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© AFP/FRANCK FIFE
Le 3e ligne du XV de France Kevin Gourdon, le 2 février 2017 à Marcoussis
Il franchit les haies successives en toute décontraction: révélé sur le tard, l'atypique troisième ligne Kevin Gourdon s'est tranquillement imposé à 27 ans et en seulement six sélections comme un élément-clé du XV de France, opposé à l'Ecosse dimanche dans le Tournoi des six nations.
Le révélateur Top 14? Passé avec succès. Le niveau international? Idem. Les test-matches face aux meilleures nations mondiales? Toujours pareil... Révélation de la tournée de juin 2016 des Bleus en Argentine, deux ans seulement après ses débuts dans l'élite, Gourdon a confirmé en novembre face à l'Australie puis la Nouvelle-Zélande et de nouveau en Angleterre samedi (16-19) en ouverture du Tournoi.
A Twickenham, il a encore livré une prestation majuscule: meilleur plaqueur français (12 plaquages) et omniprésent en attaque, avec deux franchissements, deux défenseurs battus et deux passes après-contact, dont celle décisive pour servir Rabah Slimani sur l'essai français (60e).
Un bilan plus que probant pour un "Crunch", son tout premier, en ouverture d'un Tournoi également initiatique, qu'il avait déclaré aborder avec "excitation" mais sans "pression particulière".
Comme n'importe quel match. "Que je joue les All Blacks ou Saint-Jean-d'Angély (Charente-Maritime) en Fédérale 2 (Fédérale 1 cette saison, NDLR), je me prépare de la même manière", avait-il ainsi expliqué la semaine dernière à la presse après avoir estimé que le rugby, peu importe le niveau, consistait toujours à jouer "sur un grand rectangle vert avec des copains".
Un discours atypique, comme son gabarit pour un troisième ligne au niveau international (1,90 m pour 106 kg), compensé par une science du placement, de l'évitement et une technique hors pair.
- 'Personnalité différente' -
Ces qualités ont poussé son manager à La Rochelle Patrice Collazo a le positionner au poste de centre pour dépanner une fois cette saison et l'ont propulsé comme le fameux troisième ligne de rupture, lien entre avants et arrières, tant recherché par le XV de France ces dernières années.
A la manière d'un Olivier Magne (89 sél. de 1997 à 2007), enthousiaste sur Twitter, contre les All Blacks en novembre, que les Bleus aient trouvé "enfin un troisième ligne!"
Son parcours aussi est singulier. Petit, il ne jouait pas au rugby "en club mais avec (ses) amis d'enfance, comme ça", et n'avait "pas les posters de rugby dans (sa) chambre".
Jeune adulte recalé de l'équipe première de Clermont, il est parti en 2012 faire ses armes à La Rochelle, d'abord en Pro D2 avec un contrat Espoirs, avant d'accompagner l'ascension des Maritimes, où il a récemment prolongé jusqu'en 2020.
Sous les ordres de Collazo, l'un des architectes de sa progression en le forçant à se débarrasser de son dilettantisme à l'entraînement.
"Kevin est un joueur qu'il faut gérer différemment parce qu'il a une personnalité différente. Il a besoin de se préparer tout seul. Mais, si le jour du match, c'est un énorme compétiteur, il avait besoin de progresser au quotidien", expliquait ainsi en décembre le manager de La Rochelle.
"Il a su modifier son quotidien et franchir les paliers qui l'amènent à jouer à ce niveau-là. Kevin en a pris la mesure très rapidement et a basculé totalement. Il ne le doit qu'à lui, à son sérieux. On lui dit une fois les choses, il les comprend sans qu?on lui répète 50 fois", ajoutait Collazo.
Lequel n'a pas hésité à envoyer Gourdon jouer avec les Espoirs rochelais après sa performance contre les All Blacks pour "recadrer son jeu". On parierait qu'il a abordé les deux matches avec la même nonchalance.