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D'un naturel assez réservé, Guilhem Guirado s'est progressivement imposé sans faire de bruit à Perpignan puis Toulon et au sein du XV de France, dont il a été nommé capitaine avant le Tournoi des six nations qui commence samedi (15h25) contre l'Italie.
Il y a finalement une forme de continuité: Thierry Dusautoir retraité international à l'issue de la Coupe du Monde, c'est un autre joueur plutôt discret, capitaine par l'exemple plus que par les mots, qui a été choisi pour guider les Bleus sur le terrain.
Guirado (29 ans, 38 sél.) l'a toujours été. David Planas, l'un de ses éducateurs à l'Entente Vallespir Rugby, club d'Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales) où il a commencé le rugby, se souvient du Guirado millésime 1999-2000: "Cette saison-là, Guilhem, qui était +minime+, évoluait surclassé en cadets. Il était très discret et renfermé dans la vie de tous les jours, mais déjà un meneur, un leader dans le jeu. Les autres le suivaient."
"Il était déjà au-dessus du lot, un vrai leader de combat, explosif, déterminé, solide au combat (...) Il était irréprochable dans son comportement, son investissement, sur et en dehors du terrain. Il passait devant et tout le monde suivait", ajoute l'éducateur, rappelant qu'en cette saison 1999-2000 Guirado a croisé un certain... Florian Fritz en finale d'un championnat de France cadets, remportée par l'actuel Toulousain avec le RC Ordon (Yonne).
- 'Sur la pointe des pieds' -
C'est également en toute discrétion que Guirado, quelques années plus tard, descend le Tech direction Perpignan et le club phare de la Catalogne, l'Usap, en provenance d'Arles-sur-Tech, village de quelque 2.800 habitants connu pour ses fêtes de l'ours et la fabrication de "rousquilles" (un biscuit).
"Il est arrivé sur la pointe des pieds mais avec déjà une très grosse envie et beaucoup d'investissement, ce qu'on apprécie chez les jeunes", rappelle auprès de l'AFP Olivier Olibeau , alors deuxième ligne d'une équipe perpignanaise composée de nombreux joueurs d'expérience.
"Il avait la tête sur les épaules", se souvient l'ancien joueur. "Il référait les actes plutôt que les paroles, +s'envoyer+ et discuter après." Du moins sur le terrain: car en dehors, Olibeau décrit finalement un Guirado "plus ouvert": Quand je le vois à la télé dans certaines interviews, ça me fait doucement rire: il fait si sérieux et réservé..."
Très proche à l'Usap d'un autre Catalan pur-jus et plutôt taiseux comme lui, le capitaine Nicolas Mas , Guirado, remplaçant lors de la finale victorieuse du Championnat de France 2009, s'imposera progressivement à Perpignan au point d'en devenir le capitaine lors de la saison 2013-2014.
- 2013-2014, le tournant -
Cette prise de galon l'a obligé à forcer son caractère et "à mettre (son) naturel discret un peu derrière (lui)", comme il le soulignait lors de la Tournée du XV de France en Australie en juin 2014.
Et a marqué le début de sa mue en Bleu: sur la lancée de sa saison comme capitaine de Perpignan, Guirado, champion du monde des moins de 21 ans en 2006, s'impose définitivement lors de ce voyage "Down Under".
Alors qu'il avait dû attendre trois ans et demi entre sa première et sa deuxième titularisation (novembre 2010-juin 2014), successivement barré par William Servat , Dimitri Szarzewski et Benjamin Kayser , il a ainsi depuis juin 2014 été titulaire à 13 reprises en 15 feuilles de match!
"Lui, de ne pas avoir de concurrence, ça la complètement fait exploser dans une tournée (de juin 2014) pourtant compliquée (au plan collectif). Il avait été d'une efficacité incroyable", explique Philippe Saint-André, alors sélectionneur du XV de France.
Dernière étape de cette métamorphose, son départ de son cocon catalan à l'été 2014 pour Toulon où, confronté à une concurrence sévère mais finalement domptée, il a encore franchi un cap. Encore une fois sans faire trop bruit.