, le 18 juin à Durban, s'attirant une remarque cinglante de Guy Novès: "ce n'est pas un simple discours qui transforme un individu".
En attendant l'automne, Bernard Laporte a indiqué qu'il souhaitait s'entretenir rapidement avec l'encadrement du XV de France.
"Je discuterai avec le staff à leur retour, tranquillement, a-t-il dit. On va se revoir et on fera un bilan ensemble, avec beaucoup de sang froid et je voudrais effectivement qu'ils prennent leurs responsabilités".
"Je suis un ancien sélectionneur, a poursuivi le président de la FFR. Il y a un an, j'avais encore un survêtement (ndlr: comme entraîneur de Toulon). Il y a des choix qu'ils font que moi je n'aurais pas faits. Je veux qu'on en discute. Encore une fois je ne veux surtout pas interférer. Mais la chance d'un staff d'avoir un président qui connait le rugby et qui est un ancien sélectionneur, il faut que ce soit une valeur ajoutée. Je veux discuter avec eux et surtout pas interférer dans leurs choix mais il y a des choses qui m'interpellent".