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© AFP/VALERY HACHE
Le groupe français, le 21 février 2017 à Nice lors de sa préparation pour la rencontre du Tournoi des six nations en Irlande
Le match qui agite le rugby français autour des contrats fédéraux des joueurs du XV de France s'est durci mardi avec le non ferme de la Ligue et de 12 des 14 clubs de l'élite au projet, que la Fédération a réaffirmé plus tôt vouloir instaurer.
. Laporte persiste
Elu le 3 décembre à la tête de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte cherche depuis à mettre en place une des mesures phares de son programme de campagne: les contrats fédéraux.
L'ancien sélectionneur (1999-2007) souhaite que, d'ici trois ans, une quarantaine d'internationaux soient, pendant six mois au total sur une saison, à disposition de la Fédération, contre environ quatre mois et demi actuellement.
En échange, la FFR rembourserait aux clubs concernés le salaire journalier desdits joueurs par jour de mise à disposition auprès du XV de France, au prorata de leur montant, a précisé mardi Serge Simon, vice-président de la FFR chargé des équipes de France, réaffirmant la volonté du duo de mener à bien ce projet.
Les internationaux garderaient un seul contrat, celui signé avec leur club, mais auraient deux employeurs, a-t-il ajouté.
Pour contourner l'opposition de la Ligue nationale de rugby (LNR), Simon a souligné que la FFR n'avait "pas besoin de l'accord de la Ligue, mais des clubs" de Top 14. Une stratégie annoncée par Laporte le 26 février et qui a provoqué une réaction de méfiance chez les concernés.
. Pour les clubs, c'est non...
La réponse de ces derniers est tombée quelques heures plus tard, à quelques kilomètres de Marcoussis où Simon avait convié la presse. Et elle fut cinglante.
Réunis dans un hôtel d'Orly pour évoquer le sujet, 12 des 14 clubs du Top 14 et le président de la Ligue Paul Goze ont réaffirmé "leur totale opposition au principe de ces contrats dits fédéraux".
"Unis par la même vision", ils ont aussi montré leur solidarité autour de Goze: pas question de négociations au cas par cas avec Laporte.
"Ce projet qui repose sur un statut juridique inapplicable n'est en rien nécessaire à la recherche de l'optimisation des conditions de préparation de l'équipe de France. Il est de plus en complète contradiction avec les accords en vigueur et désorganiserait le rugby professionnel français", ont déclaré les signataires, rappelant que la convention liant les deux institutions du rugby français était le seule cadre de discussion possible.
Les 13 signataires ont laissé la porte ouverte au "dialogue" avec la FFR après la fin du Tournoi des six nations, afin de laisser les joueurs du XV de France "se concentrer avec sérénité sur leurs deux derniers matches".
Un autre tacle en direction de Laporte, qui avait créé la surprise en annonçant le 26 février, au lendemain d'une morose défaite en Irlande (19-9), avoir fait signer aux internationaux français "un engagement qui dit clairement qu'ils sont pour notre projet, pour faire en sorte qu'il y ait des contrats fédéraux".
. ...sauf pour Toulon
Seuls Mourad Boudjellal, qui compte actuellement cinq internationaux (Ollivon, Chiocci, Bastareaud, Guirado, Trinh-Duc), et Francis Salagoïty (Bayonne), actuel dernier du Top 14 et qui n'en compte aucun, n'ont pas fait le déplacement en Ile-de-France, où ils n'étaient pas invités après avoir commencé à prendre leurs distances. Ils n'ont donc pas signé le document.
Le président toulonnais avait indiqué lundi 27 janvier, au lendemain du passage en force de Laporte, avoir donné son accord à son ex-entraîneur (2011-2016).
"Il n'y a pas de problème à permettre à la fédération de récupérer les joueurs six mois dans l'année", avait dit le président du RCT, dénonçant "un combat de coqs" entre la Ligue et la Fédération.
Mourad Boudjellal, connu comme Laporte pour son côté franc-tireur, s'était porté à l'automne candidat à la présidence de la Ligue, sans succès. Goze, sans autre rival, avait été facilement réélu pour un second mandat.