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Parfois grandiloquent, lexique patriotique à l'appui, le nouveau sélectionneur du XV de France Guy Novès a envoyé mardi aux joueurs et à l'encadrement un message d'autorité fondée sur des principes de rectitude morale.
Il le martèle depuis trois mois et, lors de l'annonce de son groupe pour le Tournoi mardi, il n'a pas dérogé à la règle: les joueurs du XV de France sont des "élus", investis de la "mission" de "représenter le peuple France", dans le but de "rendre les gens un peu heureux".
Debout derrière un pupitre, quelques feuilles posées devant lui pour répondre au feu roulant des questions 50 minutes durant, tour à tour pédagogue, ferme, acide ou drôle, Novès a fixé les lignes directrices de son mandat.
Au passage, trois mois après le fiasco de la Coupe du Monde, l'entraîneur de 61 ans a décliné à l'envi la thématique du maillot sacralisé, devant le président de la Fédération française de rugby Pierre Camou et un parterre de supporters.
- 'Comportement irréprochable' -
Et il s'appliquera en premier lieu ses exigences, lui qui essaye "d'avoir un comportement irréprochable" dans son métier.
"On ne peut pas demander beaucoup si on ne donne pas soi-même le meilleur", relève-t-il. "J'essaye d'avoir dans mon attitude beaucoup d'exigence et peut-être qu'avec ce comportement, de par l'image que je renvoie, les joueurs se disent qu'il faut avoir la même attitude."
"J'ai pris conscience de la différence importante qui existe entre le fait de représenter une région et un pays", développe l'ancien cornac du Stade Toulousain.
"Le palier se franchira grâce à un travail d'équipe. Pour donner aux jeunes l'envie de franchir ce cap, je pense qu'il faut donner l'exemple", poursuit-il. "Je veux aussi montrer que je suis capable de passer la vitesse supérieure avec eux, de manière à les aider de toutes mes forces pour qu'ils prennent confiance en eux et exploitent leur talent."
Que certains joueurs confessent à voix basse craindre son autorité naturelle, cela le "désole" car "on ne peut pas exprimer un potentiel si on craint": "Quand on me connaît un petit peu mieux, il y a une vraie complicité avec le staff et les joueurs", assure Novès, "et s'il reste le respect, la crainte disparaît".
- 'J'ai la couenne dure' -
Mais gare à qui déviera de la ligne fixée! L'international devra d'abord se concentrer sur sa tâche et oublier un peu la part de lumière offerte par les médias, dont les accès ont été annoncés comme restreints ces prochaines semaines.
Les journalistes doivent en effet comprendre que les joueurs "sont là pour jouer au rugby" et représentent une "nation". "Leur rendre meilleur service est de leur permettre d'évoluer dans leur travail dans les meilleures conditions". Sous-entendu, dans une certaine quiétude.
"Les joueurs ne doivent plus être des représentants commerciaux du rugby mais des joueurs de rugby" tout court, insiste Novès. En retour, celui-ci sortira le parapluie pour les protéger. Et il prévient qu'il est armé.
"Yannick (Bru, l'entraîneur des avants) m'avait averti sur le milieu, la façon dont certains vont procéder", glisse-t-il à l'adresse de ses futurs détracteurs. "Si à l'heure actuelle il y a un certain consensus autour de moi, j'en suis ravi. J'en profite tant qu'on n'a pas joué (rires). Mais je sais que les jours à venir vont être plus durs, j'y suis préparé et j'ai la couenne dure."