Happy Birthday : |
Entraîneur qui murmure à l'oreille de ses joueurs, le nouveau sélectionneur du XV de France Guy Novès excelle dans l'art de transcender ses troupes pour en faire des machines à gagner.
Patron du Stade Toulousain pendant plus de vingt ans, Novès y a bâti le plus grand palmarès du rugby français. Et au-delà de sa philosophie de jeu et des grands joueurs sur lesquels il s'est appuyé, les dix titres de champion de France et les quatre Coupes d'Europe conquis par les Rouge et Noir sous son autorité doivent beaucoup à sa capacité à sonder l'âme de ses joueurs.
Piquer, remonter, cajoler, trouver le bon mot, Novès a dès son arrivée sur le banc accordé une importance primordiale à la psychologie de ses joueurs pour en tirer le meilleur.
"Claude Labatut, qui m'a entraîné pendant quatre ans au Stade Toulousain, m'a appris l'importance de l'approche humaine, au-delà de la technique et de la compétition. Ma façon humaine de fonctionner auprès de mes joueurs et de mon staff, c'est le moteur de la vie tout simplement", confiait-il à l'AFP au moment de sa prise de fonctions cet automne.
"Pour tirer le meilleur des joueurs et surtout leur permettre d'exprimer le meilleur d'eux-mêmes, je pense qu'il faut leur donner beaucoup. Ils savaient tous que quelle que soit l'heure de la journée et de la nuit, ils pouvaient compter sur moi", ajoutait-il.
Du coup, pas besoin de préparateur mental. A Toulouse, cela a toujours été le domaine réservé de Novès. "Il n'en a jamais voulu, c'était vraiment son truc. Sa finesse psychologique est innée, il se trompe rarement", raconte l'ancien dirigeant toulousain, Claude Hélias.
- 'Chaque joueur avait son jour de prise de tête' -
Novès aux manettes, rien n'était laissé au hasard dans la préparation mentale.
"Guy considère que chaque joueur à son mode de mise en route. Du coup, il appuie sur le bouton pour certains le lundi, pour d'autres le mercredi ou le vendredi", se souvient Philippe Rougé-Thomas, son ancien partenaire sur le terrain et sur le banc.
"Chaque joueur avait son jour de brassage et de prise de tête", sourit-il. Une approche qui doit beaucoup à son passé "d'athlète et à sa formation de prof de gym", selon l'ancien ouvreur.
A chacun son jour mais aussi à chacun sa méthode. "Novès est capable d'analyser les trente joueurs d'un groupe pour savoir qui il faut piquer, qui il faut secouer en le mettant hors du groupe, à qui il ne faut rien dire et avec qui il faut être gentil", raconte Michel Marfaing, ancien ailier toulousain.
"Moi il me piquait beaucoup en venant me voir durant la semaine pour me parler du joueur que j'aurais en face. Mais j'avais besoin de ça. Avec un mot, un regard, il pouvait te faire monter aux arbres", assure-t-il.
Recordman de sélections en équipe de France, Fabien Pelous , qui est devenu directeur sportif du Stade Toulousain depuis le départ de Novès, a gardé en particulier en mémoire le discours du manager lors de son dernier match de championnat, la demi-finale perdue en 2009 face à Clermont.
"Je savais exactement ce qu'il allait dire, sur quel levier il allait appuyer car je l'avais quand même pratiqué pendant douze ans. Et malgré tout, je suis ressorti du briefing comme si j'avais 20 ans et que c'était le premier match de ma carrière", confie-t-il.
"Il a ça en lui, cette faculté à rentrer directement en contact avec l'esprit des gens tout simplement. C'est sa principale qualité", juge l'ancien deuxième ligne.