Happy Birthday : |
Au sortir d'un match perdu (29-18) et raté en Ecosse, le XV de France voit se projeter l'ombre inquiétante de l'Angleterre, surmotivée par la perspective d'un Grand Chelem raflé samedi prochain au Stade de France en clôture du Tournoi.
+ LE JEU DES 1000 ERREURS
Au-delà de l'amas d'erreurs commises à Murrayfield, le XV de France s'interroge sur ses causes, sans trouver de réponse précise. "Si c'est une forme de trop grosse fébrilité, j'en suis le premier responsable", a avancé le sélectionneur Guy Novès, interloqué autant qu'agacé par le nombre faramineux d'en-avants, de pénalités, de mauvais placements et décisions.
L'indiscipline dans certains moments-clés a particulièrement outré Novès qui a cité spontanément le coup d'envoi de la seconde période frappé par les Français. "On revient à six points avant la mi-temps (18-12, ndlr). A la pause, on met les joueurs en garde, en insistant sur l'obligation d'être patient, notamment quand on met l'adversaire en difficulté. Et immédiatement on fait une faute (...) pour laquelle on ne peut pas être tolérant", a-t-il grincé, sans nommer directement le pilier gauche Jefferson Poirot, pénalisé au sol.
Pour l'instant, la jeunesse du groupe fait office d'excuse officielle pour les bévues des Bleus et même si l'état de grâce des deux premières victoires contre l'Italie et l'Irlande s'est envolé, une certaine indulgence domine. Mais, sévère dans son constat dimanche soir, Novès laissait présager une mise au point salée en ouverture d'une semaine raccourcie.
+ LA STRATEGIE EN QUESTION
Si Novès rabâche qu'il ne fera pas des miracles en quelques semaines d'exercice, il a toutefois, avec ses adjoints Yannick Bru et Jean-Frédéric Dubois, modifié en profondeur le jeu des Bleus, en insistant sur un rugby de mouvement. Dimanche, les Bleus ont encore tenté beaucoup de passes après-contact dans la défense (14 contre 5 pour les Ecossais) et ont montré sur de rares séquences de conservation qu'ils pouvaient créer des déséquilibres. "Dès qu'on peut enchaîner les mouvements qu'on travaille à l'entraînement, ça le fait, on arrive à avancer", confirme le centre Maxime Mermoz .
Mais ce style requiert une maîtrise parfaite des systèmes et de la circulation, ce qui demande du temps et une parfaite condition physique, deux paramètres qui pèchent parfois chez les Bleus. "Cette première expérience du Tournoi, ça nous permet de voir qu'il faut apprendre plus vite", relève ainsi Dubois. "Tu rencontres des nations qui se replacent, se déplacent plus vite. Quand on aura acquis ça, on pourra espérer autre chose."
Novès s'est tourné vers un rugby plus ambitieux et dynamique, après des années de jeu restrictif. Mais contre une équipe d'Ecosse elle-aussi joueuse et qui commence à réciter parfaitement son rugby, il a encore manqué de la puissance pour s'inscrire dans l'avancée. Et face à l'Angleterre qui a la chance de posséder quelques concasseurs, cela pardonnera encore moins.
+ SIX JOURS D'URGENCE
Après des débuts encourageants, le Tournoi-2016 risque donc de s'inscrire dans la lignée des précédents pour les Français, qui n'ont pas fait mieux que 4es sous l'ère Saint-André et n'ont plus gagné depuis 2010. Un succès contre l'Angleterre du nouveau sélectionneur Eddie Jones , jusque-là auteur d'un sans-faute, permettrait toutefois de terminer sur une note encourageante et même de viser la 3e place.
Cependant, les Bleus vont devoir naviguer sur la corde raide. "On va quand même axer beaucoup sur la récupération, sachant qu'on a un jour de moins que les Anglais (qui ont joué samedi, ndlr)", indique Dubois. "On va essayer de jouer sur la fraîcheur tout en essayant de régler les secteurs qui n'ont pas été bons. Ca fait beaucoup mais on ira à l'essentiel."
Certains joueurs seront confrontés à leurs responsabilités ou seront écartés pour raisons stratégiques. Le pilier Xavier Chiocci, le deuxième ligne Sébastien Vahaamahina, le troisième ligne Bernard Le Roux, peut-être même le centre Rémi Lamerat pourraient avoir une carte à jouer. Mais il faudra aussi limiter les expérimentations car en face, "l'Angleterre a vite appris", glisse Dubois.
Novès attendra en tout cas un esprit revanchard de ses troupes. Et un autre élément de motivation entrera en ligne de compte selon Dubois: "éviter que l'Angleterre fassse le Grand Chelem".