Happy Birthday : |
© AFP/MIGUEL MEDINA
Le flanker Kévin Gourdon avec le XV de France contre les Samoa, lors d'un test-match disputé au Stadium de Toulouse, le 12 novembre 2016
Un profil et un parcours atypiques. Kévin Gourdon et Julien Le Devedec ont dû quitter leur nid avant de faire leur trou avec le XV de France, où ils compensent par leur science du jeu et leur technique des gabarits peu en accord avec les canons du rugby international.
25 juin 2006, Clermont-Ferrand. Au côté de Guilhem Guirado , Maxime Mermoz , Damien Chouly ou encore Maxime Médard, Le Devedec soulève la Coupe du Monde avec l'équipe de France des moins de 21 ans.
Mais lui n'a pas connu l'ascension linéaire de ses coéquipiers d'alors retrouvés sous le maillot bleu, seulement revêtu à 30 ans, en Argentine en juin, après être passé par la Pro D2.
En raison, en partie, de deux grosses blessures au genou droit, qui l'obligent à quitter le Stade Toulousain en 2010, en fin de contrat, après seulement 17 matches joués de 2006 à 2010.
La malchance a joué, mais le deuxième ligne (3 sél.) reconnaît aussi ne pas avoir fait tous les efforts nécessaires: "Je n'ai peut-être pas fait correctement les choses. Je reviens de blessure, mon genou me fait un peu mal, j'essaie un peu de m'économiser.. Après c'est un peu un cercle vicieux."
Direction Brive, en Top 14 puis en Pro D2, puis Bordeaux-Bègles à l'été 2014, où il jouera cette fois très régulièrement pour taper l'oeil de l'encadrement du XV de France qui l'appellera pour la tournée en Argentine en juin.
- 'Bien comme je suis' -
Gourdon (3 sél.) a eu un parcours différent. Lui n'était pas dans les radars nationaux étant jeune, et n'a pas eu non plus sa chance chez les professionnels dans son club formateur, Clermont.
Mais il a aussi pris la direction d'un club moins huppé, La Rochelle, et connu les rugueuses joutes de la Pro D2, pour finalement séduire Guy Novès et ses adjoints, qui l'ont appelé pour le Tournoi-2016, sans cependant jamais lui donner sa chance. Il l'aura, comme Le Devedec, quelques mois plus tard en Argentine, à 26 ans.
Tous deux l'ont saisie à pleine main, profitant de l'absence de plusieurs joueurs majeurs pour ne plus lâcher, pour le moment, le maillot frappé du Coq.
© AFP/FRANCK FIFE
Julien Le Devedec à l'entraînement du XV de France, le 27 septembre 2016 au centre de Marcoussis
Des doutes escortaient cependant leur capacité à faire la maille, en raison de gabarits n'entrant pas dans les canons du rugby international: 1,90 m pour 106 kg pour Gourdon, qui reconnaît ne pas avoir "un gabarit ultra-physique" pour un troisième ligne.
Quel type de troisième ligne d'ailleurs ? Lui-même ne sait "pas trop se situer": "pas vraiment plaqueur-gratteur, ni spécialement aérien. Un peu plus coureur peut-être. Mais je suis bien comme je suis. Ce n?est pas grave si je n?ai pas vraiment une étiquette collée sur moi."
- 'Pas invité' -
Le Devedec ne pèse lui "que" 114 kg (pour 1,99 m). Il reconnaît d'ailleurs ne pas être fan de musculation, et l'entraîneur des avants tricolores Yannick Bru disait de lui en Argentine que, "si on se base sur de purs critères physiques, il n'a aucune chance pour l?international. Il n?est pas invité".
Mais le jeu a changé ces dernières années, et avec lui celui du XV de France, désormais davantage tourné vers le mouvement que vers la destruction.
Dans cette optique, Gourdon "est un maillon essentiel dans la continuité du jeu", ce fameux troisième ligne de rupture assurant le lien avants et arrières, grâce à des qualités de déplacement et d'évitement, une intelligence et une technique peut-être en partie héritée de son passé de numéro 8.
Comme Le Devedec, d'ailleurs, qui se souvient "avoir joué une demi-finale de Pro D2" à ce poste (avec Brive en 2013). Le Briviste aussi donne du liant aux Bleus, par ses passes après-contact, réalisées à bon escient: "Il lâche un ballon en offload quand le jeu le réclame, pas seulement parce qu?il en a la possibilité", soulignait Bru.
Le technicien en a fait également un élément clé de l'alignement. "Pour un entraîneur, le disque dur tourne vite quant à la stratégie en touche, admirait-il. Là, il n?y a rien à jeter."